Angélique Bruneau, Secrétaire générale adjointe du syndicat FGTA FO et Guillaume Bonin, PDG d’Epiximi nous donnent leurs avis sur les boutiques sans caisse.
On les croyait disparues des rayons de la grande distribution, faute de modèle économique satisfaisant. Eh bien non, les magasins sans caisse sont de retour dans l’hexagone. Et c’est Flunch qui remet les pieds dans le plat. Chez « Faim », plus de file d’attente, ni de caissier. Grâce à la solution Just Walk Out développé par Amazon, le client qui entre chez « Faim », sélectionne ses plats chauds ou froids puis ressort comme si de rien n’était après avoir scanné sa carte bancaire.
Tout ceci est rendu possible grâce à des capteurs de poids, des caméras et algorithmes qui enregistrent en temps réel les faits et gestes des consommateurs. Une promesse de gain de temps pour jeunes actifs urbains visiblement ultra pressés.
Cette technologie tiendra-t-elle ses promesses ? Rien n’est moins sûr vu les tentatives infructueuses passées. Et comble de l’ironie, Amazon, la firme qui se tient derrière cette technologie, vient de fermer 14 de ses magasins sans caisse Amazon Fresh au Royaume-Uni. En attendant de savoir si la France est un marché plus mature sur le sujet que la « Perfide Albion » (ndlr : sobriquet utilisé pour désigner le Royaume-Uni), ce nouveau mode de distribution fait débat.
CONTRELa suppression des caisses dans les magasins impactent directement les emplois
La suppression des caisses dans les magasins impacte directement les emplois. On remplace encore une fois les salariés par des machines. Dès 2008, nous nous sommes battus contre le développement des caisses automatiques. Avec les magasins sans caisse, c’est encore pire. Cela contourne également la loi qui interdit l’ouverture des magasins sur certains créneaux horaires. Par exemple le dimanche après-midi. Certaines enseignes ont d’ailleurs été condamnées sur le sujet. Avec des caisses automatiques, les démarques inconnues sont largement supérieures à des systèmes d’encaissement classiques. Donc, là, cela risque d’être encore pire. Il ne serait pas surprenant de voir des bandes cagoulées rentrer dans ces points de vente pour tout renverser et voler. Autre sujet d’inquiétude : le rôle des agents de sécurité. S’il n’y a personne d’autres qu’eux en magasin, ils devront essayer de solutionner les problèmes rencontrés par les consommateurs. Enfin, la suppression du personnel va poser problème pour des catégories de clients. Pour les plus seniors, les magasins sont des lieux d’échange et de création de lien social. Tout cela pourrait disparaitre si les points de vente sans caisse venaient à se multiplier.
POURNos épiceries automatiques de dépannage visent une clientèle qui veut tout, tout de suite
Les commerces de proximité avec du personnel restent nécessaires dans certains endroits et pour certains produits. Mais vu la complexité du monde du travail, avoir un commerce avec une grande amplitude horaire, c’est compliqué. Nos épiceries automatiques de dépannage visent une clientèle entre 15 et 30 ans qui souhaite tout, tout de suite. Donc plutôt des urbains vivant dans de grandes villes ou des villes moyennes. Notre cible n’est pas la ruralité car la population vieillissante n’a pas d’appétence pour ce type de commercialisation. Dans nos magasins, nos clients, des jeunes donc, peuvent acheter du dentifrice à 2 heures du matin. Ils se servent de l’extérieur et règlent également leurs achats depuis la borne automatique. Il n’y a donc pas de risques de vol. Notre activité ne détruit pas d’emploi mais change les orientations des compétences. Il y a toujours des actions de mise en rayon mais aussi davantage d’emplois dans la maintenance technique et l’informatique. En plus de nos 25 points de vente actuels, nous misons sur 5 ouvertures supplémentaires en 2026 et minimum 10 en 2027 .













