Le rachat d’une entreprise en difficulté n’a rien d’une transaction commerciale classique. L’opération suit une procédure complexe, encadrée par le droit des procédures collectives, avec des étapes clés à respecter.
Reprendre une entreprise en redressement judiciaire ou en liquidation est une opération risquée par nature, qui ne s’improvise pas. Elle impose une vigilance accrue et une compréhension fine des mécanismes juridiques.
Comment identifier une entreprise en redressement ou liquidation judiciaire ?
Repérer une société présentant un vrai potentiel de relance est la première brique à poser. Pour trouver les entreprises cibles, plusieurs pistes :
- Les plateformes spécialisées comme le CNAJMJ (Conseil national des administrateurs judiciaires et des mandataires judiciaires), l’ASPAJ (Association syndicale professionnelle d’administrateurs judiciaires) ou celles des ventes judiciaires aux enchères. Elles recensent régulièrement les sociétés en difficulté et proposent des listages détaillés.
- Les annonces des Tribunaux de commerce, publiées au BODACC (bulletin officiel), sur les sites des Greffes des Tribunaux de commerce ou directement sur Infogreffe.
- Les réseaux d’affaires : expert-comptable, avocats, cabinets conseils… Ils peuvent avoir entendu parler d’une cession potentielle.
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Étudier la situation de l’entreprise à reprendre
Dans le cadre d’une reprise d’entreprise en difficulté, l’acquéreur n’achète pas une performance mais un potentiel. L’évaluation doit prendre en compte plusieurs éléments :
- Un état des lieux financier : il s’agit d’étudier en détail les comptes de l’entreprise : comptes de résultats, bilan comptable, tableau des actifs et du passif. Le passif n’est généralement pas transmis dans le cadre de la reprise d’une entreprise en redressement mais attention à bien vérifier certains engagements contractuels : des fournisseurs peuvent avoir imposé des conditions de paiement en cas de changement de main.
- Un inventaire précis des actifs : il s’agit d’identifier les actifs intéressants à reprendre, tels que le matériel, les immobilisations, la clientèle ou encore les marques.
- Une situation des contrats, baux, litiges en cours, avec précisions sur ce qui est ou non intégré à la reprise.
Ces professionnels peuvent vous aider à établir un état des lieux et vous aider à vous financer.
Les étapes pour entamer la procédure de rachat
- Constituer un dossier de reprise : le Tribunal de commerce étant souverain dans sa décision, ce document écrit doit être particulièrement soigné pour convaincre les parties (président du Tribunal, administrateurs judiciaires, liquidateurs, responsables du CSE…). Il doit contenir une lettre d’intention exposant la stratégie de développement long terme (axes de croissance envisagés, marchés ciblés, moyens en œuvre). Les justificatifs de financement (conditions de paiement proposées, garanties apportées, sources de financement mobilisées) ainsi qu’un projet social (maintien de l’emploi, impact local) doivent également y figurer. Parmi les autres mentions indispensables : identité du/des acheteurs, liste des actifs à reprendre, forme juridique envisagée…
- Déposer le dossier : l’offre doit être transmise aux administrateurs judiciaires, dans le délai imposé par le Tribunal, généralement quelques semaines après l’ouverture de la procédure. Les candidats à la reprise sont ensuite auditionnés par le Tribunal de commerce.
- Attendre la décision du Tribunal : une fois les offres de reprise déposées, l’administrateur judiciaire (ou le liquidateur judiciaire dans le cadre d’une liquidation) entame une phase d’analyse minutieuse et émet un avis motivé qu’il transmet au Tribunal de commerce.
- Signer l’acte de cession : Après l’étude du dossier et des offres concurrentes, le Tribunal désigne officiellement le repreneur de l’entreprise. Ce jugement met fin à la procédure de redressement et ouvre la voie à la signature de l’acte de cession.
NOTRE RÉSUMÉ EN
5 points clés de l'article
PAR L'EXPRESS CONNECT IA
(VÉRIFIÉ PAR NOTRE RÉDACTION)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Racheter une entreprise en redressement ou en liquidation : ce qu’il faut savoir
Identifier les bonnes opportunités
Repérer les entreprises en difficulté passe par les plateformes spécialisées (CNAJMJ, ASPAJ), les annonces du BODACC ou les réseaux d’affaires. Les meilleures opportunités circulent souvent en amont des publications officielles : il est donc conseillé de contacter directement les administrateurs judiciaires et de réaliser un audit juridique et opérationnel express avant toute démarche.
Évaluer le potentiel, pas la performance
L’acquéreur rachète un potentiel de rebond plutôt qu’une entreprise performante. L’analyse doit inclure les comptes, les actifs, les contrats, les litiges et la dynamique interne. L’audit humain (équipes, partenaires, culture d’entreprise) est tout aussi déterminant que les chiffres.
Constituer un dossier de reprise solide
Le dossier de candidature adressé au Tribunal de commerce doit être complet et structuré : lettre d’intention stratégique, projet social, justificatifs de financement, identité de l’acheteur et périmètre de reprise. Un dossier clair, cohérent et crédible maximise les chances d’être retenu.
Respecter les étapes de la procédure judiciaire
Le processus comprend le dépôt du dossier auprès des administrateurs judiciaires, l’audition par le Tribunal, puis la décision finale de reprise. Le jugement officialise l’attribution et permet la signature de l’acte de cession. Chaque étape obéit à des délais stricts et à un formalisme précis.
Un rachat à haut risque, mais à fort levier
La reprise d’une entreprise en difficulté reste une opération risquée, réservée aux investisseurs avertis. Elle exige une compréhension fine du droit des procédures collectives, de solides garanties financières et une vision claire du redressement à long terme. Bien maîtrisée, elle peut toutefois offrir des opportunités de croissance exceptionnelles.


















