Pourquoi, en 2024, rédiger un article consacré aux « erreurs à ne pas commettre en tant que femme cheffe d’entreprise » ? Soyons honnêtes, nous nous sommes posé la question à la rédaction. Cela sous-entendrait qu’il existe des différences selon les genres dans la façon d’entreprendre ? Il y a clairement là matière à débat !
Néanmoins, on peut affirmer sans trop nous avancer, qu’il existe des disparités notables entre un homme et une femme chef.fe d’entreprise. Alors peut-être faut-il, en premier lieu, faire le tri, entre fausses croyances et sexisme. On en veut pour preuve l’étude 2023 du réseau Initiative France : 22% des entrepreneuses interrogées disent avoir été confrontées à des difficultés parce qu’elles étaient des femmes. Parmi elles, 71% ont fait face à des clichés et 65% ont eu du mal à être reconnues comme légitimes. Face à ces chiffres, on peut facilement concevoir qu’il est plus complexe pour une femme entrepreneuse de franchir certains obstacles. À commencer par faire taire cette petite voix propre au syndrome d’imposture ou oser aller chercher des investisseurs pour porter plus loin son projet.
Le goût d’entreprendre
Précision qui a son importance : les femmes aiment entreprendre ! C’est ce qu’a notamment révélé une étude de France Active et Bpifrance réalisée en 2020 auprès de 1 023 personnes. Lasses du salariat, 63% des sondées estiment qu’il est plus motivant de créer sa propre entreprise. Pour 35% d’entre elles, l’idée de façonner leur propre emploi – et si possible en créer d’autres – est source de motivation. Elles voient aussi la création d’entreprise comme une formidable opportunité de concrétiser une idée personnelle (47%), d’insuffler du sens à leur vie professionnelle (46%) ou d’acquérir plus de liberté (34%).
Selon une étude menée par Sumup auprès d’entrepreneuses en Europe, pour 4 femmes sur 10 en France la peur de l’échec reste un frein majeur à la volonté d’entreprendre. Alors comment se lancer avec confiance, en déjouant clichés et écueils, lorsqu’on est une femme ? Voici 4 erreurs à ne plus commettre.
Penser qu’il existe des idées de business réservées aux femmes
Se faire confiance c’est aussi s’écouter. Il est donc primordial de ne pas s’interdire l’accès à un secteur encore peu féminisé, comme la Tech, l’industrie ou le bâtiment. Bien au contraire, dans ces secteurs d’activité désertés par les femmes, être une cheffe d’entreprise peut même se révéler un atout pour se démarquer. C’est ce que confirme Véronique Housset, franchisée d’illiCO travaux, qui partage son expérience dans le secteur du bâtiment : « Je pense que dans notre métier, être une femme est une vraie plus-value. On apporte un souffle nouveau au métier. En revanche, il ne faut pas se cacher, il faut y aller, s’imposer. »
Douter constamment, se comparer
Quand on est cheffe d’entreprise, on a tendance à loucher sur la concurrence et à observer ce que font les autres. Un réflexe rarement constructif qui va surtout avoir pour conséquence d’alimenter la peur de l’échec.
Chez les femmes plus que chez les hommes, l’autocensure et les barrières internes semblent faire des ravages, bridant la confiance en soi et l’esprit d’initiative. Un manque d’assurance qu’il faut combattre pour conserver son rêve d’entreprendre, oser relever des défis et prendre des risques.
Toutes les idées d’entreprise sont bonnes à condition qu’elles soient bien exécutées. Pour se lancer et surtout, garder le cap, il est essentiel de pouvoir définir son concept, identifier la mission de l’entreprise et ses principales valeurs et se tourner vers l’avenir. Pas d’ambition possible sans projection.
Ne pas bien s’entourer
Cela nous amène naturellement à une autre clé de réussite entrepreneuriale : déléguer et s’entourer de personnes de talent, qu’il s’agisse d’un associé ou d’une équipe. Savoir s’entourer, c’est aussi se reposer sur autrui en s’offrant la possibilité d’agrandir son champ d’action et de compétences. C’est aussi se laisser l’opportunité de conserver son temps et son énergie sur son propre domaine de compétences. Entreprendre via un réseau de franchises c’est d’ores et déjà être accompagnée. Ce dont témoigne notamment Fanny Briard qui a intégré le réseau Guy Hoquet : « Je n’aurais jamais osé ouvrir une agence en nom propre. (…) Ils m’ont aidée à prendre confiance en moi. La notoriété de la marque (…) offre également une garantie aux clients. »
Savoir s’entourer est d’autant plus essentiel quand on sait que les femmes supportent encore, en grande majorité, le poids de l’organisation familiale et de la charge mentale qui va de pair. Résultat, elles sont 15% d’entre elles à mettre fin à leur projet de création d’entreprise à cause d’une évolution de leur situation personnelle (8% d’hommes seulement sont concernés).
Mal communiquer et ne pas oser chercher de financement
« La communication requiert 25% du temps du dirigeant », affirmait Chester Barnard, célèbre manager et théoricien d’entreprise. Car c’est un fait de travailler dur, de se dévouer à son entreprise et de croire en son idée, mais un business ne pourra réellement décoller que s’il est partagé. Site Internet, médias, réseaux sociaux, bouche-à-oreille, réseau professionnel, publicité… Il existe quantité de leviers pour présenter son entreprise au plus grand nombre.
Mais, si communiquer signifie partager sa vision auprès de ses clients et de son équipe, c’est aussi savoir prendre la parole, transmettre des informations et convaincre d’éventuels investisseurs. Or, plus la taille des entreprises est importante, moins on compte de femmes à leur tête. Sans doute en partie parce que les femmes sont moins nombreuses que leurs homologues masculins à oser la levée de fonds ou à parvenir à convaincre les banques de financer leur projet. L’étude Sumup précise que 29,2% des Françaises interrogées considèrent rencontrer des difficultés supplémentaires d’accès à des financements.
L’étude « Femmes et cheffes d’entreprise » réalisée par l’Adie en 2022 abonde en ce sens : les banques refusent deux fois plus souvent un prêt à une femme qu’à un homme. Heureusement, pour pallier ces inégalités, un réseau d’aide à la création d’entreprises par les femmes existe. On peut citer le dispositif « Égalité Femmes » de France Active qui se porte caution à la place de l’entrepreneuse afin d’obtenir un prêt bancaire (jusqu’à 80 % d’un emprunt bancaire dans la limite d’un montant de 50 000 €).
Finissons sur une note positive avec ce dernier chiffre : selon l’étude France Active, les entreprises dirigées par les femmes sont en moyenne 8% plus rentables que celles dirigées par des hommes.