Le financement d’une installation en franchise obéit à des règles immuables. Seul un apport personnel constitué de fonds propres suffisants permet d’accéder au sacro-saint crédit bancaire. Voici 5 pistes pour gonfler sa mise de départ.
« J’ai apporté 18 000 euros de fonds personnels, issus de mes économies. Cela m’a permis d’obtenir un crédit bancaire de 60 000 euros » explique Nathalie Bodard. Cette franchisée de l’enseigne de services à la personne La main Tendue, installée depuis septembre 2022 à Retiers, en Bretagne, rentre pile dans les statistiques d’un financement en franchise. En moyenne, un apport personnel compris entre 30 et 35 % de l’investissement global est en effet exigé. Il peut même monter jusqu’à 50 % dans le secteur des services, jugé plus risqué ! Les fonds propres apportés par l’entrepreneur représentent les ressources durables qui appartiennent directement ou indirectement à l’entreprise. Plus ils sont élevés, plus l’entreprise inspire confiance aux franchiseurs mais aussi aux banques et aux partenaires financiers qui peuvent éventuellement se nantir dessus.
Avec des investissements oscillant entre 50 000 et 200 000 euros en franchise, voir 500 000 euros dans la restauration, la grande distribution ou l’hôtellerie, on imagine vite la rondelette somme d’argent que doivent réunir les franchisés au démarrage. « En moyenne, le montant de l’apport personnel s’élève à environ 110 000 euros pour une franchise mature. Il est un peu moins élevé pour un réseau plus jeune » indique un banquier spécialisé sur le marché des professionnels. Ces sommes, loin d’être à la portée de tout le monde, peuvent heureusement être réunies en actionnant différents leviers.
Le coup de pouce des copains
La Love Money, l’argent prêté par l’entourage proche ou la famille, permet de collecter quelques milliers d’euros au lancement d’un projet. Ce coup de pouce doit cependant être encadré entre les différents protagonistes car argent et amitié font rarement bon ménage. Reconnaissance de dettes, dons… il est impératif de clarifier la situation par un écrit pour éviter les malentendus.
Les prêts d’honneur des réseaux d’accompagnement à la création d’entreprise
Le moyen le plus sûr, et surtout le plus efficace, consiste à décrocher un « prêt d’honneur » qui gonfle les fonds propres de départ. Ces crédits à taux zéro sont accordés, après sélection sur dossier, par des réseaux d’aide à la création d’entreprise comme Initiative France, France Active ou Réseau Entreprendre. Les franchisés ne sont pas la cible favorite des organismes distributeurs mais cela vaut la peine de faire une demande, notamment si vous vous lancez avec un jeune réseau ou que le concept répond à une dimension sociale ou écologique. Les montants des prêts d’honneur –de 5 000 à 15 000 euros– font effet de levier auprès des banques. Ils ont également l’avantage d’être mobilisables par deux franchisés associés dans le même projet puisque ces prêts sont accordés à la personne même du porteur de projet. Attention cependant, les prêts d’honneur restent des prêts comme les autres. Il ne faut pas oublier d’intégrer le montant de leur remboursement dans le business plan.
Les subventions
Autre possibilité : les subventions qui peuvent gonfler significativement les fonds propres. Impossible d’en faire l’inventaire tant elles varient d’une région à l’autre et s’adressent à des projets différents. Pour les connaître, le mieux est de prendre contact avec une structure d’accompagnement à la création ou la CCI. Ces structures connaissent normalement en détail les aides régionales.
L’aide sous forme de capital de Pôle Emploi
Les franchisés demandeurs d’emplois, et inscrits à Pôle Emploi, peuvent demander le versement de leurs indemnités chômage sous forme d’une aide au capital pour l’entreprise (ils ont aussi la possibilité de percevoir des allocations chômage). Le montant de cette aide – l’Arce– correspond à un « capital de droits », égal à 45 % des droits restants à l’allocation chômage et versée en deux fois. Si le projet présente des perspectives de croissance rapide, l’option pour l’Arce est intéressante. Le franchisé pourra se verser un salaire tout en injectant du capital dans son entreprise. En revanche, si l’activité prévoit un développement plus lent, mieux vaut préférer le versement des indemnités chômage. Cela permet de conserver un revenu de sécurité pour vivre.
L’intervention du franchiseur
Les franchisés en manque d’apport peuvent demander un coup de pouce à leurs franchiseurs. Deux cas de figure sont possibles : obtenir un prêt du franchiseur (le portage) ou le faire entrer au capital (la franchise participative) en échange d’une prise de participation. Ces pratiques sont fréquentes dans la restauration ou les investissements sont élevés. Dans les deux cas de figure, il faut être vigilant car ces outils financiers sont peu utilisés et souvent mal maîtrisés. Les conditions de remboursement, les clauses de sorties ou de rachat, le calendrier des opérations… doivent être inscrits noir sur blanc. Ces gardes fous sont indispensables mais permettent aux franchisés qui ne disposent pas d’un bas de laine bien garni d’accéder à la franchise.