Les aides accordées par France Travail aux créateurs d’entreprise ont à nouveau changé. Le point sur les conséquences de la réforme et les alternatives possibles face à ce tour de vis.
Depuis le 1er avril 2025, les créateurs d’entreprises demandeurs d’emploi sont soumis à de nouvelles règles d’attribution et de calcul des aides accordées par France Travail. Ces changements ne sont pas sans incidence sur les finances des entrepreneurs et le climat dans l’écosystème entrepreneurial. « C’est un vrai sujet car ces aides, qui facilitent la création d’entreprise et sont une vraie spécificité française, sont largement utilisées par les porteurs de projet » explique Mathieu Sempéré, directeur du financement chez Crédit Pro.
En 2022, d’après l’Unedic, 307 000 entrepreneurs ont ainsi bénéficié des dispositifs de France Travail, qu’il s’agisse de l’ARE, versée sous forme d’indemnités mensuelles ou de l’ARCE, versée sous forme de capital.
Ce qui a changé pour l’ARE et l’ARCE:
- La possibilité de cumuler allocations chômage et revenus issus de l’entreprise nouvellement créée ou reprise est réduite à 60 % du capital de droits restant au moment de la création d’entreprise. Ce montant était auparavant de 70 %. Autrement dit, dès que vous avez atteint 60 % du reliquat de vos droits, l’indemnisation cesse.
- Le montant de l’allocation chômage est désormais calculé sur une base de 30 jours et ce, quel que soit le nombre de jours dans le mois (31, 30 ou 28). Cinq jours d’indemnisation sont donc perdus, même si potentiellement, ils sont récupérables en fin de droit.
- Le dispositif « démission création » permettant d’ouvrir des droits au chômage, sous conditions d’obtenir la validation de Transitions Pro, est maintenu. Cependant les procédures sont renforcées, avec des contrôles, tous les 6 mois.
- Les conditions de versement de l’ARCE, dont le montant correspond à 60 % du montant des droits à l’ARE restant dus à date de création de l’entreprise, sont modifiées. Une condition supplémentaire s’applique à cette aide versée en deux temps, au moment de la création, puis six mois après. Dorénavant vous devrez justifier ne pas être en contrat de travail à durée indéterminée (CDI) à temps plein pour obtenir le second versement de l’ARCE.
Les conséquences pour les créateurs d’entreprise
Mécaniquement, le passage de 70 % à 60 % réduit la durée d’indemnisation pendant laquelle un créateur peut bénéficier de l’ARE. « Les 18 mois théoriques d’avant se transforment désormais en 10 mois et 24 jours si l’on prend l’exemple d’un créateur qui percevait auparavant un salaire de 2 000 euros par mois » calcule Mathieu Sempéré. Un serrage de vis donc qui rétrécit la fenêtre durant laquelle le créateur peut profiter d’un matelas de sécurité pour lancer une franchise ou une affaire et bénéficier d’une source de revenus. Le solde des 40 % d’indemnisation peut bien évidement être perçu mais là aussi, les nouvelles règles durcissent leur obtention et ajoutent une contrainte supplémentaire.
« Il faut soumettre un dossier à une Instance paritaire régionale (IPR) de France Travail : elle seule peut statuer sur l’octroi des 40 % restant » précise Mathieu Sempéré. Résultat, un créateur au dossier tangeant, qui ne rentre pas dans les clous de ses prévisionnels ou qui, au contraire dégage suffisamment de bénéfices, risque de perdre 40 % de ses droits.
Face aux baisses des aides de France Travail, les franchiseurs constatent les difficultés de leurs candidats à se lancer dans l’entrepreneuriat
Montant rabotés, durée réduite, obligations renforcées… Les changements de la convention d’assurance chômage risquent d’accentuer la pression des créateurs en phase de démarrage, voire de stopper les velléités entrepreneuriales de certains. Ce constat commence à se faire ressentir dans les réseaux, comme en témoigne Lionel Bordes, franchiseur de Boïko Cuisines.
« Certains candidats m’ont fait part de leurs difficultés depuis les changements. L’un d’eux notamment parce qu’il souhaitait conserver un CDI tout en demandant l’Arce. Je ne connais pas bien les nouvelles règles mais je constate des disparités régionales : dans certaines zones, les ouvertures de droits sont plus facilitées que dans d’autres » énumère le dirigeant dont 90 % des franchisés recourent aux aides de France Travail pour se lancer.
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Comment compenser la baisse des aides de France Travail pour se lancer en auto entrepreneur ou pour la création/reprise d’une entreprise
Pour compenser la baisse de l’ARE, plusieurs leviers sont envisageables. À commencer par les prêts d’honneur, à taux zéro, distribués par Réseau Entreprendre ou Initiative France. Leur montant, qui varie de 10 000 à 50 000 euros, conforte la trésorerie de départ et réduit le besoin de cash initial. « Ayant moi-même bénéficié d’un prêt d’honneur de la part de Réseau Entreprendre, je conseille à tous mes franchisés d’en solliciter un. En plus, cela fait effet de levier auprès des banques qui accordent plus facilement des crédits » constate Lionel Bordes de Boïko Cuisines.
Côté trésorerie de départ et financement du BFR (besoin en fonds de roulement), Mathieu Sempéré suggère de son côté d’obtenir des différés de paiements sur le remboursement des crédits. « Cela limite la tension sur la trésorerie au démarrage. Il est aujourd’hui possible d’obtenir des différés de trois à six mois ». Autant de petits plus qui compensent le rabot des aides de France Travail et donnent de l’air aux franchisés pour démarrer plus sereinement.
NOTRE RÉSUMÉ EN
5 points clés
PAR L'EXPRESS CONNECT IA
(VÉRIFIÉ PAR NOTRE RÉDACTION)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article surl’effet des nouvelles règles de France Travail sur le recrutement de franchisés :
Réduction des aides ARE et ARCE
depuis avril 2025, le cumul entre allocations chômage et revenus de l’entreprise est limité à 60 % des droits restants (contre 70 % auparavant), et l’ARCE impose désormais la preuve de ne pas être en CDI à temps plein pour toucher la seconde partie.
Durée d’indemnisation raccourcie
la réforme réduit mécaniquement le filet de sécurité pour les créateurs. Exemple : un ex-salarié à 2 000 € perd près de 7 mois de couverture ARE, passant de 18 à environ 11 mois.
Procédures et contrôles renforcés
les créateurs doivent désormais passer par une Instance paritaire régionale pour obtenir le solde de 40 % de l’ARE, avec un risque accru de refus selon la rentabilité de leur projet.
Impact direct sur la franchise
de nombreux candidats peinent à se lancer, comme en témoigne Boïko Cuisines, dont 90 % des franchisés s’appuient sur ces aides. La pression financière pourrait freiner ou décourager des vocations entrepreneuriales.
Alternatives financières
pour compenser la baisse des aides, les solutions passent par les prêts d’honneur (10 000 à 50 000 €), effet de levier pour décrocher des crédits bancaires, et par des différés de remboursement afin d’alléger la trésorerie au démarrage.













