En 1981, avec la victoire à l’élection présidentielle de François Mitterrand, le marché « actions » français fut sans-dessus-dessous. Le lendemain de l’élection, le 11 mai, la bourse de Paris, logée alors au Palais-Brongniart, avait ouvert avec une demi-heure de retard. Les ventes étaient si importantes que la plupart des valeurs ne purent être cotées. Étaient, en premier lieu concernées les entreprises sujettes à être nationalisées. Les valeurs qui réussirent à être cotées perdirent entre 8 et 12 %. Il a fallu attendre 1984 pour renouer avec une hausse du marché boursier. Depuis, la politique intérieure comme extérieure a eu peu voire pas d’influence sur le cours de l’économie. Les alternances étaient moins franches et la guerre froide avait laissé la place à la mondialisation. Les grandes entreprises se sont internationalisées et sont devenues moins dépendantes des aléas des marchés nationaux et notamment de celui de la France.
Le retour du politique et ses conséquences économiques récentes
Depuis l’épidémie de Covid-19, l’économie est davantage sujette au facteur politique. Les confinements ont arrêté l’activité, les entreprises bénéficiant alors de soutiens massifs de la part des pouvoirs publics. La guerre en Ukraine a, par ailleurs, marqué le retour au premier plan de la géopolitique, un retour confirmé avec les évènements du 7 octobre 2023 au Proche-Orient. Les pays européens ont du s’organiser pour éviter des ruptures d’approvisionnement en particulier pour le gaz et le pétrole. Les gouvernements ont été contraints de mettre en place de nouvelles aides pour limiter les effets de la hausse des prix sur les ménages et les entreprises. Ils sont aujourd’hui obligés d’augmenter leur effort de défense après avoir engrangé, durant des décennies, les bénéfices de la paix. La transition écologique s’accompagne également d’une montée de l’interventionnisme étatique en France comme dans les autres pays de l’OCDE. Aux États-Unis, le gouvernement fédéral, avec l’Inflation Reduction Act, dépense des centaines de milliards de dollars afin de favoriser l’investissement. L’Union européenne fait de même avec son Pacte vert (Green Deal). La réindustrialisation est au cœur des politiques publiques. Enfin, les tensions commerciales entre l’Occident et la Chine se traduisent par une hausse des droits d douanes et la multiplication des sanctions commerciales.
Ce retour du politique dans la vie des affaires intervient dans un contexte financier particulier, marqué par un recours accru à l’endettement public. Les taux d’intérêt sont suivis tant par les acteurs privés que les acteurs publics. Leur progression rapide est susceptible d’arrêter l’économie et de poser d’éminents problèmes de solvabilité. Les banques centrales, supposées indépendantes, sont amenées à piloter avec doigté leur politique monétaire.
Les populations, en France, comme dans les autres pays occidentaux, demandent aux gouvernements une amélioration de leur condition de vie après des années difficiles. Cette attente légitime suppose une augmentation du volume de travail et le redressement de la productivité. Une levée des contraintes pesant sur la production, un effort accru de formation, une augmentation des investissements dans les hautes technologies et une confiance plus élevée dans l’avenir sont indispensables. Le politique pourra, sans nul doute, y contribuer mais n’y parviendra pas seul, la mobilisation de toutes et tous étant nécessaire.