Créée en 2014 par Carrefour, la foncière Carmila est aujourd’hui propriétaire et gestionnaire de 168 centres commerciaux en France. Son directeur commercial, Eric Robert, nous explique comment il travaille avec les réseaux et comment il sélectionne les enseignes. Interview.

Pouvez-vous nous présenter Carmila et plus particulièrement le pan de son activité franchise ?
Eric Robert : Carmila est la troisième société cotée de centres commerciaux en Europe derrière Unibail-Rodamco-Westfield et Klépierre. Nous gérons 251 centres commerciaux en France, en Espagne et en Italie. En France, nos 168 sites sont attenants à des hypermarchés Carrefour, principalement en périphérie de grandes villes. Nous exploitons de très gros centres commerciaux comme BAB2 à Anglet (64), Cité Europe à Coquelles (62), Nice Lingostière mais aussi de petites galeries commerciales avec une quinzaine de commerçants. En 2024, 90 nouvelles enseignes ont choisi de s’implanter pour la première fois dans un de nos centres (Lego, Rossmann, Signorizza…) et d’autres y poursuivent leur développement (Crêpe Touch, Adopt, Rituals, KFC, Pitaya, O’Tacos, Intersport, Léonidas, Happy Cash, Dream Donuts…). Au total, nous avons signé 942 baux pour un taux d’occupation record de 96,7 % à fin 2024.
Carmila a lancé en 2020 une entité Franchise et Développement. Quel est l’objectif ?
Eric Robert : La franchise est un levier de développement majeur pour nos centres commerciaux. Sur nos 6 400 locataires, 40 % sont des commerçants indépendants ou franchisés, ce qui est loin d’être négligeable. Notre entité Carmila Franchise répond à deux besoins identifiés, l’un côté franchiseur, l’autre côté franchisé. Nous proposons d’une part aux têtes de réseaux à la recherche de locaux de s’implanter dans nos centres avec des candidats à la franchise validés par nos soins. Nous rencontrons les franchiseurs chez eux, au siège de l’entreprise, nous étudions le business model, vérifions leur plan de développement, la rentabilité des points de vente, la progressivité du chiffre d’affaires, nous travaillons avec eux les projections de loyer, le taux d’effort… Si cela correspond aux villes dans lesquelles nous sommes présents, nous étudions avec eux les opportunités d’implantation. Nous nous adressons d’autre part aux candidats à la franchise ou aux franchisés déjà en activité qui souhaitent se développer en centre commercial avec une nouvelle enseigne. Nos équipes régionales, en veille permanente, les rencontrent et font la mise en relation avec les enseignes intéressées.
Le coût du loyer est souvent considéré comme un frein pour les réseaux. Quels arguments faites-vous valoir pour que les enseignes s’implantent dans vos centres ?
Eric Robert : Nous nous adaptons aux besoins de chaque enseigne grâce à une large palette de solutions allant du bail commercial classique aux formats éphémères tels que les pop-up et les kiosques de quelques mètres carrés. Cette flexibilité permet d’innover et de proposer des formats agiles. En 2024 par exemple, Truffaut et La Chaise Longue, habituellement sous bail classique, ont testé des boutiques éphémères. Nous menons également des projets de rénovation et de restructuration de nos centres avec l’objectif de créer de la valeur pour tous. Confort, propreté, praticité, performance énergétique, animation commerciale… Tous ces éléments fondamentaux sont gages de performance pour les enseignes qui nous rejoignent.
Les grands centres commerciaux évoluent vers des modèles hybrides mêlant retail, restauration et divertissement. Quels types d’enseignes cherchez-vous à attirer aujourd’hui ?
Eric Robert : Nous veillons à l’attractivité de nos centres avec la présence de locomotives incontournables mais aussi de concepts innovants et nouveaux. En restauration par exemple, nous cherchons à diversifier l’offre : le premier Bi-store en France de “O’Tacos et G La Dalle” ouvrira prochainement à Cité Europe (Coquelles) et Berliner das Original à Labège 2. L’offre de nos centres doit s’adapter aux mutations et aux attentes des consommateurs qui attendent du lien social et de l’expérience. Pour cela, nous souhaitons intégrer davantage d’enseignes spécialisées dans le loisir, le discount, la santé-beauté et les services. En diversifiant ainsi les usages, nos centres, qui accueillent plus de 600 millions de visiteurs chaque année, jouent pleinement leur rôle de lieu de vie.
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Comment la foncière Carmila choisit les enseignes présentes dans ses centres commerciaux ?
Présentation de Carmila : Carmila, fondée en 2014 par Carrefour, gère 168 centres commerciaux en France, principalement adossés à des hypermarchés. Elle se positionne comme la troisième foncière de centres commerciaux en Europe, avec un taux d’occupation de 96,7 % à fin 2024 et 90 nouvelles enseignes qui se sont implantées récemment.
Lancement de l’entité Franchise et Développement : Créée en 2020, cette entité vise à stimuler l’implantation de franchises dans les centres commerciaux de Carmila. Environ 40 % des 6400 locataires sont des commerçants indépendants ou franchisés, témoignant de l’importance de ce modèle pour le développement.
Flexibilité des offres de location : Carmila propose une variété de solutions de location, allant des baux classiques aux formats éphémères comme les pop-up stores, pour attirer les enseignes malgré les préoccupations liées aux coûts de loyer. Cette flexibilité contribue à l’innovation et à l’attrait des centres commerciaux.
Évolution vers des modèles hybrides : Les centres commerciaux s’orientent vers des dispositifs mêlant retail, restauration et divertissement, afin de répondre aux nouvelles attentes des consommateurs. Carmila cherche à intégrer des enseignes diversifiées, incluant des concepts uniques en restauration et des services liés à la santé et au bien-être.
Un lieu de vie : Avec plus de 600 millions de visiteurs chaque année, Carmila met l’accent sur la création d’espaces de vie qui offrent des expériences riches et sociales, en veillant à s’adapter aux attentes changeantes des consommateurs modernes.