Avec la multi et la pluri-franchise, les franchisés ne gèrent pas un seul point de vente mais plusieurs en même temps ! Un changement de posture qui nécessite d’être à la fois un super gestionnaire et un véritable stratège de l’organisation.
Super franchisés, serial-entrepreneurs, « Barons »… Les franchisés qui dirigent plusieurs points de vente sont de plus en plus nombreux. On estime aujourd’hui que 20 % des franchisés exploitent en moyenne trois points de vente contre 8 % * en 2009. Cette tendance s’explique. Des cohortes de cadres ou d’anciens commerçants, habitués à gérer des équipes, se reconvertissent dans la franchise, avec l’objectif de valoriser leur expérience et de diriger de véritables petits empires sous enseignes.
Parmi ces entrepreneurs en série, il faut distinguer les multi-franchisés des pluri-franchisés : les premiers gèrent plusieurs établissements dans le même réseau, les seconds dans des réseaux différents. « Dans les deux cas, il s’agit de profils investisseurs. Ils trouvent avec la franchise un moyen sécurisé de se développer » explique Emmanuel Jury, président du cabinet Progressium.
Grandir oui, mais pas n’importe comment
La perspective de gérer plusieurs points de vente franchisés est alléchante : mutualisation des coûts, économies d’échelle, process rodés …. Mais gare ! Les timings d’ouverture doivent être étalés dans le temps. Pas question d’ouvrir un point de vente tous les 6 mois sous prétexte de se développer coûte que coûte. « Il faut dégager suffisamment de trésorerie avant de lancer un autre établissement, c’est la règle Numéro 1. D’autant plus qu’un second ou troisième commerce met en général plus de temps à démarrer » prévient Emmanuel Jury. Au-delà de trois ou quatre unités, il faut aussi se structurer juridiquement. « J’ai crée une holding financière qui chapeaute les différentes entités juridiques. Cela offre une meilleure visibilité des rentabilités de chaque point de vente » relate Florian Louys, franchisé la Chaise Longue qui gère trois magasins dans le Sud-Ouest.
La pluri-franchise, idéale pour diversifier ses investissements
Les pluri-franchisés doivent en outre s’assurer de la compatibilité des enseignes qu’ils souhaitent ouvrir et vérifier dans leur contrat que le franchiseur accepte la pluri-franchise. Sur ce dernier point, deux écoles s’affrontent : d’un côté les réseaux qui refusent tout net le fait que leurs ouailles ratissent trop large avec des enseignes différentes et surtout concurrentes, de l’autre des réseaux qui voient d’un bon œil la formule, notamment dans le textile, la restauration et l’alimentaire. « Nous avons deux multi dans le réseau, ils gèrent des restaurants Subway ou des Bistrots Régent. C’est gagnant pour nous car ils ont une forte culture du métier et de la franchise, sans pour autant être sur le même créneau » indique Christophe Miguel, co-fondateur de l’enseigne de burgers King Marcel. Côté franchisés, la pluri-franchise évite par ailleurs de mettre tous ses œufs dans le même panier et dilue les risques financiers, notamment en cas de baisse d’activité sur un secteur ou de crise économique.
Organisation et délégation au cordeau
Qui dit méga développement, dit aussi maxi organisation. « Un multi ou pluri-franchisé est un super gestionnaire. Rarement sur le terrain, il doit impérativement déléguer en s’entourant d’un numéro 2 béton dans chaque unité » poursuit Emmanuel Jury. Certains multi et pluri-franchisés gèrent jusqu’à 5 ou 6 points de vente et l’équivalent de 50 personnes. Il faut alors être prêt à endosser la casquette de dirigeant de « Business Unit », voire de petite PME, et se concentrer sur le reporting des points de vente, le turn-over du personnel, le management des équipes … Un autre métier, loin de l’opérationnel et du contact client, qui exige une forte capacité à la pluri-disciplinarité.
La distance entre les différents points de vente est également importante. Les experts conseillent d’ailleurs de concentrer les ouvertures dans un périmètre géographique de 100 kilomètres maximum. « Mes magasins sont situés à Saint-Paul de Dax, Bayonne et Tarbes, il me faut entre 30 minutes et 1 heure de trajet pour les rejoindre en voiture » indique Florian Louys qui prévoit l’ouverture d’un quatrième Chaise Longue à Bordeaux. Le quinqua réfléchit même à diversifier son portefeuille d’investissement avec une autre enseigne, cette fois-ci dans… la chaussure.
*15e enquête Banque Populaire-FFF