Mickaël Cohen : « savoir gérer l’hypercroissance » 

mickaël cohen fondateur de dometvie

[Leur grande difficulté surmontée] Lorsque Mickaël Cohen et Nicolas Saumont lancent leur entreprise, tous les voyants sont au vert : une solide amitié, des profils complémentaires, un secteur d’avenir, porteur de sens à leurs yeux et une volonté de fer. Tout semble si évident, que les deux complices vont même se laisser aller à un excès de confiance. En voulant grandir trop vite, ils vont soudainement mettre l’entreprise en péril. Alors comment repartir à zéro après une phase d’hypercroissance qui fait tout vaciller ? Le co-fondateur de DOMetVIE, Mickaël Cohen, nous raconte.


« DOMetVIE est une histoire d’amitié. Nicolas et moi nous connaissons depuis le lycée et nous avons toujours eu envie de nous associer, de nous appuyer sur notre complémentarité, donner du sens à notre vie, être utiles à la société. Tant de fois on a brainstormé sur des coins de tables à la recherche de LA bonne idée. Elle était finalement devant nous.

Tous les deux nous avons été confrontés à la dépendance de proches. Atteint de la maladie de Parkinson, mon grand-père avait besoin d’aménagements à son domicile, mais c’était compliqué de tout gérer qui plus est, à distance. J’ai demandé de l’aide à Nicolas et il est revenu non pas avec une solution mais une étude de marché complète !

En 2012, nous avons pris notre premier risque entrepreneurial en quittant nos jobs respectifs pour fonder DOMetVIE : un accompagnement clé en main pour aménager l’ensemble des pièces de l’habitat, de la conception à la finalisation, coordonner les différents corps de métier et même gérer l’aspect administratif. 

Quand on lance une société, tout le monde s’exclame : « Tu es fou ? Qu’est-ce-que tu fais ?… » Il ne faut pas se laisser polluer ; dès le départ, Nicolas et moi avions conscience que notre projet était ambitieux et nous étions déterminés, convaincus du potentiel. Mais au-delà de l’idée, prometteuse et vertueuse, nous étions face à une page blanche. Il a fallu tout écrire, se faire connaître auprès du milieu médico-social, trouver nos premiers clients…

Très vite, on a eu des résultats encourageants et la franchise s’est imposée comme une évidence pour se rapprocher de nos clients en dupliquant le modèle tout en limitant les moyens financiers. Elle nous a permis de nouer une véritable relation de co-construction avec des chefs d’entreprise. En quelques années, nous avons atteint des caps importants (création d’un service animation des franchises, d’une centrale d’achat interne, d’un service marketing) ; un ensemble de phases de structuration de la société… Jusqu’au Covid.

Le premier confinement a été très difficile, car il a fallu mettre l’activité totalement en suspens. Nos clients étant majoritairement des seniors, ils faisaient en plus partie des personnes à risque. Nous devions rassurer franchisés, salariés, tout en mettant en place une nouvelle méthode de travail, sans déplacement.

Nicolas et moi sommes persuadés que derrière chaque obstacle se tient une opportunité alors nous avons tenu bon. Nous sentions, qu’en sortie de crise, la société aurait encore plus besoin des services de DOMetVIE. C’est ce qui s’est passé. Nous recevions une centaine d’appels par jour, la quarantaine de franchises implantées sur le territoire n’arrivaient plus à couvrir les demandes. Nous avons fait une croissance à deux chiffres en 2021 puis 2022… Grisés par cette très forte progression, nous avons décidé d’accélérer en créant un modèle hybride et en embauchant des commerciaux. 

En six mois nous sommes passés de 30 à 80 salariés. Une croissance fulgurante avec son lot de difficultés. Il fallait tout à la fois recruter, suivre les activités, accompagner le réseau de franchise et nous n’avions pas, à l’époque les outils informatiques nécessaires pour cela. On s’est pris les pieds dans le tapis. Nos charges étaient énormes. Nous avions évidemment fait des business plans, des projections, mais tout cela restait finalement très théorique ; il y a toujours une part d’inconnu, notamment la gestion de l’humain. Nous avons commencé à nous retrouver en grande difficulté financière.

Pour gérer nos dettes, nous avons mis la société en sauvegarde. Psychologiquement, c’est très dur. Nous qui étions enivrés par les sommets, en haut d’une montagne, on a dégringolé d’un coup avec fournisseurs, banquiers qui nous ont tourné le dos, et des franchisés très inquiets pour leur avenir… Mais la sauvegarde, enclenchée au bon moment, a été une décision lucide et responsable qui nous a permis de nous retourner et refaire notre trésorerie. Au sein de l’entreprise, notre ligne de conduite a été la transparence. Mois après mois, nous avons détaillé notre stratégie. Tous les franchisés nous ont été fidèles, ils nous ont même apporté beaucoup de soutien. 

Nous avons mis en place un plan social et avons décidé de revenir à notre modèle initial en nous concentrant seulement sur la franchise. Nous sommes sortis du plan de sauvegarde en six mois et nous sommes repartis de zéro. Avec nos convictions toujours, mais il a fallu tout rebâtir. Evidemment, dans ces cas-là, le fait d’être deux est un atout : on se soutient, on est solidaire.

Depuis un an, étape par étape, nous avons de nouveau une croissance positive ; nos franchisés ont même réalisé + 30 % de chiffre d’affaire, ce qui est considérable. Notre objectif reste toujours qu’une agence DOMetVIE soit implantée à moins d’une heure de chaque Français. Mais nous avons retenu la leçon et nous savons désormais l’importance d’une croissance raisonnée et maîtrisée. L’apprentissage se poursuit. »


(vérifié par notre rédaction)

Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le Mickaël Cohen : « savoir gérer l’hypercroissance »

Origines de DOMetVIE : Créée par Mickaël Cohen et Nicolas Saumont en 2012, DOMetVIE est née de leur expérience personnelle face à la dépendance de proches. L’entreprise offre un service clé en main pour l’aménagement des domiciles des seniors, de la conception à la finalisation.

Développement initial par la franchise : La franchise s’est rapidement imposée comme une solution pour développer l’entreprise tout en limitant les moyens financiers. Cela a permis de structurer efficacement l’entreprise, notamment avec la création de services clés comme l’animation des franchises et une centrale d’achat interne.

Croissance post-Covid : Après un premier confinement difficile, DOMetVIE a connu une croissance à deux chiffres en 2021 et 2022. Pour répondre à la demande croissante, l’entreprise est passée de 30 à 80 employés en six mois, mais cette croissance rapide a entraîné des difficultés opérationnelles et financières.

Plan de sauvegarde : Face aux difficultés financières, l’entreprise a été mise en sauvegarde. Cette décision lourde mais nécessaire a permis de stabiliser les finances et de regagner la confiance des franchisés et des partenaires. La transparence et le soutien des franchisés ont été cruciaux.

Retour à une croissance raisonnée : Après la période de sauvegarde, DOMetVIE a recentré son modèle sur les franchises, ce qui a permis de repartir sur des bases solides. L’entreprise connaît de nouveau une croissance positive, avec des franchisés réalisant +30 % de chiffre d’affaires. La leçon apprise : une croissance doit être raisonnée.

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