Avec l’IA, les observateurs s’attendent davantage à une évolution des métiers qu’à leur disparition pure et simple.
La franchise reste dans l’incertitude quant à l’impact de l’IA sur l’emploi. Et pour cause. D’une part, l’utilisation de ces technologies n’en est encore qu’à ses débuts. D’autre part, les 950 000 emplois directs ou indirects du secteur se répartissent dans des activités très variées, une caractéristique qui interdit toute généralisation. “Malgré les nombreuses études existantes, le sujet demeure très spéculatif”, prévient le sociologue Yann Ferguson, de l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique. Une chose est sûre, néanmoins, “tous les domaines seront concernés par l’IA, avec notamment une automatisation annoncée des tâches administratives ou juridiques”, souligne Antonin Bergeaud, professeur à HEC Paris.
Intelligence articificielle : des impacts variés sur l’emploi
“Nos hypothèses de travail, c’est qu’il y aura des impacts positifs et négatifs”, résume prudemment Saloua Bennaghmouch-Maire, maîtresse de conférences, qui vient de lancer un appel à projet de recherche sur les effets de l’IA sur l’emploi dans la franchise. Avec une intuition : “Ces outils aideront peut-être à développer un réseau, mais ils ne pourront se substituer à l’humain.”
Les professionnels anticipent en effet avant tout une transformation ou une évolution de certains métiers précis. Grâce à l’IA, les franchiseurs devraient bénéficier d’un coup de pouce dans la finance, la communication, le marketing, la gestion des stocks ou encore dans la formation des franchisés. “Avec des conséquences sur l’emploi faibles, car ces structures d’encadrement comptent peu de salariés”, estime Laurent Dubernais, le patron de Synergee, une société spécialisée dans le traitement de données pour les réseaux de franchise. Parole d’expert : son entreprise a elle-même développé des outils pour générer de façon automatisée des analyses financières. ” De quoi éviter de saisir à la main des liasses fiscales, libérer ainsi des ressources et donner plus de temps à la direction financière pour analyser les comptes des franchisés et mieux les conseiller.” Un changement de tâches pour les intéressés, sans réelle évolution des effectifs.
Les usages de l’intelligence artificielle sur le marché du travail
Du côté des franchisés, Valoris développement, le franchiseur du réseau d’agences d’intérim Temporis, planche sur la rédaction de prompts, ces requêtes saisies par un utilisateur pour lancer une conversation avec une IA générative. Dans un but précis : aider ses franchisés à mieux rédiger des offres d’emploi. “Il y a là un gisement de productivité important, note David Calmejane, le responsable qualité. Une agence classique doit entretenir entre 40 et 50 annonces en ligne, qu’il faut parfois réécrire pour les rendre plus performantes. Ce travail est extrêmement chronophage alors que ce temps pourrait être consacré à recevoir en agence.
“Aussi Valoris développement prépare-t-elle un séminaire de quelques jours pour sensibiliser ses équipes à ces évolutions. “Si l’IA est bien intégrée dans le poste du franchisé, il n’y aura pas besoin de formation”, estime Stéphane Roder, qui dirige le cabinet de conseil AI Builders.
Cependant, la crainte du chômage provoqué par l’IA persiste. Les outils destinés à la surveillance du commerce de détail, en particulier, soulèvent des inquiétudes. “Ces solutions reviennent in fine à supprimer des postes d’agent de sécurité ici au profit de travailleurs du clic à l’étranger”, dénonce Sylvain Macé, de la fédération des services CFDT. Des techniques qui, à ses yeux, ne sont ni “intelligentes” ni “artificielles”, mais auront au contraire des effets bien réels sur l’emploi.
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur l’IA et son impact encore flou sur l’emploi.
Évolution plutôt que disparition des métiers : Bien que l’impact de l’IA sur l’emploi soit actuellement incertain, les experts prédisent une transformation des métiers plutôt qu’une disparition pure et simple. L’automatisation des tâches administratives ou juridiques est anticipée, mais il est peu probable que l’IA se substitue complètement à l’humain.
Impacts variables selon les secteurs : Les 950 000 emplois directs ou indirects dans la franchise couvrent une diversité d’activités, rendant toute généralisation difficile. Les impacts de l’IA pourraient être positifs ou négatifs selon les secteurs, influençant des domaines comme la finance, la communication, le marketing, la gestion des stocks et la formation sans nécessairement réduire les effectifs.
IA et productivité interne : Des outils d’IA, comme ceux développés par Synergee, automatisent les analyses financières, libérant du temps pour des tâches analytiques et consultatives. Cette transformation redéfinit les tâches des employés sans modifier les effectifs de manière significative.
Optimisation des processus pour les franchisés : Des réseaux comme Temporis utilisent l’IA pour optimiser la rédaction d’annonces d’emploi, augmentant ainsi la productivité. Un séminaire de formation est prévu pour sensibiliser les équipes à l’utilisation de ces outils, soulignant l’importance de l’intégration réussie de l’IA dans les postes de travail.
Inquiétude persistante sur l’emploi : Malgré les avantages potentiels de l’IA, des craintes subsistent quant à la suppression d’emplois, notamment dans le domaine de la surveillance du commerce de détail. Ces outils, critiqués pour transférer des emplois locaux vers des “travailleurs du clic” à l’étranger, pourraient avoir des effets négatifs bien réels sur l’emploi.