Avec la multi et la plurifanchise, les audacieux peuvent se bâtir un petit empire. La preuve en trois exemples.
Dans le monde entrepreneurial, la franchise demeure un modèle économique attractif, qui offre de réelles opportunités d’expansion. Pour beaucoup, il s’agit d’une étape vers une simple carrière d’entrepreneur indépendant. Pour d’autres, un tremplin vers une stratégie plus ambitieuse encore : la multi ou la plurifranchise, deux approches permettant de bâtir un véritable empire économique. Mais réussir dans cette voie exige des compétences spécifiques, une vision claire et une stratégie rigoureuse.
Le succès d’une multifranchise repose, en premier lieu, sur le choix judicieux de votre enseigne. Privilégiez une marque reconnue, au concept éprouvé et dotée d’un accompagnement efficace. Cela vous garantira non seulement un retour sur investissement rapide, mais également une pérennité économique à plus long terme.
Plutôt que de vous concentrer uniquement sur une seule marque, vous pouvez également opter pour la plurifranchise. En diversifiant les secteurs d’activité, cette stratégie vous permettra de répartir les risques et d’exploiter des synergies, en combinant par exemple une franchise dans l’aide à domicile et une autre dans le soutien scolaire, des secteurs qui ciblent souvent les mêmes familles. Vous serez ainsi en mesure d’exploiter au mieux vos compétences tout en bénéficiant d’une flexibilité accrue. Veillez toutefois à concentrer vos différents points de vente sur une zone géographique restreinte, ce qui facilitera votre gestion, et fera de chacune de vos enseignes la pièce d’un puzzle stratégique.
INWIN Digital Expert Ludovic Hervault, une franchise en pleine croissance
Cet entrepreneur audacieux est à la tête d’un réseau de franchise qui accompagne les PME et ETI dans leur transformation numérique.
À tout juste 54 ans, Ludovic Hervault se réjouit de se retrouver à la tête d’un réseau de franchise en pleine expansion. Ce Parisien d’origine, « expatrié » dans le Grand Ouest il y a plusieurs années, a racheté avec son associé Guy Clément la franchise Inwin Digital Expert en 2023. Cette enseigne, créée à Angers (Maine-et-Loire) il y a dix ans a pour vocation d’accompagner la stratégie numérique des PME et des ETI hexagonales.
« Nous possédons aujourd’hui 19 agences dans l’Hexagone. Notre objectif est de franchir le cap des 50 entités d’ici à trois ans et de devenir la référence en matière de numérisation des entreprises BtoB et du commerce électronique », revendique ce barbu élégant aux cheveux poivre et sel qui a installé le siège social de son réseau à Vannes (Morbihan), la cité bretonne où il réside.
Le parcours professionnel de Ludovic Hervault possède une singularité. Lorsqu’il a procédé à l’acquisition d’Inwin Digital Expert, et devenir franchiseur, il était lui-même franchisé de l’enseigne depuis six ans. « Je me suis donc retrouvé en terrain connu. Les anciens dirigeants ne souhaitaient plus continuer à développer le réseau. J’ai senti que j’étais mûr pour l’aventure entrepreneuriale à grande échelle », se souvient-il, enthousiaste.
Avant d’intégrer l’univers de la franchise, ce fan de rugby, de foot et de golf avait travaillé pendant une vingtaine d’années chez un géant pharmaceutique, occupant l’ensemble de la gamme des fonctions de vente et de développement. « J’ai appris au sein de ce groupe à manager des équipes pluridisciplinaires, une expérience particulièrement utile pour diriger et animer mon entreprise », se félicite-t-il. Tout en développant la marque Inwin en tant que franchisé, ce boulimique cumulait d’autres casquettes : formateur en webmarketing et créateur d’une application de « roadtrip connecté » pour le voyage.
Les deux hommes se sont connus lorsque Guy Clément, directeur commercial d’une entreprise, a fait appel à Ludovic en tant que sous-traitant pour numériser son offre de service. Aux manettes de leur entreprise, les deux complices se sont réparti les rôles. À Ludovic le développement du réseau. À son associé le recrutement des franchisés. « La principale qualité de Ludovic est d’avoir su repositionner notre réseau vers une clientèle d’entreprise de plus grande taille et accompagner avec efficacité nos franchisés dans cette démarche », souligne Guy Clément.
Malgré le coup de froid économique de ces deux dernières années, sur fond d’incertitudes politiques et géopolitiques, les résultats dégagés par Inwin Digital Expert s’avèrent « en tout point satisfaisants ». « Les besoins n’ont jamais été aussi prégnants sur le numérique pour les entreprises qui souhaitent se développer, mais également pour les collectivités territoriales avec, notamment, l’arrivée des IA génératives et la gestion ultra-stratégique de la data », analyse-t-il.
Quel est le profil type des futurs franchisés ? « Nous ne recherchons pas uniquement des “méga-geeks”, mais des entrepreneurs à l’aise avec le numérique comme avec les clients. Inwin ressemble à un médecin généraliste qui traite les premiers symptômes. Pour gérer les problématiques complexes, nous faisons appel à notre réseau d’informaticiens et de développeurs », résume-t-il, vantant la communauté d’entrepreneurs qui composent son réseau. Il en est persuadé : « L’innovation et l’esprit d’équipe demeurent les ingrédients les plus fondamentaux sur le long terme. »
Salad & Co, la plurifranchise épanouie
Premier franchisé de l’enseigne de restauration Salad & Co, l’entrepreneur Jérémie Bourgain est également à la tête de deux autres établissements dans la distribution alimentaire.
« En tant que premier franchisé chez Salad & Co, j’éprouve une grande fierté », lance, enthousiaste, Jérémie Bourgain. Ce quadra à l’œil vif et au contact facile vient d’ouvrir un premier restaurant sous le pavillon de cette enseigne spécialisée dans les salades et “la plancha à volonté”. La date de l’inauguration ? Le 26 mars dernier. Le lieu ? Sin-le-Noble, une commune de 15 000 habitants située non loin de Douai (Nord), au sein d’un écoquartier pimpant proche d’un centre aquatique, d’un parc de loisirs et de la patinoire municipale. « Je suis d’autant plus heureux de cet accord que je suis moi-même un ancien client de ce groupe. Il s’agit de restaurants totalement en phase avec mes valeurs, avec un accueil client particulièrement soigné, des produits frais et des employés polyvalents », argumente-t-il.
Aujourd’hui, ce chef d’entreprise s’enorgueillit de son statut de “plurifranchisé”. En clair : il dirige des structures dans des secteurs d’activité différents. En 2020, Jérémie Bourgain assure en effet l’ouverture d’un magasin Supeco – un format “soft discount” du groupe Carrefour – à Noyelles-Godault (Pas-de-Calais), après avoir participé au lancement et à la création de cette nouvelle enseigne dans l’Hexagone. Et trois ans plus tard, il reprend la gérance d’un Carrefour Market à Bavay (Nord).
Pour ce titulaire d’un BTS communication d’entreprise et d’une maîtrise de marketing et communication décrochée à l’IAE Lille, le statut de chef d’entreprise “pluriel” fait figure de consécration. « Je vis ce moment à la fois comme une récompense et comme une étape de mon parcours de développeur et de spécialiste du commerce », résume-t-il fièrement.
Après une belle expérience dans la grande distribution alimentaire et la vente – il a animé des réseaux de magasins pour le groupe Galeries Lafayette et développé des boutiques pour Naturéo, une enseigne bio -, il se sent “les épaules solides” pour gérer une équipe d’une soixantaine de collaborateurs. Sa méthode pour pérenniser sa plurifranchise ? Appliquer des règles de gestion drastiques, se montrer à l’écoute et, surtout, savoir déléguer. « Mes collaborateurs sont meilleurs que moi pour exercer leur métier au niveau opérationnel. J’assume la vision stratégique et revendique mon rôle de chef d’orchestre, mais je veux qu’ils se sentent bien dans leur métier », pointe-t-il. Adjointe de Jérémie dans les deux supermarchés qu’il dirige, Marine Da Silva travaille avec lui depuis 5 ans. Et, visiblement, l’apprécie. « Il a un tempérament de feu. Il est ultradynamique, drôle, accessible et se montre toujours à la recherche de l’innovation au service de l’efficacité du magasin. »
Jérémie Bourgain le reconnaît volontiers : en raison de l’inflation, ces trois dernières années ont tout eu du “cauchemar”. « Beaucoup de mes clients se sont restreints. Certains d’entre eux apportent leurs calculatrices dans nos magasins pour ne pas dépasser leur budget », constate ce père de trois enfants, qui se réjouit toutefois de ne pas enregistrer trop de départs dans ses équipes. « Je m’efforce de valoriser mes employés en permanence : la reconnaissance est leur première source de motivation », affirme-t-il. Gros travailleur, en permanence sur les routes pour soutenir ses équipes, le plurifranchisé ch’ti s’accorde toutefois des pauses salutaires pour courir dans la forêt et pratiquer la guitare, l’une de ses grandes passions.
La Vie Claire Loïc Buisson, le multifranchisé du bio
À la tête de quatre magasins « La Vie Claire », ce Gardois incarne un modèle de réussite entrepreneuriale.
L’accent est chantant, le sourire franc et le regard rieur, mais déterminé. À 33 ans, Loïc Buisson se définit comme un multi-franchisé « heureux » et « épanoui ». Après des débuts professionnels dans l’univers du dépôt-vente et de la brocante et deux années passées chez Intermarché, le voilà aujourd’hui à la tête de 4 magasins « La Vie Claire » dans le sud de la France.
Le jeune entrepreneur a rejoint l’enseigne pionnière de la distribution de produits biologiques en France il y a 5 ans, au sortir de la crise pandémique. « J’ai été séduit par la politique RSE engagée de ce réseau qui a l’ambition de devenir une entreprise à mission (1) en 2025 », confie ce Gardois d’origine. Fan de bio depuis son adolescence, Loïc a toujours, rêvé d’ouvrir sa propre boutique. Mais faute de moyens financiers et « peu rassuré » à l’idée de se lancer seul dans l’aventure entrepreneuriale, il a préféré rejoindre une enseigne solidement implantée, forte de 325 points de vente.
En 2021, le futur franchisé inaugure donc sa première boutique à Alès (Gard), sa ville natale, avec l’aide active des équipes « développement » de La Vie Claire. Avant l’ouverture, le jeune homme passe 2 mois en formation. Après un an et demi d’exploitation, fort de résultats prometteurs, il se voit proposer d’ouvrir un nouveau point de vente à Uzès, splendide cité historique distante de 30 kilomètres d’Alès. « Les franchisés qui géraient la structure n’étaient plus motivés. Bref, cela manquait de dynamisme commercial. J’ai remis du charbon dans la machine », note-t-il.
À nouveau, les ventes ne tardent pas à décoller. Enthousiaste et « sûr de son destin », Loïc ouvre alors successivement deux nouveaux commerces bio à Mende (Lozère) et à La Destrousse, dans les Bouches-du-Rhône.
Désormais à la tête de sa multifranchise sous pavillon « La Vie Claire », le chef d’entreprise revendique l’instauration d’un management « bienveillant » et se dit tout à la fois « à l’écoute de » et « exigeant envers » ses 20 salariés. Deux fois par semaine, il saute dans son véhicule et se rend dans l’un de ses 4 magasins pour « encourager » ses collaborateurs. « Si nécessaire, nous aménageons les emplois du temps et nous trouvons des solutions aux problèmes qu’ils rencontrent » souligne-t-il.
Lorsqu’il n’est pas sur les routes ou dans ses boutiques, Loïc aime rencontrer les producteurs locaux qui alimentent ses étals. Il se réjouit, par ailleurs, de bénéficier du concours de la centrale d’achat de la Vie Claire, qui lui assure des conditions favorables en termes de tarifs et de sécurité d’approvisionnement. Après un recul lié à la flambée des prix dans le bio ces trois années, les consommateurs semblent revenir dans les rayons. « Nous devons sans cesse nous adapter au marché. Ce qui signifie ajuster nos prix et réaliser des promotions, même si ce n’est pas toujours facile », reconnaît-il.
« Loïc possède l’énergie d’un entrepreneur et la générosité d’un commerçant. Il est toujours à l’affut de nouvelles opportunités et a pour obsession de rendre la bio accessible à tous », souligne Gaétan Lachaud, le responsable grands compte de l’enseigne. S’apprête-t-il à ouvrir d’autres magasins dans les mois qui viennent ? « Les relations avec son réseau sont au beau fixe, donc nous verrons », répond-il prudemment. À 33 ans, il ne s’interdit rien.
(1) Le terme « entreprise à mission » désigne les entreprises qui se donnent statutairement une finalité d’ordre social ou environnemental en plus du but lucratif.
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Franchise : passez au niveau supérieur !
Opportunités de croissance : La multi et plurifranchise offrent aux entrepreneurs l’opportunité de construire un empire économique, mais cela nécessite une vision stratégique, un choix d’enseigne judicieux et des compétences spécifiques.
Avantages de la plurifranchise : Opter pour la plurifranchise permet de diversifier les activités et de répartir les risques. Il est conseillé de conserver les points de vente dans une zone géographique restreinte pour une gestion plus simple et une synergie entre les activités.
Exemple de réussite – Inwin Digital Expert : Ludovic Hervault, franchisé devenu dirigeant, a développé un réseau en pleine croissance dans l’accompagnement numérique des PME, avec des compétences en management et une vision ambitieuse d’expansion.
Exemple de réussite – Salad & Co : Jérémie Bourgain, à la tête de Salad & Co et d’autres franchises, se distingue par sa gestion dynamique et une forte culture d’équipe, appliquant des règles de gestion strictes tout en valorisant ses collaborateurs.
Préparation à la diversité : Pour réussir en tant que plurifranchisé ou multifranchisé, il est essentiel de savoir déléguer et de favoriser l’innovation tout en maintenant une écoute active pour s’adapter aux défis du marché, tels que l’inflation.
