Créer son entreprise en bénéficiant d’une marque reconnue, tout en étant “co-propriétaire” et décisionnaire du réseau : c’est la promesse du commerce coopératif et associé. Longtemps méconnu face à la franchise, ce modèle représente pourtant 30 % du commerce de détail en France.
Preuves du poids de ce modèle commercial, les acteurs du commerce coopératif et associé ont cumulé 209 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2024, employant 650 000 salariés sur le territoire dans 52 000 points de vente gérés par 41 000 chefs d’entreprises indépendants.
Un modèle entrepreneurial centenaire mais en pleine croissance
Le commerce coopératif et associé n’a rien de nouveau. Dès 1885, la Société Rémoise de l’épicerie, vins et spiritueux posait les bases d’une première société d’achats en commun. Dans les années 1960, avec l’essor de la consommation, des enseignes comme E. Leclerc ont consolidé ce modèle alternatif face à la grande distribution intégrée.
Aujourd’hui, il s’agit de la forme de commerce organisé ayant connu la plus forte croissance en vingt ans, selon la Fédération du Commerce Coopératif et Associé (FCA). Pourtant, il demeure moins connu que la franchise, malgré ses atouts.
Comment fonctionne une coopérative commerciale ?
Gouvernance horizontale : « un homme = une voix »
Chaque entrepreneur qui rejoint une coopérative devient associé de la tête de réseau en souscrivant une part du capital. Ce statut lui confère le droit de participer aux décisions stratégiques lors des assemblées générales, quelle que soit la taille de son entreprise.
Ce principe démocratique – « un homme, une voix » – garantit que tous les adhérents disposent du même poids dans les choix collectifs.
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Une architecture tournée vers le collectif
La coopérative est une entreprise commune au service de ses membres. La structure centrale (permanents, direction générale) n’existe pas pour générer des bénéfices propres mais pour soutenir les adhérents.
Quatre piliers structurent généralement cette organisation :
- Achats : négociations fournisseurs, référencement, marques propres.
- Marketing & communication : image de marque, opérations promotionnelles, concept magasin.
- Services supports : juridique, RH, informatique, études de marché, comptabilité.
- Développement & financement : accompagnement bancaire, prêts garantis, soutien à l’expansion.
Chaque adhérent est à la fois indépendant dans son point de vente et interdépendant dans le réseau.
Recruter un coopérateur : un processus validé collectivement
L’entrée dans une coopérative est encadrée :
- le candidat entrepreneur reçoit un Document d’Informations Précontractuel (DIP) comme dans le cadre d’une franchise,
- son dossier est étudié par la tête de réseau et présenté au conseil d’administration, qui statue sur son admission,
- l’intégration repose souvent sur une quasi-exclusivité territoriale, afin d’éviter la concurrence interne.
BON À SAVOIR
Plusieurs enseignes très connues en France sont organisées en coopératives, telles qu’Intermarché, Coopérative U, Culinarion, Running Conseil, Intersport, Leclerc, etc.
Logique de redistribution et absence d’actionnaires extérieurs
Une coopérative n’a pas vocation à générer des profits pour des actionnaires. Les excédents financiers sont :
- réinvestis dans le développement du réseau (innovation, digital, formation, communication),
- ou redistribués équitablement entre les adhérents, sous forme de ristournes ou de réduction de cotisations.
Des mécanismes d’exonération existent également pour ajuster les contributions en fonction de la situation de chaque membre.
Quelques coopératives à la recherche de nouveaux entrepreneurs
Franchise vs Coopérative : quelles différences ?
| Franchise | Commerce coopératif et associé |
| Gouvernance verticale : le franchiseur reste décisionnaire des grandes orientations du réseau | Gouvernance horizontale : « un homme = une voix » |
| Redevances versées au franchiseur | Cotisations décidées collectivement et réinvesties |
| Concept clés en main, liberté d’adaptation limitée | Autonomie dans la gestion locale et aménagement du point de vente, sans remettre en cause la cohérence du réseau |
| Les profits dégagés par le franchiseurs lui bénéficient | Excédents redistribués aux adhérents ou réinvestis |
| Franchiseur, seul maître de la stratégie | Stratégie coconstruite avec les adhérents |
Trois exemples de réseaux coopératifs en action
Coopérative Big Mat : mutualiser pour gagner en compétitivité
Avec 300 points de vente en France et 850 en Europe, Big Mat illustre la puissance du modèle coopératif dans le négoce de matériaux de construction.
Les adhérents profitent d’une centrale d’achats qui négocie avec 300 fournisseurs, d’outils digitaux (portail interne, salon d’achat annuel), mais aussi d’une Académie des Bâtisseurs dédiée à la formation.
Chaque membre coopérateur consacre en moyenne 1 à 2 jours par mois à la vie du réseau (commissions RH, finances, communication…). « Cela évite la solitude du dirigeant et permet de gagner en productivité grâce à la mutualisation », explique Fabio Rinaldi, président directoire de Big Mat France.
Coopérative Passion Beauté : l’omnicanal comme levier collectif
Avec une centaine de parfumeries et instituts, Passion Beauté démontre l’agilité du commerce coopératif dans un secteur ultra-concurrentiel.
Les associés participent aux décisions stratégiques (concept magasin, fidélité nationale, digitalisation). Le site e-commerce, initialement vu comme un concurrent, est devenu un atout essentiel, notamment pendant la crise sanitaire (drive, e-réservation).
Au-delà de leur point de vente, les adhérents s’investissent dans des fonctions bénévoles (commissions, conseil d’administration, présidence). « L’adhérent est à la fois franchisé et franchiseur, puisqu’il s’auto-applique les décisions collectives », résume Jean-François Morinaux, directeur général.
Vidi : coopérative médicale au service de la radiologie
Créée en 2017, la coopérative Vidi fédère un quart des radiologues libéraux français. Elle répond à trois défis du secteur :
- démographique : vieillissement de la population, hausse des maladies chroniques,
- technologique : montée en puissance de l’IA dans l’imagerie,
- économique : optimisation des moyens alloués à la santé.
Vidi mutualise les achats de matériel lourd (IRM, scanners), propose des services supports (recrutement, gestion des rendez-vous), et encourage le partage d’innovation médicale (radiologie interventionnelle, spécialisation en imagerie sportive ou pédiatrique).
« Notre but est d’améliorer l’efficacité tout en gardant une médecine humaine et de proximité », souligne le Dr Laurent Verzaux, directeur général.
Pourquoi choisir le commerce coopératif et associé ?
Ce modèle attire de plus en plus d’entrepreneurs indépendants pour trois raisons principales :
- Puissance d’un réseau : notoriété de l’enseigne, outils mutualisés, accompagnement.
- Indépendance entrepreneuriale : liberté dans la gestion quotidienne et adaptation locale.
- Participation active : gouvernance démocratique, redistribution, implication stratégique.
NOTRE RÉSUMÉ EN
5 points clés
PAR L'EXPRESS CONNECT IA
(VÉRIFIÉ PAR NOTRE RÉDACTION)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Les principes du commerce coopératif et associé : l’autre façon d’entreprendre en réseau.
Un modèle historique mais en forte croissance
Né au XIXᵉ siècle et popularisé par E. Leclerc, le commerce coopératif et associé représente aujourd’hui 30 % du commerce de détail en France et connaît la plus forte croissance parmi les formes de commerce organisé.
Un fonctionnement démocratique
Chaque adhérent est associé du réseau et dispose d’une voix égale lors des décisions collectives, quel que soit le poids de son entreprise. L’entrée est validée collectivement et encadrée pour éviter la concurrence interne.
Une redistribution équitable des excédents
Contrairement à la franchise, les bénéfices ne profitent pas à des actionnaires mais sont réinvestis dans le développement du réseau ou redistribués aux adhérents.
Un modèle coopératif vs franchise
La franchise apporte un cadre clé en main relatviement rigide et vertical. La coopérative privilégie la coconstruction, la solidarité, l’autonomie locale et la démocratie interne selon un mode de gestion horizontal.
Des réussites sectorielles concrètes
Big Mat (matériaux), Passion Beauté (parfumerie) et Vidi (radiologie) illustrent la compétitivité, l’innovation collective et la capacité d’adaptation de ce modèle dans des secteurs variés.




















