La célèbre chaîne de restauration rapide spécialisée dans la poutine a récemment été rachetée par deux jeunes entrepreneurs de la région de Québec qui ont décidé de faire grandir la marque au sein d’un réseau de franchisés.
Rappel historique
Ashton représente un pan de l’histoire populaire de la gastronomie québécoise. Si le concept de la poutine — des pommes frites recouvertes de fromage en grains et de sauce brune — est né à la fin des années 1950 dans le Centre-du-Québec à Warwick, puis Drummondville, ce n’est qu’au début des années 1970 qu’elle fait son apparition dans la capitale québécoise. Un certain Ashton Leblond n’a que 21 ans quand il réalise son rêve en acquérant en 1969, pour la somme de 5000 $, la roulotte à patates frites Casse-Croûte chez Laurette située à l’angle du boulevard Hamel et de la rue Notre-Dame à l’Ancienne Lorette. Il nomme alors le petit commerce ambulant Ashton Snack Bar et y sert un menu typique de l’époque : frites fraîches, hamburgers, hot-dogs et pains à la viande.
Les affaires sont difficiles et, pour se démarquer de ses compétiteurs, Ashton privilégie la fraîcheur grande qualité de ses produits. En 1972, il introduit la poutine, jusque là ignorée des habitants de Québec, et qui fera sa fortune. Quatre ans après, il ouvre son premier restaurant : ce sera le début d’une formidable aventure commerciale.
Au fil des ans, l’enseigne Ashton inaugure de nombreux établissements. En 2022, la chaîne qui compte 22 succursales corporatives et une succursale franchisée est acquise par un jeune couple d’entrepreneurs de la région de Portneuf, Jean-Christophe Lirette et Emily Adam.
Nous avons demandé à Jean-Christophe Lirette de nous parler de cette reprise et de sa vision d’avenir pour la société.

« Ashton était un modèle que nous avions étudié »
Interview des dirigeants d’Ashton
Qu’est-ce qui a déclenché cet achat ?
Jean-Christophe Lirette : « Pour nous, Ashton était un modèle sur lequel nous avions même travaillé lors de nos études universitaires pour un plan d’affaires fictif concernant son acquisition. Nos histoires sont d’ailleurs similaires, nous avons commencé, ma conjointe et moi, par l’achat d’un premier casse-croûte dans notre ville natale, puis nous sommes devenus franchisés de la chaîne nationale Harvey’s avec trois restaurants. Lorsque nous avons entendu dire que M. Leblond envisageait de vendre son entreprise, nous avons sauté sur l’occasion. Tout de suite, nous avons eu un “fit” avec lui. Il souhaitait passer le flambeau à des entrepreneurs locaux qui partageaient sa vision ; nous nous sentons privilégié qu’il nous ait choisis. »
Comment s’est déroulée l’acquisition ?
JC. L. : « Le montage financier s’est appuyé sur trois acteurs institutionnels majeurs. Desjardins Capital a agi comme investisseur en capital en nous soutenant dans l’opération, le Fonds de Solidarité FTQ a contribué au financement sous forme de prêts institutionnels et la CIBC (Banque Canadienne Impériale de Commerce), qui avait déjà cru en nous à nos débuts, a également fourni des prêts bancaires pour compléter l’acquisition. Ce montage nous permet de conserver l’ancrage régional de l’entreprise tout en mettant en place un plan de croissance ambitieux, notamment par l’ouverture de franchises. »
L’Académie Ashton pour former les franchisés
Pourquoi croître selon le modèle de la franchise ?
JC. L. : « C’est, selon nous, le meilleur modèle pour faire grandir la marque, celui qui nous fera avancer le plus vite et nous mènera le plus loin. Notre centre de service à Québec supporte déjà nos 22 succursales et notre franchisé actuel qui sera suivi d’un franchisé de la nouvelle ère en juin. Nous savons, grâce à notre passé, mieux répondre aux demandes des futurs franchisés et leur apporter un soutien efficace.
Ce qui est important pour nous dans le modèle de la franchise, c’est d’avoir des partenaires, des opérateurs proches de leur communauté et qui s’impliquent pour la réussite de leur entreprise. Nous avons en ce sens créé l’Académie Ashton où les gens viennent se former pendant huit semaines et s’imprègnent de l’ADN de l’entreprise, de nos valeurs de fierté ou de travail d’équipe, pour bien représenter Ashton dans leur coin de pays ».
Objectif : devenir leader de la poutine au Canada
Quels sont vos projets ?
JC. L. : « Nous avons ouvert en mode corporatif fin 2024 à Sainte-Marie de Beauce, notre premier restaurant optimisé selon notre nouvelle image de marque et qui servira de modèle. Par la suite, les prochaines ouvertures se feront en mode franchise.
Nous avons déjà reçu des centaines de propositions après l’appel passé sur notre site internet et certaines de ces propositions sont dans le processus de lancement. Nous sommes très exigeants. Nous recherchons des opérateurs engagés qui aiment Ashton, qui ont le goût de travailler dans la restauration et qui peuvent supporter une certaine pression. Ceux-ci seulement deviendront les porte-étendard de nos couleurs.
Pour commencer, nous allons ouvrir deux à trois nouvelles franchises cette année et l’année prochaine pour établir les bases de notre système. Par la suite, nous pourrons envisager d’en déployer davantage. Nous voulons devenir les leaders de la poutine au Canada, et nous avons même reçu des offres de l’étranger… ».
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(Vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur la reprise de la chaîne de restauration québécoise Ashton et sa relance en franchise par deux jeunes entrepreneurs :
Une reprise locale ambitieuse : La chaîne emblématique Ashton, spécialisée dans la poutine, a été rachetée en 2022 par un couple d’entrepreneurs de la région de Québec, Jean-Christophe Lirette et Emily Adam. Déjà expérimentés en restauration, ils partageaient la vision du fondateur Ashton Leblond.
Un financement institutionnel solide : L’acquisition a été rendue possible grâce à un montage financier impliquant Desjardins Capital, le Fonds de solidarité FTQ et la CIBC. Objectif : préserver l’ancrage régional tout en soutenant une stratégie de croissance ambitieuse.
Une stratégie de développement en franchise : Pour accélérer l’expansion, les nouveaux propriétaires misent sur un modèle de franchise, jugé plus agile et ancré localement. Ils ont déjà commencé le recrutement de futurs franchisés avec une exigence de qualité et d’engagement.
Création de l’Académie Ashton : Un centre de formation interne, l’Académie Ashton, a été lancé pour former les futurs franchisés sur huit semaines. Il vise à transmettre les valeurs de la marque et garantir l’homogénéité de l’expérience client.
Cap sur le leadership canadien (et au-delà) : Avec l’ouverture d’un restaurant optimisé fin 2024, les dirigeants visent deux à trois nouvelles franchises cette année et l’an prochain. L’objectif à terme est clair : devenir le leader national de la poutine, avec des ambitions internationales déjà en gestation.
Photo : Ashton