Une Scop (société coopérative et participative ou société coopérative de production) est une organisation au sein de laquelle les salariés sont les associés majoritaires. Elle peut avoir la forme juridique d’une SA, d’une SARL ou d’une SAS.
Se développer selon le modèle d’une SCOP, c’est se démarquer et remettre en question l’organisation d’une franchise traditionnelle. Êtes-vous fait pour la franchise sociale ? On vous éclaire avec le retour d’expérience de la franchise ToutenVélo : une SCOP, déployée en franchise depuis trois ans, afin d’investir dans un projet collectif, alliant performance économique et démocratie d’entreprise.
Créer une SCOP, une entreprise coopérative
Une SCOP possède une organisation horizontale et non verticale comme les entreprises traditionnelles. C’est-à-dire que tous les collaborateurs sont sur un même pied d’égalité et sont associés. Le dirigeant est, quant à lui, élu par les salariés associés. L’entreprise est gérée et dirigée par les salariés associés qui détiennent la majorité du capital. Divers secteurs d’activités sont propices au statut de SCOP, comme par exemple, le commerce, l’agriculture ou encore les transports.
Au sein de cette entreprise coopérative, les salariés détiennent au moins 51 % du capital social et 65 % des droits de vote. Si tous les salariés ne sont pas associés, tous peuvent le devenir. Chaque salarié associé dispose d’une voix, quel que soit son statut, son ancienneté et le montant du capital investi. Les informations liées à la vie de l’entreprise circulent donc en toute transparence.
Une société coopérative détenue par les salariés
Toutenvélo est une enseigne qui a débuté son aventure par la création d’une SCOP à Rennes, en 2012. L’objectif était de proposer différents services de transports écologiques : déménagement, colis, collecte de déchets, courses, formations… Les salariés ont développé en parallèle de cette activité une partie dédiée à la fabrication de remorques. Samuel de Gentil-Baichis est gérant de la structure Toutenvélo de Rouen. Il est également co-directeur de la structure au niveau national, organisée sous le modèle SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif).
Les SCOP territoriales Toutenvélo sont au nombre de 13, réparties dans une dizaine de villes en France, avec une SCIC au niveau national, pour la coordination du réseau et la fabrication et commercialisation de vélos-cargos. Le modèle Toutenvélo s’organise en franchises sociales dans différentes villes en France. « Les structures Toutenvélo sont détenues par les salariés. À travers des principes démocratiques, notre gestion est contrôlée par l’ensemble des parties prenantes avec le principe “une personne, une voix” », souligne l’enseigne.
Se monter en SCOP a été une évidence pour eux. La gouvernance et les valeurs, favorisées par ce statut, correspondaient aux envies des fondateurs et au métier de livreur. Un travail qui n’est pas forcément simple et reconnu. « L’objectif était de garder les personnes plus longtemps, dans des structures qualitatives et collectives. » souligne le co-directeur. Lors de la création de leur deuxième structure, ils ont souhaité construire quelque chose de plus collectif. « Nous avons repris le nom Toutenvélo et commencé à nous organiser en franchise sociale. D’autres structures ont été créées et nous avons accompagné d’autres créateurs de projets qui voulaient nous rejoindre. » précise Samuel de Gentil-Baichis. Ils se sont tournés vers cette notion d’entraide, afin de faire quelque chose de commun, partout en France.
Investir dans une franchise sociale
L’objectif était de développer leur activité en proposant d’accompagner des porteurs de projets durant la réflexion et la création de structures selon un modèle de franchise sociale. « Le concept s’apparente à la franchise commerciale, mais il vise à servir les aspirations des entreprises collectives à vocation sociale, plutôt qu’à générer des profits » précise l’enseigne. Un modèle à contre-courant des autres réseaux de franchise. Ouvrir une franchise en SCOP diffère d’une création classique par plusieurs aspects. Il faut par exemple un minimum de trois associés pour créer une SCOP, là où en franchise, une seule personne suffit.
La structure nationale est également « une boîte à outils » au service des points de vente et de la direction. « Dès qu’il y a des nouvelles structures locales qui se créent, elles deviennent associées au groupement national. À l’inverse d’une maison mère qui développe un réseau de franchise, nos structures locales sont propriétaires, au moins en partie, de la structure nationale, » exprime Samuel de Gentil-Baichis.
Un statut d’entraide pour s’organiser en collectif
Pour l’enseigne Toutenvélo, être sous statut de SCOP, c’est disposer d’un organisme national possédé par les structures locales. « Nous avons des axes stratégiques définis collectivement. Nous pouvons de nouveau les questionner régulièrement, si des SCOP locales ou des franchisés, veulent réorienter les moyens vers une thématique en particulier. » Ce modèle de SCOP leur permet une réactivité rapide par rapport au marché et aux besoins des structures locales. Celles-ci ne sont pas présentes pour générer en priorité de l’argent, mais pour permettre à chacun de faire fructifier son activité.
Avec la situation économique globale, qui touche le monde du transport, le modèle leur donne une certaine résistance, comparé à d’autres structures. « Il y a un enjeu de se renforcer mutuellement et de s’entraider selon les moments. Cela nous rend vraiment réactifs et nous permet d’être plus résilient. » Leur réseau est souple et réactif et les amène à se pencher sur d’autres marchés, de s’entraider facilement dans le réseau et de développer leurs deux activités.
Chez Toutenvélo, les structures locales ont aussi la possibilité de s’adapter à leur tissu économique local. « Nous ne développons pas un modèle que nous dupliquons à chaque endroit. Certaines structures s’axent sur de la livraison de colis tandis que d’autres se focalisent sur la collecte de déchets par exemple ».
Le modèle de SCOP favorise les échanges de bonnes pratiques et de conseils entre les gérants des structures. « Être dans les 13 villes est un avantage énorme. Certains ont déjà connu des situations spécifiques et peuvent aider les autres. Il y a une belle solidarité » dépeint le co-directeur de l’enseigne.
Les points de vigilance
La SCOP est un statut attractif avec tout de même quelques points de vigilance à prendre en compte. Tout d’abord, au niveau national, le réseau de livraison souligne avoir logiquement moins la main sur les structures locales. « Elles sont plus résilientes et s’adaptent à ce qu’elles veulent faire en local ». Ils ne leur imposent donc rien. « Si nous avons un contrat avec un transporteur qui veut dupliquer son système au niveau national, n’importe quelle structure a le droit de ne pas souhaiter le faire, » détaille le co-directeur. Il y a une certaine liberté pour les structures locales. L’enjeu est alors de bien conserver une ligne directrice et une visibilité globale. « Ce n’est pas toujours simple car, selon les personnes et les contextes locaux, tout le monde n’a pas envie de faire la même chose.»
Une SCOP peut limiter le développement d’une entreprise comparé à un modèle descendant et affilié. « Nous avons l’avantage et le désavantage d’avoir beaucoup de discussions en interne et de devoir faire des adaptations. » conclut Samuel de Gentil-Baichis. L’important pour le réseau est de ne pas s’isoler et d’être dans un collectif qui ressemble à ses envies, afin de durer plus longtemps et de surpasser les obstacles. « On peut passer rapidement un coup de fil à quelqu’un qui a plus d’expérience afin de mieux gérer un problème de trésorerie ou de recrutement, par exemple. »
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en 5 points clés concernant l’expérience de Toutenvélo en tant que SCOP et franchise sociale :
Modèle de SCOP : L’entreprise Toutenvélo fonctionne selon un modèle de société coopérative de production (SCOP), où les salariés sont les associés majoritaires, favorisant une gestion horizontale et démocratique, avec au moins 51 % du capital détenu par les employés. Au niveau national, elle possède une SCIC pour coordonner le réseau.
Développement de la franchise sociale : Après plusieurs années d’activité, l’entreprise Toutenvélo a choisi de se développer sous la forme d’une franchise sociale, centrée sur des objectifs collectifs plutôt que sur la maximisation des profits, permettant d’accompagner des projets à vocation sociale.
Organisation collective : La structure est constituée de plusieurs SCOP locales, chacune ayant la liberté d’adapter ses services (comme la livraison de colis ou la collecte de déchets) selon les besoins locaux, tout en bénéficiant d’une gestion collective et d’échanges de bonnes pratiques entre les salariés.
Force d’entraide et résilience : Le modèle SCOP favorise la solidarité et l’entraide entre les différentes entreprises et les salariés, améliorant leur capacité à résister aux défis économiques et à développer une plus grande agilité sur le marché.
Points de vigilance : Bien que le modèle soit attractif, des défis subsistent pour les entreprises, notamment la nécessité de maintenir une cohérence et une vision globale à travers des discussions internes entre les salariés, ce qui peut freiner un développement plus rapide par rapport à des entreprises basées sur des modèles traditionnels de franchise.
