Même si vous vous y préparez mentalement, cette reprise d’entreprise est sans doute votre « première fois ». Donc attendez-vous à vivre des montagnes russes émotionnelles parfois contradictoires.
Pascal Ferron, président de Walter France et spécialiste du sujet, met en lumière les étapes émotionnelles que vous traverserez inévitablement. Objectif ? Vous armer pour mieux les appréhender et les surmonter.
1 – L’enthousiasme des premières semaines
C’est décidé, vous allez reprendre une entreprise. Votre entourage accueille la nouvelle avec intérêt, parfois avec surprise, souvent avec encouragement. Une énergie débordante vous anime. Vous vous inscrivez à des formations pour acquérir des outils, des méthodes et un réseau. Vous contactez des cabinets d’intermédiation en expliquant avec force et conviction pourquoi vous êtes LE candidat idéal. Vous constituez votre dossier de reprise d’entreprise, sélectionnez vos futurs partenaires : expert-comptable, avocat, potentiels investisseurs, etc. Ces premières semaines sont grisantes, pleines de promesses et d’espoirs. Invincible, prêt à conquérir le monde de l’entrepreneuriat, vous êtes !
2- L’espoir de la première rencontre avec un cédant
Vous avez de la chance, rapidement, le cabinet d’intermédiation organise un premier rendez-vous avec un cédant. « Ce n’est pas le secteur d’activité auquel vous avez pensé a priori, mais bon, on vous a expliqué qu’il fallait s’ouvrir à d’autres opportunités, alors pourquoi pas. Et puis c’est vraiment une belle entreprise, un peu plus petite que ce à quoi vous pensiez, mais avec une belle marge. Géographiquement, ça colle aussi. Pas vraiment à 50 mètres de chez vous mais dans une région ensoleillée où vous vous voyez bien vivre. Plus vous vous plongez dans le dossier du cédant, plus vous vous dites que ce serait vraiment génial pour vous. Vous y croyez à fond », observe Pascal Ferron, président de Walter France.
3- La désillusion progressive après le premier rendez-vous de cession
Passée l’effervescence du départ et le premier rendez-vous avec le cédant, rapidement, les premières ombres apparaissent. Le cédant est aux abonnés absents. Finalement, l’intermédiaire vous indique que vous n’avez pas convaincu. La douche froide car vous aviez pourtant mis tout votre cœur à lui parler de votre brillant parcours professionnel… Mais sans doute pas assez de vos soft skills transposables dans son univers. À cela s’ajoute la complexité des aspects juridiques, financiers et opérationnels. Vous réalisez que le processus est plus long et ardu que prévu. L’enthousiasme initial s’estompe quelque peu… Vous commencez à douter de la faisabilité de votre projet, à vous demander si vous avez fait le bon choix, etc. Pire, votre entourage manifeste une certaine impatience, voire un scepticisme.
4- L’angoisse et le stress de reprendre une entreprise à cause de l’inconnu
Alors que vous avancez dans le processus, la perspective de quitter votre emploi, d’investir vos économies, de vous engager sur le long terme génère une angoisse palpable. Le stress lié à l’incertitude de l’aboutissement, à la complexité des démarches administratives et financières, devient plus intense. Vous dormez moins bien, vous êtes plus irritable. La pression est forte, et il est crucial de ne pas la laisser vous submerger.
5- L’impatience face à la lenteur et aux imprévus
Le temps s’étire. Les délais s’allongent. Vous avez l’impression de ne pas maîtriser le calendrier, d’être dépendant des décisions des autres (cédants, banquiers, experts…). « Attendre ? Vous qui viviez à 200 à l’heure dans votre poste de cadre, vous ne comprenez pas ce qui vous arrive. La patience, ce n’est pas votre point fort. C’est énervant, c’est agaçant de ne pas avancer. Et pourtant… l’apprentissage de la patience est fondamental dans le processus de la reprise d’entreprise », insiste Pascal Ferron, président de Walter France.
6- Le doute s’installe pour reprendre une entreprise
Face aux obstacles accumulés, une phase de doute profond s’installe inévitablement. Vous passez en revue les offres que vous avez examinées. Est-ce le bon secteur ? La bonne taille d’entreprise ? Êtes-vous vraiment prêt à assumer les responsabilités d’un chef d’entreprise ? « Heureusement, vous avez choisi de bons conseils, et ils joueront pleinement leur rôle dans ces périodes difficiles pour vous remonter le moral et vous expliquer que les déceptions et les doutes font partie intégrante du processus », témoigne notre expert.
7- L’apprentissage de l’endurance et de la patience, ça se travaille
Reboosté par vos conseils, vous reprenez votre bâton de pèlerin ! Car tous les repreneurs à succès vous le diront, il faut un à deux ans pour parvenir à ses fins. Donc soyez patient et acceptez que le temps des cédants ne soit pas le vôtre. Le cédant, lui, gère son entreprise au quotidien ; sa transmission, il s’en occupe « en plus », alors que pour vous ce dossier est votre raison de vivre.
8- La détermination et la persévérance, les clés de la réussite d’une reprise
Pascal Ferron l’affirme haut et fort : « Ce qui fait la différence, c’est la détermination et l’opiniâtreté. Un repreneur qui croit en son projet, qui a foncièrement envie de reprendre une entreprise, qui s’en donne les moyens, et qui sait surmonter les moments de doute pour toujours y croire avec sang-froid, encore et encore, celui-ci réussira toujours. »
Et surtout, même si c’est important, ce n’est pas le montant de l’apport qui sera crucial. C’est votre force de conviction, votre niaque qui saura entraîner dans votre sillage votre famille, les intermédiaires, les financeurs et… un cédant !
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : Les 8 étapes émotionnelles du repreneur d’entreprise.
L’enthousiasme des premières semaines : Vous êtes sur un nuage après avoir pris la décision de reprendre une entreprise. L’anticipation et le soutien de votre entourage vous motivent à vous former et à constituer un solide dossier de reprise.
L’espoir lors de la première rencontre avec un cédant : Le premier rendez-vous avec un cédant est prometteur. Vous découvrez une entreprise cible séduisante qui semble être une opportunité idéale, renforçant votre détermination à mener à bien ce projet.
La désillusion progressive : Rapidement, la réalité vous rattrape : le cédant reste silencieux, et le processus s’avère complexe et long. Vous commencez à ressentir des doutes quant à la réalisation de votre projet, alimentés par l’impatience de votre entourage.
L’angoisse et le stress face à l’inconnu : En raison de l’incertitude entourant votre avenir professionnel et financier, l’angoisse s’intensifie. La pression liée au processus de reprise affecte votre bien-être, rendant essentielle la gestion du stress.
La détermination et la persévérance : Malgré les défis et les doutes, la clé de la réussite se trouve dans votre détermination et votre savoir-faire. Un repreneur qui reste convaincu et persévérant, même face aux obstacles, a de meilleures chances de succès à long terme.