Avec près d’un franchisé sur deux qui change de secteur d’activité par rapport à son précédent métier, le modèle de la franchise favorise les reconversions professionnelles. À l’approche des Jeux Olympiques de Paris 2024, faisons le zoom sur d’anciens sportifs professionnels qui ont choisi la franchise pour entreprendre.
« Tous les efforts et les sacrifices que j’ai faits durant ma carrière de sportif de haut niveau m’ont aidé à supporter la pression au moment de la création de l’entreprise et celle du quotidien », assure Eugène Ekobo. Après une carrière de vingt ans en tant que footballeur professionnel, il est devenu, à 38 ans franchisé du réseau de parcs d’attractions intérieurs Youpiparc à Clermont-Ferrand. Sa carrière d’ancien sportif l’a beaucoup aidé dans la gestion de son activité et des nombreuses heures supplémentaires au début de l’aventure. « Durant les premières années, c’est difficile, on ne compte pas ses heures, il faut faire beaucoup de sacrifices » insiste-t-il. Heureusement, cinq ans plus tard, le parc de loisirs compte quatre salariés et a acquis la notoriété nécessaire pour lui permettre de se libérer du temps.
En tant qu’ancien footballeur professionnel, Mehdi Meniri confirme que les qualités des sportifs de haut niveau se retrouvent chez les chefs d’entreprise, et notamment la gestion de la pression et du stress. Autre qualité développée pendant sa carrière, le goût de l’effort. « On est souvent dans le dur pendant les entraînements. Aujourd’hui, pour moi, c’est naturel de faire des efforts et je le reproduis dans le travail : comme dans le sport, il faut travailler dur pour obtenir des résultats ».
Mountassir Bouhadba, ancien boxeur professionnel qui a créé le réseau de franchise de salles de sport Gigafit (100 salles ouvertes ou en cours d’ouverture en France et à l’international), trouve lui aussi de nombreuses similitudes dans les deux disciplines : « C’est de l’entraînement dans les deux cas. C’est sportif d’être chef d’entreprise, il faut être discipliné, avoir de la constance, garder le rythme sur le long terme et savoir se réinventer. Car les résultats, on ne les voit que sur le long terme, à force de répéter et d’améliorer les choses. Dans l’entrepreneuriat comme dans le sport de haut niveau, il faut adopter la meilleure stratégie par rapport à son environnement, chercher la performance et vouloir construire un projet ».
Pour l’ancien footballeur professionnel Achille Campion devenu fin 2022 franchisé Hippopotamus à Amiens, le sport et l’entrepreneuriat ont de nombreuses valeurs communes, au premier rang desquelles se trouve l’esprit d’équipe. A la tête du groupe Itori, il détient aujourd’hui deux Hippopotamus, deux Au Bureau, deux Crêpe Touch et bientôt un restaurant de la chaîne italienne Volfoni, soit sept restaurants ouverts en l’espace de deux ans. « Un bon rythme de sportif » commente-t-il. Il trouve également des similitudes avec son secteur d’activité : « dans la restauration comme dans le sport, la qualité essentielle réside dans la préparation ».
Pour Cédric Le Henaff, lui aussi ancien footballeur professionnel, devenu en 2023, avec sa femme, affilié du réseau Armorlux à Nice, le sport reste très proche de ce qu’il fait aujourd’hui, citant notamment « l’abnégation et le dépassement de soi, même si dans le cadre de l’entrepreneuriat, celui-ci n’est plus physique ».
Quelle reconversion professionnelle pour un sportif de haut niveau ?
Pour en arriver là, ces anciens sportifs de haut niveau ont pour la plupart préparé le terrain bien en amont. « Très vite, j’ai réalisé que le football ne serait qu’un moment de ma vie », livre Achille Campion. En parallèle de sa carrière sportive, il poursuit ainsi ses études et obtient un MBA en finance dans l’optique d’avoir « une formation solide pour son après-carrière et pouvoir créer sa propre entreprise ».
A mi-parcours, soit dès ses 28 ans, Eugène Ekobo a lui aussi pensé à sa reconversion. Par le biais de l’Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP), il obtient deux diplômes, le premier en création d’entreprise et le second pour devenir éducateur. « Au départ, je souhaitais devenir éducateur sportif mais ma femme m’a finalement dirigé vers la franchise ». Pour choisir le bon réseau, il rencontre deux franchiseurs, une enseigne de magasins de sport et une chaîne de parcs de loisirs. Finalement, ce sont ses enfants, venus tester le concept de Youpiparc, qui ont décidé pour lui.
Si certains mûrissent assez tôt leur projet de reconversion, ce n’est pas le cas de tous. Mehdi Meniri n’avait pour sa part pas du tout préparé sa sortie : « Quand on est dedans, on se dit qu’on verra bien demain, et que l’on arrivera toujours à faire quelque chose dans le football. Moi je n’avais connu que ça. Mais il y a beaucoup de monde sur le marché ». Aussi, à 34 ans, lorsqu’il prend sa retraite sportive, il avait prévu de prendre une année sabbatique pour se reposer : « Quinze ans de haut niveau, en ligue 1 et ligue 2, ça use ». Finalement, une opportunité en décide autrement : au bout de trois mois, un ami d’enfance lui présente le concept Columbus Café et huit mois plus tard, il ouvre son premier magasin à Nancy, en 2012. « Je n’ai pas trop réfléchi, j’ai foncé tête baissée car c’était une évidence, j’avais envie de le faire », confie le multi franchisé aujourd’hui à la tête d’une holding qui chapeaute cinq Columbus Café et quatre Yogurt Factory pour une cinquantaine de salariés.
Pour Cédric Le Henaff, le choix aussi s’est fait « au coup de cœur. Je voulais une marque forte et de qualité qui produit en France ». Pour ce natif de Brest, devenir affilié de la marque de vêtements bretonne a sonné comme une évidence après une première mauvaise expérience avec un réseau de sandwicherie.
Après une carrière de sportif, comment faire un autre métier que le sport ?
Tous ces sportifs professionnels reconnaissent les bienfaits de l’entrepreneuriat en franchise. « Tout seul, je n’aurais pas eu le courage ni le savoir-faire » confie le multifranchisé Mehdi Meniri qui est allé vers la franchise à la fois pour « l’accompagnement, la formation et le suivi. C’est un concept bien réalisé où il y a juste à suivre les process » explique-t-il. Néanmoins, il reconnaît que le parcours a été compliqué, notamment pour obtenir les premiers financements. « Quand on est footballeur en activité, toutes les portes s’ouvrent, mais c’est plus compliqué lorsque ça s’arrête. On a une étiquette qui dit que l’on ne sait faire que du foot et pas autre chose ». A force de persévérance, il finit par obtenir un prêt bancaire.
Grâce à ses différentes expériences dans de nombreux pays (aux Etats-Unis, en Suède, en Irlande, en Angleterre et en France), Achille Campion n’a quant à lui pas rencontré trop de difficultés pour convaincre les banques. Avec son MBA en finance, il était « structuré pour » explique-t-il. Et bénéficiait en outre de l’appui et de l’expérience de son père et de sa sœur qui exploitaient plusieurs Burger King dans les Hauts de France. « J’ai profité de l’accompagnement familial pour me développer. Etant donné que je n’avais pas d’expérience, c’est très important de bien s’entourer, comme dans le sport ».
Pour Cédric Le Henaff aussi, la franchise a semblé être le bon compromis pour se lancer, lui permettant de « faire les choses par lui-même, tout en ayant un cadre et en étant accompagné ».
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur les reconversions réussies de sportifs de haut niveau grâce à la franchise :
Transfert de compétences : Les anciens sportifs professionnels trouvent dans le monde de la franchise un terrain fertile pour appliquer leurs compétences acquises dans le sport, notamment la gestion de la pression, l’esprit d’équipe, et la persévérance. Des qualités telles que l’endurance et la discipline, essentielles dans le sport, sont également cruciales dans la gestion quotidienne d’une entreprise.
Choix stratégique de la franchise : Opter pour une franchise permet aux sportifs de bénéficier d’une structure et d’un soutien établis, réduisant ainsi les risques liés à l’entrepreneuriat. Cette formule offre également une formation, un accompagnement continu et un modèle d’affaires éprouvé, facilitant la transition professionnelle des sportifs.
Exemples de réussite : Plusieurs cas illustrent cette réussite, comme Eugène Ekobo qui a rejoint le réseau de parcs d’attractions intérieurs Youpiparc, et Mehdi Meniri qui a diversifié ses activités dans la restauration avec Columbus Café et Yogurt Factory, prouvant la viabilité et le potentiel de croissance des entreprises dirigées par des ex-sportifs.
Préparation à la reconversion : La préparation à la reconversion est souvent initiée bien avant la fin de la carrière sportive. Des sportifs comme Achille Campion ont poursuivi des études supérieures parallèlement à leur carrière, se dotant ainsi des outils nécessaires pour leur seconde carrière, ce qui souligne l’importance d’une planification précoce.
Défis du financement : Bien que les sportifs puissent rencontrer des obstacles spécifiques, notamment en matière de financement initial dû à leur manque d’expérience en dehors du sport, leur détermination et l’accès à des réseaux de soutien peuvent surmonter ces défis. L’expérience montre que les compétences et la notoriété acquises dans le sport peuvent être converties en succès entrepreneurial dans le cadre d’une franchise.