La crise mais aussi les nombreux départs à la retraite offrent des opportunités de reprise de franchises. Mais quand faut-il privilégier reprendre plutôt que créer son entreprise ? Témoignages et avis d’experts
« Aujourd’hui, je préférerais opter pour une reprise plutôt qu’une création car cela demande quand même moins d’énergie », témoigne Benoît Pouverel. Ce multi franchisé Mail Boxes Etc. (MBE) dans l’agglomération bordelaise sait de quoi il parle puisqu’il a monté de toutes pièces sa première affaire en 2016. « J’ai pu choisir l’emplacement, les process, les prix, mes équipes, définir ma stratégie… Cette agence du centre de Bordeaux me ressemble à 100 % », ajoute-t-il. Pour ses deux autres agences MBE, il a opté pour des reprises aux profils différents. « À Mérignac, la stratégie commerciale du précédent franchisé était bonne mais les ressources humaines en place n’avaient pas la même vision que moi. À Saint-Loubès, les prix pratiqués à l’époque étaient trop bas. Il a fallu les augmenter ce qui nous a valu quelques frictions avec les clients », raconte Benoît Pouverel. Avant de résumer : « dans le cadre d’une reprise, une période de transition s’opère durant laquelle il faut accepter l’existant et le faire changer petit à petit ».
Les avantages à reprendre une entreprise et son concept
Aujourd’hui, plus de la moitié (52 %) des nouveaux franchisés s’inscrivent dans le cadre d’une reprise contre 48 % qui partent sur une création ex nihilo. Des repreneurs de plus en plus nombreux car certains réseaux mâtures voient nombre de leurs franchisés prendre leur retraite et céder leur affaire. Même si cela n’est pas un long fleuve tranquille, la reprise d’une franchise présente des avantages indéniables. D’abord, il n’est pas nécessaire de rechercher l’emplacement ou le local idéal. Le point de vente existe déjà. À part quelques potentielles dépenses de rénovation de gros travaux ne sont pas à prévoir. Une reprise assure également un historique de chiffre d’affaires : une base de travail pour votre prévisionnel et éviter le saut dans le vide.
Reprise de franchise, attention aux mauvaises surprises
Pour autant, avant de reprendre une franchise, il est important de dresser un inventaire exhaustif de tous les dossiers en cours, et notamment des éléments qui motivent la cession du point de vente. « Est-ce une question d’emplacement ? De motivation du cédant ? De concurrence ? De changement de vie ? De mauvaise gestion de la part du franchisé ? Ne perdons pas de vue que tout le monde n’est pas fait pour être entrepreneur », analyse Fanny Roy, avocat et fondatrice du cabinet ROY&Associés. Reprendre une affaire qui marche bien peut, de prime abord, paraître rassurant mais attention à la pression. « Quand on doit gérer d’un coup 300 000 euros de chiffre d’affaires, on a moins le droit à l’erreur. On travaille avec des salariés qui connaissent mieux le concept que nous », explique Benoît Pouverel. Enfin, notez qu’une reprise de franchise est un billard à trois bandes. « Pour racheter l’affaire du cédant franchisé, le repreneur doit être validé par le franchiseur. Il s’agit d’une clause d’agrément portée au contrat de franchise », insiste Fanny Roy.
Création de franchise : plus de liberté et d’indépendance mais tout à construire
Dans le cadre d’une création de franchise, la négociation se passe entre le candidat et le franchiseur. Avec son expérience de financier et de commissariat aux comptes, Ludovic Flambert a opté, il y a une dizaine d’années, pour la création en franchise d’un hôtel Akena à Reims Bezannes. « J’avais repéré cette zone en développement dotée d’une nouvelle gare TGV et de nombreux bureaux. Il n’y avait qu’un seul hôtel sur le site. Il fallait ouvrir un établissement ici et pas ailleurs, et seule la création permettait d’atteindre cet objectif », se souvient-il. Pour lui, monter de toute pièce son premier hôtel (deux ans et demi se sont écoulés entre la première rencontre avec le franchiseur et l’ouverture de l’établissement) était aussi un excellent moyen de mettre sur pied un projet. « Le réseau de franchise est garant du concept mais j’ai quand même eu une certaine latitude à amender le cahier des charges », précise cet hôtelier qui, courant mai 2025, ouvrira un second hôtel 3 étoiles à Châlons-en-Champagne, option création et toujours pas de reprise !
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Reprise ou création d’une franchise, chacun cherche la bonne voie.
La reprise de franchise, un choix en hausse : Plus de la moitié des nouveaux franchisés optent pour la reprise plutôt que la création, attirés par la stabilité d’un emplacement déjà établi et un historique de chiffre d’affaires.
Les avantages de la reprise : Reprendre une franchise dans un secteur d’activité permet de bénéficier d’un point de vente existant, sans la recherche d’emplacement ni de travaux majeurs, tout en s’appuyant sur une base de chiffre d’affaires pour mieux prévoir l’avenir.
Les défis de la reprise : Il est crucial d’examiner en profondeur les éléments et raisons de la cession (emplacement, gestion, motivation du cédant) pour éviter les mauvaises surprises et une reprise en toute connaissance de cause. La reprise impose aussi une période d’adaptation aux pratiques existantes et une gestion sous pression.
La création de franchise, plus de liberté mais des défis : Créer une franchise offre plus de liberté et la possibilité de choisir l’emplacement, mais nécessite de bâtir son projet et tous les éléments de A à Z, ce qui peut prendre plusieurs années avant l’ouverture.
Le rôle du franchiseur dans la création : Même lors d’une création, le franchiseur guide le concept, mais laisse une certaine latitude pour personnaliser le projet, comme l’explique Ludovic Flambert, qui a créé un hôtel Akena en fonction de son étude de marché.
