Mais qui donc a inventé la franchise ? C’est aux États-Unis et en France, dans les années 1930, que les premières franchises sont nées sous l’impulsion de General Motors et Pingouin. Ce système de commerce en réseau connaît son essor en 1970. Il permet aujourd’hui à des enseignes de développer leur concept à moindre coût, et à des entrepreneurs de créer leur entreprise en bénéficiant de la notoriété et de l’assistance d’une marque éprouvée.
Si le terme de franchise apparaît au Moyen-Âge, il n’avait pas du tout le même sens que celui qu’on lui connaît aujourd’hui. Il s’agissait à l’époque d’une exonération octroyée par le Seigneur des interdictions et taxes commerciales et artisanales appliquées à une ville. Le concept de franchise en tant que commerce organisé n’apparaît lui que dans les années 1930. On vous raconte la petite histoire de la franchise : une grande invention qui a vu le jour des deux côtés de l’Atlantique.
Singer et General Motors : les pionniers américains du commerce organisé
C’est l’inventeur new-yorkais Isaac Merrit Singer, qui est à l’origine du premier système de commerce organisé, celui qui se rapproche le plus du modèle de la franchise. En 1851, l’inventeur se lance dans la réparation d’une machine à coudre et en profite pour y apporter quelques améliorations ergonomiques. Des améliorations pour lesquelles il dépose des brevets. Cette machine à coudre plus performante devient la fameuse machine Singer qu’Isaac Merrit Singer décide de commercialiser avec l’aide d’Edward Clark. Mais commercialiser cette machine, n’est pas si simple. En effet, il est nécessaire de former les clients à son utilisation. Cela n’inquiète pas Edward Clark qui imagine un système pour délivrer cette formation. L’entreprise Singer distribuera donc des machines à plusieurs commerçants indépendants, installés aux quatre coins du pays et les formera à son utilisation. Un savoir-faire qui pourra ensuite être transmis au client final par les commerçants eux-mêmes. Un système qui voit le jour en 1858 et qui ressemble grandement au modèle de la franchise que nous connaissons.
Plus tard, le géant de l’automobile General Motors pose les bases d’un système d’association commerciale qui s’apparente lui aussi au commerce organisé. En effet, dans les années 1929, les grands constructeurs automobiles sont soumis à la Loi Antitrust qui leur interdit de posséder des points de ventes, ce qui ralentit considérablement leur expansion. Afin de contourner cette contrainte, le directeur commercial de General Motors, Alfred P. Sloan, imagine un contrat lui permettant de s’appuyer sur des revendeurs indépendants pour écouler ses produits. Ce premier contrat pose les bases de ce qui deviendra bientôt le système de concession. En effet, l’objectif de cette association est alors d’écouler les produits fabriqués par General Motors. Les points de ventes des revendeurs portent le nom du constructeur et ne distribuent que ses produits. Ils disposent également d’une exclusivité territoriale. En revanche, ce contrat ne prévoit pas la transmission d’un savoir-faire, ni l’assistance du constructeur pour sa bonne application, deux caractéristiques principales de la franchise.
Pingouin : le père français de la franchise
Pendant ce temps-là en France, c’est la marque Pingouin qui instaure une nouvelle manière de collaborer avec ses clients. Pingouin est une marque appartenant au groupe Prouvost qui dirige la lainière de Roubaix. Entre 1926 et 1929, les filatures du groupe inventent une nouvelle façon de conditionner la laine pour le transport et la vente de détail : la pelote. Cette invention nécessite d’imaginer une nouvelle façon de commercialiser la laine alors conditionnée sous forme d’écheveaux rangés dans des sacs.
La marque Pingouin imagine donc de nouveaux formats de casiers pour équiper de nouvelles boutiques spécialement conçues pour la vente de pelotes. Pingouin se voit alors dans l’obligation de former les commerçants et de les aider à agencer leur boutique afin qu’ils puissent continuer d’écouler les produits dans les meilleures conditions. On reconnaît là l’accompagnement et la transmission d’un savoir-faire propre au concept de la franchise.
Le Franchise Boom : le grand essor de la franchise
En Amérique, le modèle de la franchise se développe dès la fin de la Seconde Guerre mondiale de façon fulgurante. Cela est dû à l’importance du marché américain qui oblige les entreprises à adopter ce système pour accroître rapidement leurs parts de marché sans avoir à trop investir. Aux États-Unis, se sont les secteurs de l’hôtellerie, de la location automobile et de la restauration rapide qui profitent le plus de ce modèle. En 1970, la franchise a ainsi connu un essor considérable sur le Nouveau Continent.
De l’autre côté de l’Atlantique, le modèle connaît une croissance plus modeste. En 1970, seules 34 entreprises se sont développées en franchise. Parmi elles, nous trouvons les pionniers Pingouin-Stemm, Pronuptia, Lévitan et Rodier. La France connaît cependant un Franchise Boom sous l’impulsion de Charles Géraud Seroude qui deviendra par la suite le créateur de la Fédération Française de la Franchise. Tout juste revenu d’Amérique où il a été formé aux méthodes de la franchise, il convainc les plus grandes marques françaises, comme La Redoute, Yoplait, Carrefour ou encore Accor, de se lancer dans l’aventure. Depuis, le modèle n’a plus à faire ses preuves. En 2021, on compte 1 965 franchiseurs, 79 134 franchisés générant un chiffre d’affaires de 68,8 milliards d’euros de CA.