Le modèle coopératif permet-il de faire carrière autrement ? Éric Plat, aujourd’hui PDG de la coopérative Atol, a connu un parcours qui l’a mené du terrain à la direction générale. Pour L’Express Franchise, il revient sur les étapes de son ascension et ce que permet, selon lui, ce modèle singulier.
Interview d’Eric Plat, PDG d’Atol
Vous êtes aujourd’hui PDG d’Atol. Quel a été votre parcours jusqu’à ce poste ?
Eric Plat : J’ai d’abord suivi une formation d’opticien à Morez, dans le Jura — berceau de la lunetterie — que j’ai renforcé avec un diplôme d’école de commerce. Mon but à l’époque était très clair : m’épanouir dans l’industrie lunetière. Diplôme en poche, j’ai travaillé chez un grand fabricant français de lunettes, puis j’ai monté une école de formation pour les opticiens. Ce fut pour moi l’occasion de montrer ce de quoi j’étais capable, puisqu’il fallait tout construire : l’ingénierie pédagogique, l’animation, la gestion… Mais j’ai beaucoup appris et rencontré plein de monde. Pour l’anecdote, j’ai créé cette formation au moment où l’informatique se popularisait doucement. J’ai donc décidé d’investir dans du matériel de projection et c’est devenu ma marque de fabrique, mon signe distinctif.
Dans un marché peuplé d’opticiens indépendants, j’ai ouvert mon propre magasin d’optique à Bordeaux tout en continuant à animer des formations. Mais je me suis vite rendu compte que je voulais vivre une réussite collective, créer du sens à plusieurs et que la solitude n’était pas pour moi, du moins, pour mon avenir. C’est là que j’ai rejoint Atol, qui n’était qu’une petite coopérative à l’époque, avec 200 points de vente.
Vous entrez chez les opticiens Atol comme adhérent… puis vous gravissez les échelons jusqu’à la présidence ?
Eric Plat : Oui, ce qui m’a tout de suite plu, c’est que la coopérative était en développement, avec une vraie ouverture pour qui voulait s’impliquer. J’ai intégré le conseil d’administration au début, puis je suis devenu administrateur pendant une quinzaine d’années. En 2008, on m’a proposé le poste de vice-président, dans l’idée de prendre la suite. Je suis devenu PDG en 2010, à 42 ans.
Est-ce que ce parcours aurait été possible dans une autre structure que la coopérative ?
Eric Plat : Je ne pense pas. Dans les entreprises classiques, surtout en France, on est très accroché aux diplômes. Il y a un plafond de verre pour les profils atypiques. Dans une coopérative, si vous avez envie de contribuer, si vous vous engagez, vous pouvez accéder à des fonctions très importantes, même sans parcours académique standard.
BON À SAVOIR
Plusieurs enseignes très connues en France sont organisées en coopératives, telles qu’Intermarché, Coopérative U, Culinarion, Running Conseil, Intersport, Leclerc
Qu’est-ce qui distingue la coopérative d’un autre modèle de gouvernance ?
Eric Plat : La coopérative, c’est un système où chacun peut apporter autant qu’il prend. Vous faites partie du modèle, vous contribuez à son évolution. En revanche, il faut aimer jouer collectif.
Ce qui compte dans une coopérative fonctionnelle et pérenne, c’est la qualité de l’écoute, l’échange entre pairs. Une bonne coopérative, c’est une structure qui laisse parler tout le monde, qui écoute ses membres et ses clients et qui sait s’adapter. Par exemple, chez Atol, notre conseil d’administration est composé d’adhérents élus. Ce sont eux qui décident, dans une logique ascendante.
Avez-vous dû faire bouger les lignes une fois en poste ?
Eric Plat : Dans la logique des choses, oui, en prenant mon dernier poste. En tant qu’adhérent, j’ai moi-même bénéficié d’une structure coopérative, j’ai donc voulu partager et renforcer ces atouts. Avec l’aide de mon équipe, nous avons créé un lien plus fort avec les opticiens dans une logique de co-construction, revu le concept magasin, transformé la structure en nous appuyant sur des ambassadeurs. C’est ce qu’on a appelé le plan Transform Atol.
Je suis aussi devenu président de la Fédération du Commerce Coopératif et Associé en 2015. Ce rôle m’a permis de rencontrer d’autres dirigeants de coopératives, d’apprendre de leurs expériences. Ça a structuré ma réflexion.
Que diriez-vous à un entrepreneur qui hésite à rejoindre une coopérative ?
Eric Plat : D’abord : informez-vous bien sur la culture interne. Ensuite, entrez-y avec la volonté de vous investir. Si vous venez uniquement pour prendre, vous serez déçu. Si vous venez pour contribuer, alors vous découvrirez un modèle où l’on peut grandir, ensemble. Moi, c’est grâce à ce modèle — et le sens qu’il a chez Atol — que j’ai pu le faire.
Quand on fait le choix de grandir pendant son activité plutôt que ses études, il existe d’autres voies. La coopérative semble idéale pour certains profils qui ont envie de faire équipe. Pensez-y si vous vous retrouvez dans les mots d’Éric Plat.
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Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(Vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Le parcours d’Éric Plat, PDG d’Atol, et la réussite dans une coopérative.
Un parcours atypique :
Éric Plat a suivi un parcours non conventionnel, en ayant travaillé pour un fabricant de lunettes puis en créant une école pour opticiens. Après avoir ouvert son propre magasin à Bordeaux, il s’est tourné vers la coopérative Atol pour vivre une réussite collective.
L’attractivité du modèle coopératif :
Ce modèle permet à ceux qui s’engagent et contribuent de progresser, même sans avoir un parcours académique traditionnel. Contrairement aux entreprises classiques, les coopératives n’ont pas de plafond de verre pour les profils atypiques.
Un environnement propice à l’ascension :
Chez Atol, Éric Plat a grimpé les échelons en s’investissant au sein du conseil d’administration avant de devenir vice-président en 2008 puis PDG en 2010, soulignant la dynamique de croissance offerte par la coopérative.
L’importance du collectif et de l’écoute :
Le modèle coopératif repose sur un système où chacun peut apporter et recevoir. L’écoute, la communication entre pairs et l’adaptation sont des valeurs fondamentales qui renforcent la cohésion et la performance d’une coopérative.
Conseils pour les entrepreneurs :
Éric Plat encourage ceux qui envisagent de rejoindre une coopérative à bien se renseigner sur la culture interne et à adopter une attitude contributive. Ce modèle permet de grandir ensemble en apportant un véritable sens à son activité.











