Épidémie de covid, guerre en Ukraine, vague inflationniste, hausse des taux d’intérêt, depuis 2020, la séquence économique est intense et éprouvante pour les entreprises comme pour les particuliers. Après le rebond post confinements, la croissance s’est étiolée au point de flirter avec la récession. Cet épisode douloureux semble toucher à sa fin, les résultats du premier trimestre marquant en effet une inflexion. Le taux de croissance a été, en France, certes, faible (0,2 %) mais la menace de récession s’éloigne. En Europe, l’Espagne et le Portugal, deux pays moins exposés à la hausse du prix de l’énergie, tirent la croissance vers le haut. De son côté, l’Allemagne, après une difficile année 2023, renoue, en ce début d’année, avec la croissance. Outre-Atlantique, l’économie américaine a progressé moins rapidement qu’attendu mais demeure malgré tout dynamique avec une hausse de son PIB de 0,4 % au cours du premier trimestre.
Fin de torpeur économique pour la zone euro
Le petit regain d’activité en Europe n’est pas sans lien avec le recul de l’inflation. En zone euro, elle est ainsi passée de 10 % à l’automne 2022 à 2,4 % au mois d’avril 2024, taux également constaté en France. Avec l’assagissement des prix, les ménages retrouvent les chemins des magasins, après avoir réduit, depuis le début de l’année 2022, leurs achats en biens manufacturiers ou en biens alimentaires. Durant le premier trimestre, autre bonne surprise, l’investissement a augmenté en France grâce à l’accroissement des dépenses en logiciels et en équipements informatiques des entreprises.
Baisse prochaine des taux directeurs
La légère reprise de la croissance se construit également sur fond d’anticipation de baisse des taux d’intérêt. Les investisseurs et les établissements financiers font le pari que les banques centrales entameront un cycle de diminution de leurs taux directeurs d’ici la fin du premier semestre ou, au plus tard, au début du second. Cette décrue des taux est rendue possible par la désinflation bien qu’elle soit un peu plus lente que prévu, en particulier aux États-Unis. Avant de procéder à des diminutions de taux, les banquiers centraux souhaitent avoir la certitude de la disparition de toute spirale inflationniste. Ils suivent avec attention les évolutions des prix et des salaires. Dans le contexte actuel, un retour, d’ici un an, des taux directeurs autour de 3,25/3,75 % en zone euro (au lieu de 4,25/4,75 %) avec une à trois baisses d’ici la fin de l’année est envisageable. Depuis quelques semaines, les taux des crédits sont déjà en légère baisse. Ce mouvement devrait s’amplifier dans les prochains mois. La baisse des taux sera, sans nul doute, salutaire pour le secteur de la construction, confronté à une contraction rapide des programmes de logements neufs. Une reprise de l’investissement immobilier est, en effet, espérée en fin d’année.
L’épargne et investissement à la rescousse de la croissance
Deux facteurs sont également susceptibles d’amplifier la croissance dans les prochains mois : la bonne santé des entreprises et la baisse du taux d’épargne. Les entreprises ont réussi, malgré les différentes épreuves, à maintenir leur taux de marge. Elles disposent ainsi de moyens pour augmenter leur taux d’investissement et accélérer la digitalisation et la décarbonation de leurs activités. Du côté des ménages, une réduction du taux d’épargne est attendue. Les ménages, en France, n’ont pas, jusqu’à maintenant, puisé dans leur cagnotte covid. Ces dernières années, ils ont même accru leur effort d’épargne de précaution par crainte de l’avenir. Les ménages disposent donc de moyens pour consommer ou investir dans les prochains mois.
Au-delà des incertitudes économiques et géopolitiques qui demeurent nombreuses, la meilleure méthode pour conforter une croissance aussi ténue soit-elle c’est d’y croire. Une hirondelle ne fait pas le printemps mais elle peut y contribuer.