Née en 2002 sur le bassin d’Arcachon, French Coffee Shop fait aujourd’hui partie des leaders du Coffee Shop en France. Le concept est né dans l’esprit des fondateurs à leur retour des États-Unis. Reprise en 2020 par Pierre et Carole Stupfel, anciens exploitants des French d’Arcachon et de Lormont, l’enseigne a entamé une grande phase de restructuration, de modernisation et de digitalisation du concept, tout en préservant son âme de véritable Coffee Shop.
Pierre et Carole Stupfel connaissaient parfaitement le réseau French Coffee Shop avant même de le racheter puisqu’ils étaient auparavant franchisés de l’enseigne. Une position qui a facilité leur prise de poste en tant que franchiseurs. Pourquoi avoir choisi de devenir franchiseurs ? Comment ont-ils été accueillis par les franchisés ? À quelles interrogations ont-ils dû répondre ? Carole Stupfel nous raconte ce passage de franchisés à franchiseurs. Interview.
Vous avez repris en 2020, le réseau French Coffee Shop. Qu’est-ce qui vous a incités à passer de franchisés à franchiseurs ?
Carole Stupfel : À l’époque où nous étions franchisés du réseau, nous nous entendions extrêmement bien avec les créateurs de l’enseigne. Ce sont eux qui nous ont donné l’idée de prendre leur relève un jour en nous disant qu’avec nous dans leur équipe, ils auraient pu faire avancer le réseau plus rapidement. Mon mari, Pierre, a gardé cette idée en tête quand nous avons quitté French pour devenir franchisés Del Arte, où nous avons découvert ce qu’était une franchise très structurée et cadrée.
Un peu trop à l’étroit dans ce cadre, nous avons commencé à travailler sur la suite de notre futur professionnel et Pierre a commencé à nous imaginer reprendre French Coffee Shop. Nous avons donc rappelé Dany et Fabienne Videcoq pour leur demander s’ils souhaitaient vendre le réseau French Coffee Shop. C’était le cas et nous nous sommes positionnés.
Quels ont été vos premiers chantiers une fois arrivés à la tête du réseau ?
Carole Stupfel : Nous avons signé le 16 mars 2020, soit le jour de l’annonce du 1er confinement. Une fois le choc passé, nous avons dû rebondir rapidement. Et sommes repartis au bureau surmotivés dès le lendemain. Les points de vente étant fermés, nous nous sommes dit que c’était l’occasion de joindre nos franchisés sans les déranger en plein travail. Notre tout premier job a donc été de reprendre contact avec l’ensemble des French, et notamment ceux avec lesquels le contact avait été rompu ou presque, ceux qui travaillaient de manière complètement indépendante.
Ensuite, pour structurer le réseau et les services à proposer aux franchisés, nous avons recruté une équipe aux compétences diverses avec en priorité les embauches de Frédérick, notre responsable travaux et Julie Anne, notre directrice Réseau et Marketing. Elle est diplômée d’un master en développement en franchise ainsi que d’un master en Marketing Digital. Elle nous a aidé à nous cadrer et à produire tous les éléments qui nous manquaient, à savoir la rédaction du plan de maîtrise sanitaire et du manuel opératoire, tout en mettant en place le service communication. Pierre quant à lui, s’est occupé de travailler avec nos fournisseurs sur les produits et il a pris en charge l’animation du réseau.
De franchisés à franchiseurs : comment vous-êtes vous préparés à ce changement de casquette ?
Carole Stupfel : Je ne sais pas si on peut vraiment se préparer en ayant nos parcours professionnel de base. Mais nous avons bénéficié d’une passation d’un an avec nos prédécesseurs. Ils nous ont donné accès à tous leurs éléments passés et présents et nous ont consulté pour tous les sujets relatifs au futur de l’enseigne. Pierre et moi avons décidé ensemble des grands chantiers à mener et choisi une ligne directrice.
Ensuite, nous avons traité au cas par cas les sujets qui se présentaient. Nous avons choisi de nous faire accompagner par des experts de la franchise pour certains aspects plus généraux.
Qu’avez-vous voulu conserver dans le réseau ?
Carole Stupfel : La proximité avec les franchisés ! Nos prédécesseurs étaient extrêmement proches des franchisés : ils animaient les formations, ils étaient présents pour les ouvertures, faisaient une partie des travaux, etc. Bien que nous ayons redéfini les tâches de chacun, nous voulions conserver cette proximité avec les franchisés mais aussi avec les candidats à la franchise. Nous dispensons encore la formation initiale et Pierre se charge des assistances à l’ouverture.
C’est beaucoup de travail en plus de nos activités respectives au sein de la tête de réseau mais c’est encore possible et c’est en cela que nous faisons une vraie différence avec certains de nos confrères. On garde un pied dans l’opérationnel afin de ne pas trop nous éloigner du quotidien des franchisés et cela facilite réellement les rapports franchisés/franchiseurs au quotidien.
Comment les franchisés ont-ils accueilli ce changement de tête de réseau ?
Carole Stupfel : Très bien. Cela s’est fait en plusieurs étapes puisque nos prédécesseurs ont d’abord annoncé qu’ils allaient vendre. Bien sûr cela a été comme un coup de tonnerre ! Les franchisés étaient inquiets de savoir qui allait reprendre le réseau. Ensuite, ils ont annoncé en convention annuelle qu’ils avaient trouvé des repreneurs : les franchisés en place avaient un peu peur que ce soit un groupe et que le réseau perde de son sens. Et enfin, ils ont révélé , après la signature, que ce serait nous les repreneurs. Une fois cette annonce faite, nous avons reçu plusieurs messages de félicitation de franchisés ravis que l’enseigne soit reprise par des anciens du réseau.
À quelles interrogations avez-vous dû répondre lors de cette reprise ?
Carole Stupfel : Dans un premier temps nous avons écouté les franchisés, certains avaient vraiment besoin de parler, d’être écoutés et entendus. Ensuite, compte tenu du contexte dans lequel nous avons racheté, les premières questions étaient liées aux problématiques covid. Nous avons aidé les franchisés en leur fournissant des documents, des visuels, des synthèses et des informations sur leurs démarches administratives pour les aides du gouvernement. Les premières « vraies » questions auxquelles nous avons dû répondre concernaient notre vision pour le futur du réseau : quelle serait notre stratégie pour les ouvertures ? Est-ce que nous allions changer les conditions des contrats ? Ce que nous voulions apporter comme changements au réseau ? Etc.
Enfin, nous savions qu’il fallait que nous arrivions avec des propositions concrètes, solides et qui apporteraient un plus au réseau : travailler les tarifs et les avantages avec les fournisseurs, mettre en place un service de communication, arriver avec des outils et un cadre différent. Mais il fallait changer doucement, parce que c’est un réseau qui ,depuis 20 ans, était habitué à travailler différemment.
Comment les franchisés ont-ils accueilli ces propositions ?
Carole Stupfel : C’était important pour nous de présenter notre vision et de voir si les gens adhéraient ou pas. Dans une très grande majorité, les franchisés étaient satisfaits : beaucoup d’entre eux étaient demandeurs de changements et d’un peu plus de cadre et de structure. Quelques-uns, de manière anecdotique, n’ont pas adhéré, parce que cela faisait trop longtemps qu’ils fonctionnaient différemment dans leurs points de vente. Ainsi, nous avons eu quelques fermetures ou reventes. Mais dans l’ensemble, le projet a été très bien accueilli, les retours sont extrêmement positifs.
Comment se porte le réseau French Coffee Shop aujourd’hui et quels sont vos prochains projets ?
Carole Stupfel : Le réseau se porte extrêmement bien et se trouve dans une phase de développement. Les chiffres d’affaires ont largement dépassé ceux de 2019. Nous avons moins de points de vente qu’à la reprise, et pourtant nous faisons un chiffre d’affaires bien plus conséquent.
Nous sommes en train de développer différents outils digitaux à disposition des franchisés, qu’ils utilisent bien.
Au niveau des ouvertures, nous avons déjà quatre ouvertures prévues d’ici juin. Nos franchisés nous renouvellent leur confiance puisqu’ils sont plusieurs à avoir ouvert ou vouloir ouvrir des seconds points de vente. Bien sûr, nous cherchons aussi de nouveaux franchisés et pour y parvenir, nous avons souscrit à différentes plateformes dont What The Franchise.
Enfin, l’un de nos gros chantiers, si ce n’est le plus gros chantier pour le futur sera de développer la notoriété de French qui n’a pas à rougir face aux autres enseignes.