Bien que le sujet des retraites soit sur toutes les lèvres depuis plusieurs mois, un tiers des entrepreneurs ne s’en est pas encore préoccupé. D’où vient ce désamour ? Pourquoi est-ce capital d’anticiper ce changement de cap, comment s’y prendre ? Nos réponses.
La culture financière n’est visiblement pas le fort des entrepreneurs français. D’après une étude réalisée par la fintech Sumup*, 37,7 % des dirigeants français n’ont pas reçu de formation en gestion financière et 27 % ne prévoient pas de s’y former. Cette lacune se répercute, d’après Sumup, sur leur capacité à anticiper l’avenir, notamment en matière de retraite.
31,6 % des dirigeants interrogés déclarent ainsi n’avoir mis en place aucune solution pour financer leur retraite. Quant à ceux qui s’y préparent, ils comptent principalement sur leur plan de pension personnel (15,8 %), le régime de retraite étatique (14,2 %) et leurs économies (13,7 %).
Cotisation retraite : une préparation souvent négligée
La complexité et la méconnaissance des dispositifs expliquent en partie ce manque de préparation. Mais pas seulement. Quand ils sont en activité, les dirigeants sont également focalisés sur la survie et la croissance de leur entreprise à court terme. « On est pris dans un engrenage et le quotidien de l’activité. C’est difficile de penser à cela en plus » explique Bernard Duflot, ex-franchisé Archéa, à la retraite depuis avril 2024.
Cette négligence peut coûter cher car, en moyenne, un dirigeant perd entre 30 et 50 % de revenus au moment du passage à la retraite. « J’ai perdu 40 % de revenus. Heureusement, j’avais anticipé assez jeune avec une assurance vie et des investissements immobiliers qui complètent aujourd’hui ma pension » indique cet ancien cadre reconverti. Après 14 ans d’activité en indépendant, il a pu faire valoir ses droits dans sa 64e année.
Indépendants, SASU, auto entrepreneur, assimilé salarié, travailleur non salarié (TNS) … des statuts aux conséquences différentes pour la retraite
Pour rappel, selon la forme juridique de leur entreprise et le statut choisi, les entrepreneurs ne sont pas tous logés à la même enseigne. Ils sont soit assimilés salariés (par exemple lorsqu’ils sont associés minoritaires ou égalitaires de SARL), soit assimilés travailleurs non-salariés (lorsqu’ils sont gérants majoritaires de SARL). Dans le premier cas, ils relèvent du régime général de la Sécurité sociale pour la retraite de base et de l’Agirc-Arrco pour la retraite complémentaire. Dans le second, ils sont affiliés au régime des travailleurs non-salariés (TNS) et cotisent à l’URSSAF pour la retraite de base et à la Sécurité sociale des indépendants pour la retraite complémentaire.
À lire aussi :
– Pourquoi investir dans une franchise pour sénior ?
– Bientôt la retraite : et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ?
Les taux de cotisation des TNS sont généralement plus faibles que ceux des salariés. Par conséquent, la pension de retraite d’un gérant non salarié est souvent moins élevée que celle d’un salarié. « Étant gérant associé unique en EURL, j’ai été affilié à la Sécurité sociale des indépendants. Avec le recul, si j’avais pu le faire, j’aurais opté pour une forme juridique en SAS/SASU qui permet de relever du régime général de la Sécurité sociale » explique Bernard Duflot qui a heureusement pu capitaliser sur la revente de son magasin à l’un de ses salariés. « J’ai eu de la chance car la vente s’est faite rapidement. Mais si j’ai un conseil à donner, c’est d’anticiper et d’anticiper encore. La cession d’une affaire peut être longue et remplie d’imprévus. Miser uniquement sur ce capital comme moyen de subsistance future est quand même risqué » insiste le retraité qui été salarié 25 ans dans le privé, avant de se lancer en franchise en 2009.
Les solutions pour améliorer sa situation et simuler sa retraite
Face à des parcours peu linéaires, avec plusieurs régimes cumulés et des affiliations à différentes caisses de retraite, il n’est pas toujours facile d’y voir clair. La solution ? Récupérer son relevé individuel de situation (RIS). Ce document, envoyé tous les 5 ans à partir de 35 ans, et consultable sur le site lassuranceretraite.fr à partir de 55 ans, récapitule les droits retraite accumulés tout au long de sa vie professionnelle. En cas d’erreur ou d’oubli, ce qui est fréquent pour des entrepreneurs aux carrières multiples, il est tout à fait possible de faire rectifier ses droits.
Il est également possible de racheter des trimestres auprès du régime de base ; cela permet d’obtenir une retraite de base à taux plein (en rachetant tous les trimestres manquants) mais aussi d’améliorer, sans surcoût, le montant de sa retraite complémentaire. Enfin, différents outils permettent d’optimiser ses revenus : assurance vie, PEA (Plan Épargne Action), PER (plan épargne retraite)… L’idéal étant d’adopter une stratégie de diversification avec des solutions d’investissement financiers maitrisés, de l’épargne et de l’immobilier.
* Éducation financière des entrepreneurs : un besoin urgent de formation et de vision stratégique
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(Vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : 31% des entrepreneurs n’ont pas encore pensé à leur retraite.
Lacune en gestion financière : Une étude révèle que 37,7 % des entrepreneurs français n’ont pas reçu de formation en gestion financière, et 27 % ne prévoient pas d’y remédier, ce qui impacte leur capacité à anticiper leur retraite.
Un manque d’anticipation : 31,6 % des dirigeants n’ont pas mis en place de solution pour financer leur retraite, se reposant principalement sur des plans personnels ou l’État, ce qui peut entraîner une perte importante de revenus (entre 30 et 50 %) au moment du départ.
Le quotidien des dirigeants : La complexité des dispositifs et la focalisation sur la croissance de l’entreprise rendent difficile pour les dirigeants de penser à leur retraite, comme le témoigne Bernard Duflot, ex-franchisé.
Disparités selon le statut juridique : Les entrepreneurs sont soumis à différents régimes de retraite en fonction de leur statut : assimilés salariés ou travailleurs non salariés (TNS), avec des différences de cotisations et de pensions, souvent moins avantageuses pour les TNS.
Solutions pour une meilleure préparation : Pour optimiser leur retraite, les dirigeants peuvent consulter leur relevé de situation retraite, racheter des trimestres, et diversifier leurs investissements avec des outils comme l’assurance vie, le PEA ou le PER.











