On a coutume de dire que le développement d’une marque en franchise nécessite d’avoir éprouvé le concept en succursales pendant minimum trois ans avant de le dupliquer sur le territoire. Voilà pour la théorie. En pratique, tous les réseaux ne sont pas unanimes sur le sujet. Points de vue.
Contre : « Ces trois années nous ont été nécessaires pour éprouver notre concept »
Maxence Lapalu, fondateur et dirigeant de Qantis Mobilité, courtier en leasing pour professionnels et gestionnaire de flottes automobiles.
« Nous avons créé Qantis Mobilité fin 2021 et nous avons débuté le process de développement en franchise fin 2024. Ces trois années nous ont été nécessaires pour éprouver notre concept. Par exemple rôder les argumentaires de vente. Mais aussi bannir les fausses bonnes idées.
Nous avions par exemple imaginé une offre de location de véhicules pour les particuliers et de la location de scooters. Finalement, nous avons décidé de nous concentrer sur le courtage et la gestion de flottes automobiles.
Le développement de notre réseau en franchise a également été motivé par de nombreux appels entrants de professions artisanales qui souhaitaient être accompagnées et conseillées localement dans leur choix de motorisation de leur futur véhicule, sur la fiscalité afférente… Chez Qantis Mobilité nous sommes, à date, quatre salariés sur la structure, nous ne pouvions pas répondre à ce type de demande très spécifique. D’où le développement en franchise via des agents indépendants. Le premier s’est lancé mi-avril 2025 à Salon-de-Provence dans les Bouches-du-Rhône. Pas question de passer de un à cinq en trois ans. Nous visons plutôt deux à trois nouveaux agents d’ici fin 2025. Et cinq ou six un an plus tard. Le profil de ces agents ? Beaucoup d’anciens commerciaux, entrepreneurs dans l’âme. Les candidats affichent souvent des années d’expérience en concession, ou chez des loueurs de véhicules. En local sur leur territoire, les agents indépendants vont se concentrer sur des comptes clients de 1 à 30 véhicules. Au niveau de la tête de réseau, nous prospectons des cibles plus importantes. Depuis la création en 2021, nous doublons notre chiffre d’affaires chaque année et, hors agents, cela reste l’objectif sur les deux prochaines années ».
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Pour : « Pour accélérer notre croissance, nous avons évoqué en direct le souhait de nous déployer en franchise. »
Benjamin Mendelson, co-fondateur de Palomano, enseigne de parcs à thème pour enfants (reconstitution de mini ville)
« Durant le covid avec ma sœur Nina et mon frère Nathan, nous avons réfléchi à donner davantage de sens à nos carrières. En 2020, nous avons donc lancé en succursales Palomano, des parcs à thème pour enfants. Sauf que pour se développer, nous manquions de cash.
À la recherche de fonds, nous avons, entre autres, décidé de participer à la quatrième saison de l’émission de M6 « Qui veut être mon associé ? ». Convaincu par notre concept, Jean-Pierre Nadir, l’un des jurés en quête de business porteurs, serial entrepreneur et fondateur de FairMoove, a conclu un « deal » avec nous et nous a apporté 300 000 euros. Pour accélérer notre croissance, nous avons évoqué en direct le souhait de nous déployer en franchise.
Le formulaire de demande de renseignements était prêt sur notre site. Le soir de la diffusion, nous avons reçu plus de 600 messages. Depuis, on oscille entre cinq et dix demandes quotidiennes. En février 2024, la tête de réseau ne comptait que trois personnes, nous trois en somme. Il nous a donc fallu deux mois pour trier les candidatures et échanger avec les futurs franchisés. Pour être retenu, il fallait être disponible et croire à notre projet.
Je devais également avoir envie de déjeuner avec chaque candidat, sinon ce n’était pas la peine. En plus de ces critères, les candidats devaient montrer patte blanche financière : 150 000 euros d’apport personnel assorti d’un concours bancaire compris entre 300 et 400 000 euros. À date, nous avons ouvert quatre parcs en franchise, six autres sont prévus cet été et nous en visons au total une vingtaine d’ici la fin 2025. Puis, une cinquantaine en 2026. En 2028, nous parions sur un réseau d’une centaine de parcs qui couvrira le marché français selon nous.
Jean-Pierre Nadir a, entre autres, insisté pour que l’on se développe rapidement en franchise afin que les candidats aient envie de rejoindre notre enseigne plutôt qu’une autre. Au final, il n’y avait pas de barrière particulière à l’entrée pour exercer dans ce secteur. Chaque semaine, notre board se réunit et livre sa vision business pour un développement rapide et sain de l’enseigne.
Pour structurer notre offre franchise, nous avons rapidement embauché des collaborateurs pour la finance, le marketing, les ressources humaines… De trois, nous sommes passés à 18 personnes. Nous sommes en hyper croissance donc on recrute assez rapidement, avec parfois des profils non qualifiés pour l’expérience franchise. La franchise est un marché de moyen-long terme. Il faut compter un an entre la signature du contrat et l’ouverture du parc. Nous avons donc rencontré des problèmes de trésorerie. La gestion des finances est donc plus complexe avec un réseau qui grandit très vite. Notre organisation s’inspire du modèle des start-up. Ce qui n’est pas commun dans le monde de la franchise. Et donc pas toujours facile. Mais on veut montrer aux autres réseaux que c’est tout à fait possible ».
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(Vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Peut-on créer son réseau de franchise dès le lancement de son concept sans l’avoir d’abord rodé ?
L’importance du rodage du concept avant la franchise : Maxence Lapalu, fondateur de Qantis Mobilité, souligne qu’il est essentiel de tester son concept en succursales pendant au moins trois ans avant de se lancer en franchise. Cela permet d’affiner les offres de l’entreprise, de comprendre les besoins des clients et d’éviter les erreurs coûteuses.
Un développement rapide malgré le manque d’expérience : Benjamin Mendelson, co-fondateur de Palomano, adopte une approche différente. En lançant sa franchise rapidement sans un long processus de test, il mise sur une forte demande et une expansion rapide, avec une prévision de 100 parcs en 2028.
Le rôle crucial des financements externes : Palomano a su attirer un investisseur clé, Jean-Pierre Nadir, qui a facilité le financement de l’entreprise et ses chances de succès. Il a encouragé un développement rapide en franchise. Ce soutien financier a permis d’accélérer l’expansion sans attendre des années de rodage du concept.
Le choix des franchisés : Chez l’enseigne Qantis Mobilité, le recrutement des agents se fait en ciblant des profils expérimentés, souvent anciens commerciaux ou entrepreneurs. Palomano, de son côté, met l’accent sur la disponibilité et l’engagement personnel des franchisés, avec des critères financiers stricts pour les candidats.
Une organisation adaptée à la croissance : L’entreprisePalomano met en place une organisation inspirée des start-ups, avec un recrutement rapide et parfois non conventionnel dans l’univers de la franchise. En revanche, Qantis Mobilité privilégie une croissance plus mesurée, avec un objectif de deux à trois nouveaux agents d’ici fin 2025, afin de maîtriser la qualité du réseau de franchise.
