Dans son étude publiée le 27 novembre 2025, Bpifrance anticipe une envolée du nombre de transmissions d’entreprises. A condition de s’affranchir de nombreux freins.
« Avec 40 % de dirigeants de TPE-PME-ETI comptant transmettre leur entreprise d’ici 2030, la transmission-reprise d’entreprise est un enjeu fondamental pour l’économie et l’emploi en France » a souligné Eric Versey, Directeur exécutif du Financement et Réseau de Bpifrance lors de la présentation ce jeudi d’une étude sur la transmission-reprise pilotée par Bpifrance Le Lab.
Réalisée en partenariat avec CCI France, CMA et le CRA, l’enquête, basée sur les réponses de 5000 dirigeants, chiffre un potentiel de 370 000 entreprises à céder dans les cinq prochaines années.
Transformer les intentions en cessions effectives
D’après les calculs de Bpifrance, 310 000 TPE, 58 000 PME et 1 200 ETI pourraient ainsi passer la main d’ici 2030. Ces chiffres sont toutefois à nuancer car si le volume actuel des transmissions se maintient, seules 130 000 seront transmissibles. Il y a donc urgence à transformer les intentions en cessions effectives et à accompagner les cédants dans la concrétisation de leurs projets. Beaucoup sont encore incertains et peu préparés : 70 % des dirigeants ayant prévu de céder dans un an et plus n’en sont en effet qu’au démarrage du processus, c’est-à-dire en phase de réflexion ou de collecte d’information. Et 80 % déclarent qu’ils reporteront leurs opérations s’ils n’arrivent pas à transmettre en temps voulu.
Des projets de transmission plus nombreux dans les petites structures
Dans le détail, les intentions de transmission sont particulièrement élevées dans le tourisme (54%), les transports (46 %) et le commerce (46 %), ce dernier secteur représentant 86 000 entreprises potentiellement transmissibles.
Les velléités de cession se fragmentent toutefois selon la taille des entreprises. Plus elles sont petites, plus les intentions de changement de main sont fortes : elles s’élèvent ainsi à 40 % chez les dirigeants de TPE (de 1 à 9 salariés), à 36 % chez ceux de PME (10 à 249 salariés) et s’effondrent à seulement 23 % pour ceux d’entreprises de taille intermédiaire (ETI). L’étude note également de fortes disparités régionales : la Bretagne, l’Occitanie et l’Auvergne-Rhône-Alpes comptent plus de 45 % de dirigeants enclins à vendre leur affaire. Les intentions tombent à moins de 30 % dans la région Nord.
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Des freins persistants, des attentes précises
Au-delà des chiffres, l’étude pointe du doigt un certain nombre de difficultés susceptibles d’entraver les opérations. L’absence de repreneurs est citée comme un obstacle par 19 % des cédants, devant la complexité des démarches administratives (14 %). Cette difficulté d’appariement entre les cédants et les repreneurs s’explique par un marché caché prédominant et la méfiance de publier une annonce de vente sur les plateformes spécialisées par crainte d’une dévalorisation de l’entreprise.
La psychologie freine également le passage à l’action, certains experts parlant même d’un accompagnement au « deuil » nécessaire pour certains cédants. Si la pérennité de l’activité est prioritaire pour 48% des cédants, les qualités humaines du repreneur arrivent après (40 %), suivi par son expérience (38 %) et sa capacité financière (29 %).
Dans cette quête d’un « héritier », le critère prix de vente élevé n’est jugé déterminant que pour 14 % des cédants. Enfin, la peur du vide effraie et peut retarder les projets. « Le cap est d’autant plus difficile à passer que la moitié des dirigeants n’a pas défini de projet post-transmission. Il faut les aider à se projeter sur leur vie d’après, au risque qu’ils jettent l’éponge et cessent leur activité » a commenté Nicolas Bonnet, directeur général de CCI France.
Un profil de cédant plus jeune émerge
De façon surprenante, l’âge des cédants ne semble plus être le seul facteur de cession. Si 64 % des intentions de transmission sont déclenchées en prévision d’un départ en retraite, la majorité des opérations de cession observées est toutefois initiée par des dirigeants de moins de 60 ans. Les résultats de l’enquête mettent en évidence un nouveau profil de cédant, plus jeune (moins de 50 ans), souhaitant transmettre son entreprise, soit en raison d’une charge de travail ou psychologique trop importante, soit par volonté de « changer d’air » et de se renouveler.
Contrairement à ses aînés, ce cédant nouvelle génération dispose généralement d’un projet post-transmission bien défini, notamment dans une nouvelle activité entrepreneuriale.
Objectif transmission pour Bpifrance
Pour fluidifier le marché, Bpifrance a décidé de placer la transmission « au cœur de sa stratégie ». La banque d’investissement qui a lancé un « Prêt Croissance Transmission » cet été et mis en place une « Bourse de la transmission » s’est fixée trois objectifs : augmenter le nombre d’opérations de transmission, sécuriser les opérations en renforçant le soutien aux repreneurs et co-animer l’écosystème pour sensibiliser les porteurs de projet à la reprise.
NOTRE RÉSUMÉ EN
5 points clés de l'article
PAR L'EXPRESS CONNECT IA
(VÉRIFIÉ PAR NOTRE RÉDACTION)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : le profil des 370 000 dirigeants souhaitant transmettre leur entreprise d’ici 2030.
Profil des cédants
La France compte un potentiel de 370 000 entreprises à transmettre d’ici 2030, majoritairement des TPE. Un profil de cédants plus jeune émerge, souvent âgé de moins de 50 ans, motivé par la charge de travail ou l’envie de se renouveler.
Intentions et réalité du marché
Si 40 % des dirigeants envisagent de céder, seules 130 000 transmissions pourraient réellement se concrétiser faute de préparation. La majorité des dirigeants en sont encore aux premières réflexions, ralentissant le passage à l’acte.
Secteurs et régions les plus concernés
Les intentions de cession sont fortes dans le tourisme, les transports et le commerce. Les régions Bretagne, Occitanie et Auvergne-Rhône-Alpes se distinguent, avec plus de 45 % de dirigeants prêts à transmettre, contrairement à la région Nord, sous les 30 %.
Les freins à la transmission
Le manque de repreneurs, la complexité administrative et la peur de dévaloriser son entreprise freinent les cédants. La dimension psychologique reste centrale, notamment l’absence de projet post-transmission pour la moitié des dirigeants.
L’action de Bpifrance
Pour fluidifier le marché, Bpifrance renforce son action avec un Prêt Croissance Transmission et une Bourse de la transmission. Objectifs : augmenter, sécuriser et mieux accompagner les opérations, tout en sensibilisant l’écosystème à la reprise d’entreprise.











