Avant d’octroyer un prêt professionnel, un établissement bancaire s’intéresse tant aux performances passées et aux perspectives du réseau, qu’au plan de financement et aux motivations du franchisé.
Pour concrétiser la reprise d’une franchise, la banque reste le passage obligé pour la majorité des porteurs de projet. Si le soutien d’une enseigne reconnue apparaît clairement comme un modèle privilégié pour obtenir des financements bancaires, la démarche est loin d’être gagnée d’avance comme l’explique pour L’Express Franchise Fabienne Scotto di Mase, directrice adjointe du marché des Professionnels Banque Populaire.
S’informer sur l’état du marché et du réseau avant de reprendre une franchise
L’opération de reprise commence par un audit du réseau, l’analyse du document d’informations précontractuel, qui contient une kyrielle de données relatives au franchiseur, aux investissements réalisés, la présentation de l’état général et local du marché et les perspectives de développement pour l’entreprise. « Lorsque nous référençons des franchiseurs, nous menons un audit complet pour obtenir l’ensemble des données liées à l’état de santé du réseau, du secteur d’activité, connaître leur stratégie de développement, la transmission du savoir-faire et l’accompagnement des points de vente », explique Fabienne Scotto di Mase.
Analyser la viabilité du business plan et du prévisionnel
Le banquier va ensuite analyser le projet entrepreneurial, le business plan et le prévisionnel de la franchise qui va être reprise. Les établissements bancaires prennent également en compte l’avis de la tête de réseau, qui doit délivrer une clause d’agrément et donner son accord avant l’opération de reprise et de cession. « Nous avons pour un candidat à la franchise les mêmes exigences que pour un entrepreneur isolé concernant le business plan et le prévisionnel. Nous regardons toutefois différemment son parcours professionnel. Par exemple, nous prenons en compte qu’un franchisé quel que soit son secteur d’activité bénéficie, à la différence d’un indépendant, d’un accompagnement et d’un plan de formation, qui dure parfois plusieurs mois », détaille Fabienne Scotto di Mase.
Autre critère d’évaluation : l’investissement financier du candidat dans le projet et son apport personnel. Une marque d’engagement qui prouve la capacité de l’entrepreneur à financer une partie des stocks et des besoins en fonds de roulement de la société. Pour compléter leurs fonds propres, les franchisés peuvent recourir à d’autres formes de financements comme les prêts d’honneur ou régionaux. « Les prêts d’honneurs délivrés par exemple par Initiative France sont considérés comme de l’apport », concède Fabienne Scotto di Mase.
Tester les motivations et l’expérience du repreneur
Un établissement bancaire va aussi et surtout challenger et questionner le candidat à la franchise. Lors de cet entretien, sont ainsi évaluées ses motivations. « Nous allons chercher à comprendre l’histoire du repreneur, pourquoi ce projet, cette enseigne et cet emplacement ».
Le principal sujet d’une reprise d’entreprise réside dans le facteur humain et la capacité à fédérer une équipe. La raison est simple : dans une situation complexe, le chef d’entreprise qui croit en son projet sera nettement plus en capacité de gérer la situation tout en gardant le cap et ainsi conserver sa posture de manager, notamment pour rassurer ses équipes. Une expérience en management est donc un plus. « Les profils recherchés par certaines têtes de réseau sont des cadres supérieurs en reconversion qui ont déjà managé des équipes et des points de vente », reconnaît Fabienne Scotto di Mase.
Le franchisé doit montrer qu’il dispose de toutes les informations nécessaires sur le réseau, que la prise de contact avec le cédant a été anticipée et que le dossier a été ficelé avec un courtier et un expert-comptable en amont de la demande de financement. « Nous conseillons au franchisé de ne pas venir au rendez-vous avec un franchiseur pour qu’il affirme sa posture d’entrepreneur. L’expert-comptable est toutefois le bienvenu. Il est par ailleurs important que le cédant prépare toute la documentation financière nécessaire pour le repreneur. Tout cela ne s’improvise pas ».
De même, la gestion des comptes d’un dirigeant reste scrutée par les partenaires bancaires sollicités. « Cela fait partie de notre métier. Il faut s’assurer qu’il n’y ait pas eu de problèmes de fonctionnement de compte. Certains investisseurs choisissent la franchise, selon une logique d’acquisition patrimoniale, multi-franchisés ou multi –enseignes », ajoute Fabienne Scotto di Mase. Il est d’autant plus important de s’intéresser à son histoire d’entrepreneur, ses motivations et sa capacité à manager.
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Reprise/cession de franchise, le regard des banquiers.
S’informer sur l’état du marché et du réseau : Avant de reprendre une franchise, les banquiers recommandent de réaliser un audit approfondi du réseau et d’analyser le document d’informations précontractuel pour évaluer l’état de santé du réseau, la stratégie de développement, et l’accompagnement du franchiseur.
Analyser la viabilité du business plan : Le banquier examine le business plan et le prévisionnel de l’opération de reprise, en tenant compte de l’avis de la tête de réseau. L’apport personnel du repreneur et l’implication financière sont également des critères clés.
Tester les motivations et l’expérience : Les banquiers s’intéressent aux motivations du candidat à la reprise, en cherchant à comprendre son parcours, ses raisons de choisir cette enseigne et cet emplacement, ainsi que son expérience en management d’équipe.
Préparer un dossier solide : Un dossier bien préparé, comprenant une prise de contact avec le cédant, l’aide d’un courtier et d’un expert-comptable, est crucial pour convaincre les banquiers de la viabilité du projet.
Surveiller la gestion financière du dirigeant : Les banques examinent attentivement l’historique financier du repreneur, notamment la gestion de ses comptes, pour s’assurer qu’il n’y a pas de problèmes passés qui pourraient nuire à la solidité de son projet.