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[Tribune] Le monde merveilleux de la franchise : le digital

Photo de couverture : le monde du digital

Ferdinand, que nous appellerons Simon pour lui éviter de devenir la vedette des réseaux sociaux 🙂 ferme son magasin. Tous les soirs vers 20 heures, il déroule son rideau métallique à grand bruit.

C’était hier soir, il pestait contre les concepteurs de ces rideaux de fer, incapables de réduire ce tintamarre insupportable. Insupportable, surtout pour le voisinage.

J’imagine les gens qui habitent dans une rue commerçante. De six heures à dix heures du soir, c’est une torture sonore.

J’avais rendez-vous avec Simon, pour parler commerce. Histoire d’écrire un article sur ces entrepreneurs qui jalonnent les rues commerçantes et dont on ne connait pas bien la vie.

Nous nous sommes assis à la terrasse de la brasserie voisine. Simon a salué toute l’équipe, a échangé quelques mots avec le patron puis a commandé deux boissons pour accompagner notre rendez-vous.

Il a commandé en se servant de son téléphone. “C’est plus rapide m’a t il dit. Et puis ça libère du temps pour les employés qui peuvent mieux s’occuper de leurs clients. C’est comme dans mon magasin, les gens viennent en ayant réservé en ligne. Leur boîte est prête, dans un casier. On a créé une application, qui leur permet d’ouvrir le casier, ils se servent paient avec leur Smartphone ou leur carte et le tour est joué. Moi, je bavarde avec eux quelques secondes si je sens qu’ils ont un peu de temps et en général je leur vends une pièce complémentaire.

Tout ça, ça génère mon fichier. Je sais ce qu’ils achètent, le jour où ils viennent au magasin, l’âge des enfants et tout ça, je leur envoie de temps en temps un petit mot par sms, pour les prévenir que j’ai reçu telle ou telle marque ou un truc dont ils avaient envie mais qui était un peu cher…”

Il avait démarré au quart de tour sur le digital.

“Vous êtes un fan du digital ?

– Oh, j’ai vite compris que c’était incontournable. Quand je vois la vitesse à laquelle les comportements ont changé, on avait intérêt à se mettre au goût du jour. Je regarde mes enfants. Chaque fois qu’ils ont envie d’un truc, leur premier réflexe est de prendre leur téléphone. Ils comparent, regardent les avis, vont sur Instagram ou Tik Tok pour savoir ce que leur communauté pense. Pour peu que les copains trouvent l’objet ringard, ils l’effacent de leurs favoris.

Alors, je fais pareil, je regarde Instagram, Facebook et tout ça et j’essaie de me mettre dans la tendance. Pas facile, il faut réagir au quart de tour. Remarquez, c’est amusant. Avant j’allais dans tous les salons professionnels, ça me prenait trop de temps. Là, je fais mon shopping, souvent tôt le matin avant d’aller au magasin. Et puis en route, je regarde les vitrines des concurrents qui me donnent des idées.”

Simon me regarde, les sourcils froncés, comme s’il pensait déjà à l’organisation de sa prochaine journée.

“Vous savez, dites à vos lecteurs que tout cela est un savant équilibre entre le magasin physique et le digital. Les clients aiment faire du shopping en ville. Ils peuvent essayer, demander des conseils, négocier parfois les prix. Mais si vous n’êtes pas sur les réseaux… Ils ne vous « calculent » pas comme dit ma fille. Si votre magasin n’est pas Instagramable, si votre vitrine, votre cabine d’essayage, le décor de vos murs ou je ne sais quoi ne méritent pas un selfie, vous êtes hors course.

Ce soir, en rentrant, je vais chiner sur les réseaux. C’est la bonne journée. Les gamins ont tous regardé la même série hier soir et ont posté des trucs sur les réseaux. Du coup, il faut regarder ce qu’ils envoient pour connaitre la tendance du jour.”

Je regarde Simon avec admiration.

” Il faut savoir tout faire quand on est commerçant “, dis-je un peu naïvement.

Simon sourit, boit une gorgée et poursuit sa démonstration.

” Il y a une telle concurrence, qu’il faut être à la pointe. Etre commerçant, c’est avoir des compétences dans une bonne dizaine de métiers différents. L’accueil du client, le conseil, la vente, une espèce d’empathie envers ses clients qui entrent dans votre magasin. Il faut avoir de la sympathie pour eux, sinon, ce n’est pas la peine de faire ce métier. Et il faut aussi connaitre le produit, son origine, sa composition, son impact sur l’environnement, les gens me le demandent. Il faut avoir des filières d’approvisionnement de secours. Avec les crises que nous connaissons, il faut être prévoyant.  Et naturellement être attiré par le digital, Sinon, vous perdez le tiers de votre chiffre d’affaires. Et encore, je suis en dessous de la réalité. C’est devenu incontournable. Vous savez, tous les jours je regarde les avis clients. Si je descend en dessous de 4,5, je pète un câble.

Le marketing, digital ou non, c’est aussi un métier. Et là non plus on n’a pas le droit de se planter. “

Simon explique tout cela avec le sourire, passionné, comme si c’était naturel.

” Sans oublier le métier de comptable, d’expert financier et presque fiscaliste. Et puis le domaine du droit social, les relations humaines, la formation, l’animation de l’équipe. Sans parler du recrutement. C’est le plus difficile. On a du mal à recruter alors on a tendance à embaucher le premier venu. Ce n’est pas la meilleure idée. La solution ? Créer un réseau. Quand on vit dans un quartier, une rue commerçante, une profession, c’est plus facile. “

Nouvelle gorgée, il fait signe à la jeune fille qui sert en salle. Elle arrive souriante

” Dites-moi Nadia, je cherche un vendeur, Stéphane, qui tient la caisse va nous quitter, vous n’auriez pas quelqu’un que cela pourrait intéresser ? “

Et Nadia nous explique qu’elle en parlera autour d’elle. Elle semble certaine de nous trouver un super vendeur. Ils ont un groupe sur Facebook entre potes dit-elle. Ils s’échangent les bons plans !

Et pour conclure, Simon nous explique qu’il a plusieurs magasins, qu’il est franchisé de trois enseignes différentes. Heureusement dit-il, vous imaginez : “Sans un franchiseur, je n’y arriverai jamais.”

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