Comment exploiter tout le potentiel de son talent ? Réponse avec Magali Norrito, fondatrice de l’Intelligence Prismatique.
Experte du développement personnel et cognitif, Magali Norrito, a mis en place une série de méthodes pour déterminer le talent d’un individu et la façon dont il peut le mettre à profit, notamment dans un cadre professionnel.
Comment en êtes-vous arrivée à mettre en place la méthode d’Intelligence Prismatique ?
Magali Norrito : J’ai eu un parcours plutôt atypique. J’ai travaillé avant mes 18 ans en faisant du soutien scolaire. J’ai obtenu un DEA en littératures. Puis, je me suis orientée vers la gestion de ressources humaines avec un DESS. Pour financer mes études, j’étais conseillère en orientation auprès d’adolescents, dans des établissements scolaires dits difficiles. J’y ai tout appris : l’application sur la psychologie, le respect de l’autre et la façon de faire ressortir son talent plutôt que de critiquer. Après mon DESS, j’ai commencé à accompagner les PDG dans leur management. C’était dans les années 90 ; du coaching avant l’heure ! Je me suis mise à mon compte et j’ai créé ce que l’on connaît aujourd’hui : des outils psychométriques qui déterminent le talent d’une personne.
Comment définiriez-vous l’Intelligence Prismatique ? Comme un outil ?
Magali Norrito : C’est une typologie de la personnalité. Je l’ai conçue dans le cadre de mon conseil en stratégie RH. À l’époque mon rôle était de sécuriser les embauches de cadres parmi des jeunes actifs et de vérifier s’ils étaient capables de résister à la pression. J’ai identifié 16 talents, basés sur quatre dimensions :
- Pôles Introverti (centré sur soi), Extraverti (tourné vers le monde extérieur)
- Pôles Concret (réalité tangible), Abstrait (possibles et informations globales)
- Pôles Objet (rationnel, matériel), Sujet (logique basée sur l’intangible)
- Pôles Formel (planification, méthode), Flexible (s’adapte à l’environnement).
Nous avons tous un talent principal pour lequel nous sommes naturellement doués. Et un talent dit auxiliaire, qui est à l’inverse du premier.
Pourquoi à l’inverse du premier ?
Magali Norrito : C’est la psychologie qui nous le démontre : le psyché, le socle de notre personnalité est double. Notre personnalité complète est dualiste. Vous êtes vous-même et son contraire, c’est comme cela ! Pour en revenir à l’Intelligence Prismatique, cela ne veut pas dire que nous sommes tous capables d’investir notre deuxième talent. Ce qui est intéressant notamment dans le fait d’observer un individu hors pression, puis soumis à la pression, c’est qu’il peut avoir des inversions de talents. Tandis que d’autres, sous la pression n’arrivent pas à mobiliser leur second talent.
Pouvez-vous nous citer les seize talents identifiés ?
- Le Gardien : consciencieux, exigeant, fort sens des responsabilités.
- Le Protecteur : loyal, prévenant, dévoué, attaché à ses valeurs sans les imposer.
- Le Créatif : solitaire, il imagine des solutions originales dans le but d’améliorer la vie des gens.
- Le Perfectionniste : indépendant, innovant, sûr de son point de vue.
- Le Pragmatique : grand observateur du réel, il utilise sa logique pour analyser les situations.
- Le Discret : calme, courtois, dévoué, il contribue concrètement au bien-être de ses relations.
- L’idéaliste : ouvert d’esprit, curieux et flexible, il a besoin de vivre son idéal dans ses activités.
- Le Penseur : il cherche à comprendre et est prêt à remettre en cause toute connaissance et méthodes acquises.
- Le Réaliste : orienté vers l’action, débrouillard, il ne se soucie guère des règles.
- L’Epicurien : amoureux des bonnes choses de la vie, généreux, optimiste.
- L’Expansif : curieux, enthousiaste, il sait détecter les potentialités de chacun.
- L’Innovateur : l’esprit toujours en éveil, ouvert aux idées nouvelles, aux approches originales.
- L’Organisateur : respectueux des règles, logique, méthodique, grand sens des responsabilités.
- Le Facilitateur : social et ouvert, sensible aux besoins des autres.
- L’Animateur : énergie communicative, aimant l’harmonie et la coopération.
- Le Meneur : visionnaire stratégique, il transforme sa vision en plan d’action
Déterminer son talent est intéressant pour chaque individu, mais peut aussi contribuer à la réussite d’un collectif. Pouvez-vous nous expliquer ?
Magali Norrito : Le constat étant qu’on ne peut pas avoir tous les talents, la bonne nouvelle est qu’on a besoin des autres ! Notre propre limite existe, mais c’est elle qui nous permet de nous intéresser aux autres. C’est pour cela qu’avec mon équipe, nous avons développé un mouvement sur l’intelligence collective. Nous réalisons une cartographie de l’intelligence collective d’une entreprise en déterminant les talents présents et en identifiant ceux qui manquent et que l’on va recommander d’embaucher. Par exemple, il existe des patrons d’entreprise qui ont été opportunistes mais pas visionnaires. Au bout d’un moment, il leur faudra s’entourer de personnes qui apporteront la vision. Il faut accepter qu’on ne puisse pas tout être. Il n’existe pas de toute-puissance du dirigeant. L’objectif est de créer une intelligence collective qui s’entraide.
Selon vous, quels talents peuvent être particulièrement attirés par le système de franchise ?
Magali Norrito : La franchise finalement, c’est la liberté tout en étant sécurisé. Cela peut convenir particulièrement aux Concrets qui n’aiment pas partir de zéro. Et aux Formels, qui coopèrent facilement et aiment adhérer à quelque chose de durable. Ils apprécient bénéficier d’un statut et d’une sécurité.
Est-ce si facile de connaître son talent ?
Magali Norrito : Non, pas forcément. Plus on vieillit et moins c’est simple, car on a intégré une série d’interdits, d’injonctions qui font qu’on essaye de se comporter différemment de ce que l’on est. On investit alors son second talent, mais cela nous demande beaucoup d’énergie, tout au long de notre vie. Cela créé aussi comme un vague à l’âme et la sensation de ne pas être accompli, et ce même en ayant réussi professionnellement ! Dans un nouveau monde, de plus en plus incertain, il est essentiel d’avoir conscience de ses compétences. Notre talent n’est pas lié à notre âge, notre milieu social, notre sexe ou nos études. Et il n’y a pas de mauvais talent, mais un contexte qui convient, ou pas, à ce talent.
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