Les vœux de la Fédération du Commerce Coopératif et Associé ont été l’occasion de comprendre les préoccupations des Français mais aussi de voir comment la filière s’organise pour tenter de pallier des rentabilités parfois en berne. Explications.
Des Français très angoissés
2025, année internationale des coopératives décrétée par l’ONU ! Évidemment la Fédération du Commerce Coopératif et Associé (FCA) entend bien surfer sur cette vague pour faire connaître et développer son modèle de gouvernance spécifique. Pour cela, les adhérents de cette fédération vont devoir composer avec un contexte économique contraint et des Français plus angoissés que jamais selon l’étude Ipsos « Fractures françaises 2024 : une crise de confiance ».
Le 28 janvier dernier, lors de la présentation de ses vœux, la FCA a invité Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos, à partager sa vision de l’état du pays et de ses concitoyens. « Les Français sont habités par une angoisse de disparation », prévient-il. Et là, le tableau est très noir. « 87% des Français sont déclinistes dont un tiers pensent que le déclin de la France est irréversible. D’autres Français ont le sentiment d’être dissous dans la mondialisation. D’autres encore ont également peur d’une submersion migratoire ou peur de l’autre. On parle même d’altérophobie. Deux tiers de Français pensent même qu’une guerre mondiale est possible. Et ça c’est nouveau », constate Brice Teinturier.
Cette angoisse de la disparition génère une demande de protection très puissante. « On voit par exemple que la réforme des retraites a du mal à se mettre en place », illustre-t-il. Pour affronter cette situation angoissante, les Français adoptent des scénarii différents selon leurs croyances. « Il y a ceux qui affrontent le monde en faisant une analyse fine et en se basant sur la science et les chiffres. Les conspirationnistes, qui face à un monde complexe, misent sur une simplification à outrance des choses. Ceux également qui se rattachent au passé. Et ceux qui prônent un retour à la nature », analyse-t-il. Tous ont un point commun, ils se replient sur eux et veulent se protéger.
Mais aussi des Français (certes moins nombreux) confiants
Il y a aussi une autre France. « Certes moins nombreuse, entre 30 et 35 % des Français, qui voient plutôt le verre à moitié plein. Pour eux, le lien social au niveau territorial est bon et ils ne présentent pas de tendance au déclinisme. Selon eux, il est possible de s’en sortir car le pays à des ressources. Ils se projettent dans l’avenir avec confiance et pensent qu’on peut trouver des modèles de coopération. On a donc deux France : une France angoissée et une France confiante », explique Brice Teinturier (Ipsos). Depuis les élections européennes et la dissolution de l’Assemblée Nationale, les Français semblent, selon Ipsos, avoir pris conscience de l’ampleur des déficits publics. L’instabilité politique les taraude. « La conséquence de tout ça est une confiance accrue à l’égard des entreprises. Des PME comme toujours mais aussi des grands groupes et ça c’est nouveau. Durant le covid, ces entreprises ont assuré la protection de leurs collaborateurs », commente-t-il.
Certains secteurs du commerce associé en souffrance
Sur ces deux France dépeintes par Brice Teinturier, Olivier Urrutia, délégué général de la Fédération du Commerce Coopératif et Associé est plus circonspect : « le premier tableau d’une France angoissée est à mon sens le plus juste. On constate au quotidien des fractures politique, économique et sociale. La paupérisation des Français s’accroît. On perçoit également une fracture entre les territoires ruraux et urbains, l’outre-mer et la métropole, etc… En 2025, les gens vont encore faire des arbitrages dans leur façon de consommer ».
Conséquence direct de ces arbitrages dans les dépenses des Français et de l’instabilité politique du pays, certains secteurs d’activités représentés au sein de la FCA, souffrent plus que d’autres. « Toutes les activités qui concernent de près ou de loin le logement sont par exemple impactées. On assiste à des défaillances d’agences immobilières mais aussi de points de vente spécialisés dans l’équipement de la maison, le bricolage, les matériaux de construction, etc », constate Olivier Urrutia. Baisse du pouvoir d’achat oblige et remontée du chômage, les Français regardent à deux fois avant de faire des « achats plaisir ». « Certains points de vente de parfumerie, d’horlogerie, ou encore de bijouterie, sont ainsi affectés. Surtout ceux d’enseignes plus petites que les grands acteurs de ces secteurs. Si on ajoute à cette consommation fragile et fluctuante, l’obligation pour certains chefs d’entreprise de rembourser les PGE octroyés durant le covid, les difficultés sont bien réelles », explique-t-il.
Le commerce associé se mobilise concrètement pour soutenir ses adhérents
Pour amortir ces chocs, point d’optimisme béat au sein de la FCA, mais des initiatives en cours. La fédération vient par exemple de mettre en place un comité inter coopération avec deux commissions (IA et économat). « Il s’agit de se regrouper entre coopératives concurrentes ou pas pour mutualiser des dépenses non stratégiques. Acheter moins cher des contrats d’assurance, de l’énergie, des fournitures de bureau, etc. », illustre-t-il. Pour l’heure, pas encore de contrats inter coopératifs signés, mais la profession, dont le modèle est basé sur le partage, y travaille d’arrache-pied.
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Commerce Coopératif et Associé, comment la profession appréhende 2025 ?
Anxiété croissante des Français : Une étude de l’organisation Ipsos révèle que 87 % des Français sont pessimistes face à l’avenir, alimentant une demande de protection contre les incertitudes économiques et sociétales. Cette atmosphère anxiogène est perçue comme un défi par les acteurs du commerce coopératif.
Divisions dans la perception : Le rapport met en lumière deux France : celle des angoissés, majoritaire, et celle des plus confiants, qui croient en la possibilité de modèles de coopération et en la résilience des ressources du pays, reflétant des fractures politiques et sociales croissantes.
Secteurs en difficulté : Certains secteurs de l’économie, notamment ceux liés au logement et à l’équipement de la maison, subissent des impacts négatifs en raison de la diminution du pouvoir d’achat et des arbitrages de consommation, avec des difficultés plus marquées pour les petites enseignes.
Mobilisation du commerce associé : Pour contrer les effets de la crise, la Fédération du Commerce Coopératif et Associé a initié des actions concrètes, comme la mise à disposition de la création d’un comité inter-coopération pour mutualiser les dépenses et réduire les coûts d’exploitation, suivant le principe de partage qui caractérise leur modèle.
Vision pour 2025 : La FCA mise sur son modèle de gouvernance pour s’adapter aux défis économiques à venir, en se concentrant sur l’union de l’amélioration de la rentabilité et le soutien de ses adhérents à travers des solutions collectives face à un environnement incertain.