À la faveur de l’évolution des mobilités douces, la pratique du vélo est en forte croissance en France ces dernières années. Mais l’inflation, notamment, semble peser sur les ventes ces derniers mois. Où en est-on aujourd’hui et quelles attentes avoir pour le marché en 2023 et la suite ?
Le vélo tient une place particulière dans le cœur des Français. En témoignent l’engouement pour le Tour de France, ou encore nos belles performances dans les épreuves internationales de VTT ou de BMX.
Cette place a encore continué de grandir ces trois dernières années. Le souhait de délaisser les transports en commun pendant la crise sanitaire s’est mêlé à une prise de conscience écologique, avec des mobilités en pleine mutation. Sans oublier les impacts sur la santé et le budget, et le gain de temps potentiel dans de grandes villes saturées par les embouteillages.
Cerise sur le gâteau : des aides financières nationales et locales pour encourager l’achat neuf, et le développement des infrastructures, profitent aux nombreux acteurs de la filière.
Le vélo, un marché prisé
Sur le marché du cycle, on retrouve de nombreux acteurs qui correspondent en partie à la diversité de l’offre. Vélo classique, vélo à assistance électrique (VAE), vélo de ville, vélo pliant, VTT, VTC, BMX, etc., sont autant de variations. On retrouve en outre à la fois de l’achat et de la location, ainsi que, bien sûr, des vélos en libre-service disponibles dans les grandes villes.
Pour vendre et entretenir ces différents parcs, on retrouve principalement les acteurs de la vente multisport, et des magasins spécialisés. Ces derniers sont souvent développés en franchise comme Culture Vélo, Cyclable ou Station Bee’s. Les marques haut de gamme et techniques disposent également, parfois, de leurs propres réseaux de distribution, de même que certains fabricants de VAE, filière particulièrement en croissance.
Des performances exceptionnelles en 2022
En 2022, selon le dernier Observatoire du Cycle, le vélo en France représente 43 % des véhicules vendus, loin devant l’automobile (26 %) et la trottinette (26,5 %), avec un chiffre d’affaires de 2,378 milliards d’euros, en hausse de 7 % par rapport à l’année précédente. Si l’on ajoute les pièces et accessoires, on arrive à 3,6 milliards d’euros, en hausse de 5,2 % par rapport à l’année précédente.
Les vélos électriques tirent leur épingle du jeu depuis quelques années, avec notamment 28 % de part de marché en volume et 61 % en valeur en 2022. Mais c’est le vélo cargo qui réalise la plus belle progression. Les ventes ont bondi de +96 % pour ce vélo allongé le plus souvent vendu sous sa forme électrique et utilisé par les familles et certains professionnels.
Ainsi, pour Jérôme Valentin, vice-président de l’Union Sport & Cycle : « En croissance ininterrompue depuis 12 ans, le VAE confirme son statut de moyen de transport le plus vendu en France. Or, avec une part de marché de 28 % et au regard de la dynamique constatée aux Pays-Bas et en Allemagne – où il représente respectivement 57 % et 48 % des ventes de vélos neufs – son potentiel de développement est considérable.
Cette dynamique, conjuguée à notre ambition de produire plus de 2 millions de vélos made in France d’ici cinq ans, fera de notre pays le leader économique du marché du vélo en Europe. »
Néanmoins, il semble que l’année 2023 ne soit, pour le moment, pas aussi porteuse que l’année 2022.
Un ralentissement en 2023 ?
En effet, on constate une stabilisation des ventes chez les différents acteurs du cycle. Plusieurs raisons à cela : d’une part, après les achats massifs d’équipements outdoor qui ont suivi les différents confinements, les consommateurs sont déjà bien équipés.
D’autre part, l’inflation freine beaucoup les achats loisirs, comme on peut le voir notamment du côté des accessoires. Le propriétaire d’un magasin spécialisé dans le cycle en région parisienne déclarait ainsi en mai dernier au journal L’Équipe « Avant, avec un vélo, nous vendions facilement des accessoires, casques, cadenas, vêtements de pluie. Aujourd’hui, avec l’inflation et les difficultés économiques, la plupart des vélos que nous vendons partent sans accessoire. »
Les stocks s’accumulent, et les baisses de prix proposées par les fabricants ne sont pas toujours répercutées par les revendeurs, ce qui pose problème sur un marché de plus en plus concurrentiel.
Cela sans compter les différents enjeux de la filière, en particulier le recyclage des batteries des VAE (points de collectes, nouvelles normes…) et le recrutement : avec des vélos de plus en plus techniques, le marché manque encore de techniciens et de vendeurs formés pour offrir un service de proximité performant, essentiel à la croissance de la pratique sur l’ensemble du territoire.
Cependant, une nouvelle fois, l’État s’implique dans cette croissance du marché : le nouveau Plan Vélo 2023-2027 a été dévoilé au mois de mai, associé d’un investissement de 2 milliards d’euros. Trois points clés sont ciblés :
- Rendre le vélo accessible pour tous dès le plus jeune âge
- Faire du vélo une véritable alternative avec l’atteinte de 100 000 km d’aménagements cyclables sécurisés à l’horizon 2030, contre 57 000 km fin 2022
- Développer la filière économique et industrielle, avec pour ambition de promouvoir l’innovation et de structurer une filière économique complète autour du vélo, de l’assemblage au recyclage.
Différents dispositifs et subventions doivent ainsi voir le jour, très attendus par l’ensemble des acteurs du marché, avec la promesse d’une belle et rapide reprise après le ralentissement du début de l’année.