Daniel Moquet est un réseau qui a plus de 40 ans de métier dans l’aménagement d’allées, cours et terrasses chez les particuliers. Il s’appuie sur des entrepreneurs paysagistes spécialisés. Interview de Daniel Moquet, 68 ans, fondateur du réseau éponyme.
Comment est née l’aventure Daniel Moquet ?
Daniel Moquet : À 21 ans, j’ai démarré en tant qu’artisan local avec deux associés : une brouette et une tondeuse ! C’était en 1977, près de Mayenne, là où je suis né. Au bout d’un an, j’ai engagé un premier apprenti puis un premier ouvrier deux ans plus tard afin de faire l’ensemble des jardins des particuliers –pelouses, plantations, clôtures, portail, aménagements extérieurs, piscines…–, comme le font les paysagistes. Au début des années 1990, avec trois salariés, nous sommes devenus des paysagistes spécialisés dans l’aménagement d’allées, de cours et de terrasses. Ça a été la bonne idée : nous spécialiser sur un seul créneau car c’est plus facile à faire et c’est un concept que nous sommes les seuls à faire en France.
Pourquoi avoir souhaité lancer un réseau de franchise ?
D.M : En 2003, ma première fille, Pauline, arrivée sur le marché du travail, a souhaité reproduire l’entreprise de Mayenne sur Château-Gontier à 70 km. La première année, elle a très bien réussi, ce qui nous a prouvé que l’on pouvait dupliquer le concept et démarrer un réseau. Pour pouvoir le faire, il faut un concept innovant et éprouvé qui fonctionne et que l’on a réussi à dupliquer. En 2004, nous nous sommes donc rendus au salon de la franchise pour rencontrer des consultants spécialisés et avons démarré en 2005 quatre franchisés à Nantes, au Mans, sur Paris et Saint-Nazaire, puis six l’année suivante et dix, puis vingt, toutes les années suivantes pour arriver aujourd’hui à un réseau de 250 franchisés.
À quels obstacles avez-vous été confrontés pour développer le réseau ?
D.M : Trouver des franchisés qui croient en votre concept n’a pas été facile au début. Grâce à beaucoup de communication, nous avons réussi à relever le défi. Mais au début, j’ai fait l’erreur d’accepter un franchisé à Draguignan, à plus de 1 000 km de Mayenne. Or, mieux vaut se développer en escargot autour de sa base et ne pas aller trop loin ou trop vite afin de pouvoir animer son réseau. Il faut pouvoir aller les voir, cela coûte à la fois en temps et en déplacement.
Quels conseils donneriez-vous aux futurs franchiseurs ?
D.M : Il faut faire attention aux franchisés que l’on recrute et bien valider leur profil. D’abord car tout le monde n’est pas fait pour être entrepreneur : c’est un métier difficile. Ensuite, ils doivent être prêts à appliquer votre concept. Pour les sélectionner, je préfère ne rien leur cacher et être le plus transparent possible. Ma devise est de faire réussir les franchisés dans un système gagnant-gagnant. Pour cela, nous leur proposons une formation initiale de six semaines et plus de deux mois en immersion chez d’autres franchisés, une formation continue sur un minimum de deux jours par an et la présence d’un formateur sur le terrain, notamment pour les former à nos innovations produit.
Un franchiseur est-il un entrepreneur comme un autre ?
D.M : Une franchise est une entreprise comme une autre, les débuts sont difficiles. Je me souviens d’un franchisé qui me confiait « Je ne sais pas si je continuerai à la fin du contrat ». Je lui avais répondu qu’il me restait quatre à cinq ans pour lui être indispensable. Aujourd’hui, nous apportons un maximum de services à nos franchisés et tout le monde resigne dans le réseau. Nous avons par exemple développé un numéro vert pour prendre des rendez-vous clients pour le compte des franchisés. Pour leur faire gagner du temps, nous avons également développé le site internet du réseau et communiquons beaucoup. Au niveau des matériaux, nous avons également développé toute une gamme de produits pour les allées, cours et terrasses –Minéralstar, hydrostar, Alvéostar, Gravistar… que nous leur proposons entre 10 et 20 % moins chers que les prix du marché. In fine, aujourd’hui je fais un tout autre métier qui n’a rien à voir avec celui de paysagiste. Je dois faire réussir les autres, grâce à beaucoup de formation, d’écoute et d’observation pour trouver les bonnes idées et les accompagner. Il faut faire des essais dans sa propre entreprise et si cela marche, il faut les dupliquer. Même si je délègue beaucoup à mes deux filles Camille et Pauline devenues associées dans l’entreprise qui ont pris le relais aux côtés de ma femme Catherine, salariée dans l’entreprise, je reste un passionné des entreprises et des entrepreneurs.
Quels sont les projets du réseau ?
D.M : Tous les feux sont au vert : nous sommes portés à la fois par la hausse de l’immobilier, la baisse des voyages et l’envie des particuliers d’améliorer leur extérieur et avons enregistré +15, +20 % d’activité ces deux dernières années avec la crise sanitaire. Au printemps 2022, nous avons lancé un troisième réseau dédié à la création paysagère, la taille et l’entretien de jardins, « Daniel Moquet signe vos jardins ». En 2018 déjà nous avions dupliqué notre premier réseau dans un deuxième, « Daniel Moquet signe vos clôtures », spécialisé dans les portails, clôtures et pergolas, dans lequel nous comptons soixante franchisés. Même si nous sommes sur un secteur d’activité très porteur, étant donné que nous sommes à la fois sur de la création mais également sur de la rénovation et de l’entretien, le marché va se stabiliser. Heureusement les hausses de prix des matières premières sur nos secteurs d’activité restent raisonnables et ne sont pas comparables aux hausses constatées pour le bois ou l’acier. Qui plus est, tous nos produits sont fabriqués en France et nous n’importons pas de Chine. En termes de croissance, ma fille Camille, qui nous a rejoints en 2012, va développer l’entreprise à l’international, notamment en Belgique et en Angleterre. Pour ce faire, nous avons racheté une entreprise de paysagiste en Angleterre que nous allons dupliquer en réseau en ouvrant deux à trois franchises en septembre Outre-Manche et une autre en Allemagne.
Quelles ombres voyez-vous au développement du réseau ?
D.M : À l’heure actuelle nous sommes impactés par le manque de personnel. Mais nous l’avons d’ores et déjà anticipé en recrutant par la voie de l’apprentissage en intégrant deux à trois apprentis dans chacune de nos entreprises. En parallèle, nous avons ouvert trois écoles en 2021 : un bachelor responsable de développement commercial à la DM School de Laval pour que des étudiants allemands et belges viennent en apprentissage pendant une année en France et retournent en Allemagne pour ouvrir leur entreprise. Autres ouvertures, un CAP pour réfugiés en région parisienne avec l’entreprise Humando et un contrat de spécialisation maçonnerie paysagère à Albi (Tarn), qui a bien marché. Nous avons d’ailleurs l’ambition d’ouvrir dix classes de ce contrat de spécialisation cette année sur tout le territoire français afin d’anticiper l’embauche de futurs salariés.