Depuis plusieurs années, le commerce français est secoué par de profonds changements. Les enseignes historiques autrefois incontournables subissent de plein fouet la crise économique, les effets durables du Covid-19 et une concurrence internationale de plus en plus rude.
Entre loyers en hausse, modèles dépassés et marché en constante mutation, plusieurs fleurons français peinent à s’adapter.
Crise du marché du textile en France
Le secteur du textile figure parmi les plus impactés. La baisse de la fréquentation des magasins, le développement rapide de l’e-commerce, la montée de la fast fashion et l’essor de la seconde main ont mis plusieurs marques historiques en difficulté, certaines devant faire face à des restructurations ou à des liquidations.
Redressements et disparitions d’enseignes du prêt-à-porter
La marque Jennyfer, qui avait temporairement adopté le nom “Don’t Call Me Jennyfer”, n’a pas résisté à l’inflation et au recul de sa clientèle. Placée en redressement judiciaire, elle a demandé sa liquidation au printemps 2025 mettant en péril près de 1 000 emplois, avant d’être reprise partiellement par le groupe Beaumanoir.
Confrontée à plusieurs redressements judiciaires, Naf Naf a été partiellement reprise en août 2024 par le Groupe Beaumanoir, au même titre que Jennyfer. Une centaine de boutiques et plusieurs centaines d’emplois sont sauvegardés, tandis que moins de la moitié des 600 salariés et 12 des 102 points de vente poursuivent l’aventure sous d’autres marques.
La marque marseillaise de jeans Kaporal a quant à elle disparue. Affaiblie avant la pandémie, elle a été placée en liquidation judiciaire en mars 2025, entraînant l’arrêt immédiat de ses activités et le licenciement de 280 salariés, après une tentative de reprise partielle en 2023.
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Relances, rachats et incertitudes
Certaines marques historiques tentent de se relancer après des périodes difficiles.
Après sa liquidation en 2022, Camaïeu renaît sous le nom “be camaïeu”, initiative lancée par Celio en août 2024. La marque compte désormais 13 points de vente, dont 11 en partenariat avec « be normal », ainsi qu’une boutique en ligne. Elle mise sur une offre de basiques et une image rajeunie, portée notamment par des ambassadrices comme Léna Situations, tout en s’inscrivant dans une démarche de responsabilité sociale et environnementale.
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Dans le secteur de la chaussure, San Marina, liquidée en février 2023, a été reprise par son concurrent Chausséa. La marque revient en 2025 comme marque exclusive du repreneur, valorisant principalement son capital immatériel et sa notoriété.
D’autres enseignes historiques rencontrent des difficultés. C’est la cas de Comptoir des Cotonniers et Princesse tam.tam, appartenant au japonais Fast Retailing (Uniqlo), qui ont demandé leur placement en redressement judiciaire à l’été 2025. Seules 26 boutiques Princesse tam.tam sont proposées à la reprise par d’autres enseignes, entraînant une dilution de la marque.
Claire’s et André quant à elles sont toujours en redressement judiciaire et leur avenir demeure incertain. Les potentiels repreneurs de Claire’s (ndlr : qui est une enseigne américaine) semblent intéressés par l’emplacement des magasins, au risque de voir la marque disparaître en France.
André a connu trois changements de propriétaires et deux redressements judiciaires en sept ans. La procédure en cours de l’enseigne fondée en 1896 vise à mettre en place un plan de continuité après une restructuration totale.
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Décoration et ameublement : des secteurs fragilisés
Habitat, symbole du design accessible, a été liquidée fin 2023. Relancée en 2024 par le groupe Cafom, l’enseigne mise sur le e-commerce et quelques magasins pilotes, avec des concepts modernisés tels que « Habitat Pure » pour la décoration et les senteurs, et « Habitat Bedding » pour la literie. Plusieurs projets innovants sont à l’étude, notamment des hôtels haut de gamme pour relancer la marque fondée dans les années 1960.
Casa France a été placée en liquidation judiciaire en juin 2025. La fermeture de ses 145 magasins a entraîné la suppression d’environ 600 emplois, en raison de l’absence d’offres de reprise viables et des difficultés rencontrées par sa maison-mère belge.
GiFi, qui réalise un chiffre d’affaires de 1,3 milliard d’euros, est en recherche de repreneur depuis fin 2024, comme l’a annoncé son fondateur Philippe Ginestet. L’enseigne a également prévu la suppression de 302 postes et la fermeture de 11 magasins des points de vente situés dans des zones moins performantes afin d’améliorer sa rentabilité.
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Des renaissances malgré la crise
Certaines entreprises connaissent des retournements positifs malgré la crise. La verrerie d’Orléans Duralex, affectée par la hausse des prix de l’énergie, a été sauvée en 2024 par ses salariés qui ont créé une SCOP (société coopérative de production). Un an plus tard, l’entreprise connaît un véritable renouveau, en misant sur la relocalisation, l’innovation et la valorisation du savoir-faire français, et sécurise près de 144 emplois.
La marque américaine emblématique de la vente à domicile Tupperware connaît également un regain d’activité en France. Avec l’arrivée d’une nouvelle direction en avril 2025, sous l’impulsion de Cédric Meston, elle séduit de nouveau et rassemble plus de 8 000 vendeurs indépendants.
Le secteur du commerce en pleine mutation
Ces restructurations témoignent d’un monde économique en plein changement. Les enseignes historiques doivent faire face à de nouveaux modèles, comme la seconde main ou encore le commerce phygital.
La notoriété historique d’une marque ne suffit plus à attirer les clients. La différenciation, l’innovation et la solidité financière sont désormais essentielles. Les acteurs du commerce sont amenés à repenser leurs modèles pour rester compétitifs et assurer leur pérennité.
NOTRE RÉSUMÉ EN
5 points clés
PAR L'EXPRESS CONNECT IA
(VÉRIFIÉ PAR NOTRE RÉDACTION)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Que deviennent ces fleurons industriels et commerciaux français ?
Pertes et mutations dans le secteur du textile
Les entreprises françaises comme Jennyfer, Naf Naf, Kaporal, et San Marina traversent de graves difficultés, avec plusieurs en liquidation ou en redressement judiciaire, face à la concurrence de la fast fashion, de l’e-commerce et des tendances de la seconde main.
Renaissances et stratégies de relance
Certains acteurs, comme « be camaïeu » ou Chausséa, se relancent via des rebranding, des partenariats ou des reprises, intégrant des enjeux RSE et modernisation pour retrouver leur place sur le marché.
Difficultés dans la décoration et l’ameublement
Les enseignes Habitat et Casa France ont disparu ou sont en liquidation en 2024-2025, alors que Gifi cherche un repreneur, illustrant la fragilité de ces secteurs face à la crise et à la transformation digitale.
Récupérations et renaissances positives
Certaines entreprises comme Duralex et Tupperware ont su se relever grâce à la relocalisation, l’innovation, ou l’engagement des salariés, prouvant que la résilience reste possible malgré la crise.
Un secteur en mutation accélérée
Les entreprises françaises doivent s’adapter aux nouveaux modèles (seconde main, commerce phygital), intégrant des solutions d’innovation et de différenciation, car la notoriété seule ne garantit plus la pérennité dans un marché en pleine évolution.











