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Franchise : toutes les raisons d’être optimiste pour 2024

Sylvain Bartolomeu, de Franchise Management

Le président et directeur général associé du cabinet Franchise Management décrypte les quatre tendances qui attendent les professionnels cette année.


Dans le secteur des commerces et des services, les crises qui se sont succédé ces dernières années ont fait trois grands perdants.

Les premiers sont les indépendants isolés. Seuls, ils ont dû trouver comment s’adapter aux évolutions de consommation, lutter contre l’inflation, faire face à l’instabilité, surmonter les pénuries de personnel, sans oublier de faire évoluer leur offre et leur politique commerciale. Beaucoup n’y sont pas parvenus. Au contraire, la force du réseau a permis aux franchises de mieux résister.

Les seconds sont les réseaux organisés qui semblaient bien établis, mais qui se sont retrouvés soudainement décorrélés des attentes de consommation. Je pense en particulier aux enseignes de textile, pour la plupart en commission affiliation et situées sur un positionnement moyen de gamme. Cela vaut d’ailleurs pour l’ensemble de l’équipement de la personne, notamment les chaussures et les montres, ou encore pour les marques de restauration visant elle aussi une clientèle intermédiaire. Ces réseaux, installés sur des marchés bousculés, ont éprouvé les plus grandes difficultés à faire pivoter leur modèle, à lever les réticences au changement et à adapter leur offre. Ils ont également subi de plein fouet l’accélération des modes de consommation provoquée par les crises successives.

Les derniers perdants sont les enseignes qui, faute d’une taille critique suffisante ou à la suite d’erreurs de gestion, se sont trouvées en difficulté économique au moment où il était essentiel d’avoir « du carburant » pour consolider ses bases et préparer le rebond.

Compte tenu de ces constats, 2024 sera, pour les enseignes en difficulté, une année où elles devront impérativement se restructurer pour espérer repartir. Quant aux autres, il leur faudra réinvestir pour espérer faire partie des leaders.

Pour cela, il faut bien comprendre ce qui nous attend. Voici selon moi les quatre grandes tendances qui devraient dominer l’année sur le marché de la franchise.

Plusieurs phénomènes m’amènent à penser que le nombre de candidats désireux de s’engager dans la franchise devrait augmenter de nouveau en 2024, après deux années difficiles. Je pense tout d’abord aux contextes économique et géopolitique, qui devraient être (légèrement) moins anxiogènes. Je pense ensuite à la stabilité des taux et à la volonté de l’Etat de relancer la croissance. Je pense enfin et surtout au ralentissement de l’emploi – notamment celui des cadres – comme le soulignait fin 2023 dans une étude l’Association pour l’emploi des cadres (APEC). Si les perspectives d’embauche sont moindres dans les autres entreprises, un certain nombre de personnes se tourneront plus volontiers vers la franchise. Il faut ajouter à cela (et espérer !) une plus grande souplesse des bailleurs en matière de négociations immobilières. Tous ces facteurs devraient contribuer à augmenter le nombre de candidats frappant à la porte des réseaux.

Le fitness, avec des enseignes comme Fitness Park, Basic Fit, On air Fitness, est l’un des premiers secteurs à avoir réengagé des plans de développement ambitieux. Le loisir, l’esthétique, la restauration à thème festive NinkasiMy Beers…) pourraient suivre cette voie en 2024.

Tous ces domaines ont en commun d’avoir souffert de la pandémie, de l’inflation et de la crise énergétique, et d’avoir été confrontés à des pénuries de personnel. Mais en 2024, ils devraient relancer leur développement grâce à une tendance de fond : le consommateur est de retour ! Le besoin de prendre soin de soi, de se dépayser dans un environnement économique et géopolitique instable, de sortir, de faire la fête : tout cela redynamisera très certainement ces différentes activités.

L’inflation a été un marqueur fort en 2023. Elle a non seulement déstabilisé les modèles économiques de nombreuses entreprises, mais aussi marqué le retour à la valeur prix pour le consommateur. Quand ceux-ci dépensent des sommes de plus en plus importantes pour se faire plaisir, ils doivent procéder à des arbitrages sur d’autres postes. C’est pourquoi les enseignes de déstockage comme Stokomani, Noz ou Centrakor, qui ont déjà engagé des plans de développement ambitieux en 2023, devraient poursuivre cette stratégie. Quand le marché est là, il faut le prendre ! D’autres marques de seconde main se préparent d’ailleurs à entrer sur le marché de la franchise courant 2024.

Si les indépendants isolés sortent affaiblis des différentes crises que la France vient de traverser, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Car ce contexte encourage les réseaux à pousser leurs pions dans des secteurs où le taux de pénétration de la franchise est encore faible.

C’est notamment le cas des métiers de l’artisanat et du bâtiment. Ils pourraient voir de nouvelles enseignes apparaître avec la volonté de structurer le marché. Et, par là-même, de mieux répondre aux attentes des consommateurs, désireux de bénéficier d’une offre homogène, de qualité et facile d’accès. C’est ainsi qu’une marque historique comme La Romainville, spécialisée dans la pâtisserie, relancera son développement via la franchise en 2024.

2023 a vu l’explosion du nombre de défaillances d’entreprise. Un record de procédures a été enregistré en France – 57 729 exactement -, soit une augmentation de 35,8% par rapport à 2022 ! Les mises en redressement, sauvegarde ou liquidation ont elles aussi atteint des sommets historiques. Selon l’INSEE, les TPE et les PME ont été les plus touchées, mais la franchise n’a pas été épargnée, qu’il s’agisse des têtes de réseau ou des adhérents.

Dans ces enseignes, conflits et contentieux se multiplient donc. Aussi les personnes qui désirent vendre ou transmettre leur affaire doivent-elles impérativement être accompagnées au mieux. Des mécanismes de soutien des plus fragiles doivent être mis en place tandis que l’assistance doit être renforcée le plus possible.

Malgré tout, il est raisonnable de rester positif. Sur plus de 3 000 adhérents interrogés, 36,5% se déclarent très optimistes et 57,3% affirment que « si c’était à refaire », ils resigneraient à nouveau avec la même enseigne, selon une étude réalisée en 2023 par l’indicateur de la franchise, en partenariat avec La Caisse d’épargne, Franchise Management, In Extenso et le cabinet Simon & Associés ! Si la création d’entreprise nécessite toujours de la prudence et une bonne maîtrise des risques, les réseaux restent la meilleure façon d’entreprendre en 2024.

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