[Leur grande difficulté surmontée] Savoir (bien) s’entourer. C’est un peu le Graal de tous dirigeants et dirigeantes d’entreprise. Un constat qui s’impose à Stéphanie Tosi malgré elle. À la tête de l’entreprise Carré d’Artistes, elle est forcée de ralentir à cause de problèmes de santé et prend conscience d’une réalité : il faut restructurer l’entreprise pour donner plus de responsabilité et d’autonomie à ses salariés. Elle nous raconte son cheminement pour en arriver à cette réorganisation salutaire.
L’aventure Carré d’Artistes s’est construite dans les épreuves. Stéphanie Tosi a l’idée de créer une galerie d’art qui ne soit pas élitiste, accessible au grand public. La première ouvre ses portes à Aix-en-Provence le 11 septembre 2001. Cette date, véritable cataclysme, les oblige très vite, elle et son associé, à affiner la communication et à s’investir à 100 % pour réussir. Presque 10 ans plus tard, ce sont d’autres difficultés qui vont obliger Stéphanie à restructurer son entreprise pourtant florissante. Elle raconte :
« En 2019, nous avions une structure d’entreprise qui reposait entièrement sur deux associés, extrêmement engagés. C’était une organisation silotée, avec une direction à la verticale. Quand mon associé suite à des problèmes de santé est parti à la retraite, je me suis retrouvée du jour au lendemain seule à la tête de l’entreprise, sur-sollicitée par l’ensemble des salariés qui rentraient toutes les deux minutes dans mon bureau pour me poser des questions. Au cœur de la crise, on se retrousse les manches et on fonce, on donne tout pour que cela fonctionne. Mais on le sait, dans la vie, les galère arrivent en rafale ! En parallèle ma vie personnelle était chamboulée, je devais gérer un divorce, un déménagement… Cela faisait beaucoup de choses. Et je suis tombée malade à mon tour.
Prise de recul salvatrice
Cela a agi comme un électrochoc. Forcée de m’arrêter, j’ai subi une mise en retrait, un recul imposé qui m’ont fait prendre conscience de la situation. J’ai compris que l’entreprise était trop fragile pour continuer comme cela ; que seule dirigeante à la tête de Carré d’Artistes, il n’était plus possible de maintenir une organisation silotée. L’entreprise ne dépendant que de moi, nous allions tous dans le mur. Il fallait que je transmette des responsabilités, des connaissances et du pouvoir de diffusion à une organisation. C’est comme cela que s’est imposée l’idée du comité de direction.
De l’idée à la restructuration
Mon objectif : faire en sorte que je ne sois pas incontournable. Pour cela, je recrute une directrice financière, administrative et ressources humaines. Ensuite, je fais évoluer une personne salariée sur la partie artistique en tant que directrice. Puis, c’est au tour de la directrice marketing communication. Avant tout dépendait de moi, même si je faisais parfois appel de façon ponctuelle à des consultants. Cela a été le cas pour le développement de la franchise, maintenant nous avons un responsable entièrement dédié à ce pôle.
Mais de la volonté au résultat, le chemin est long ! Le temps de mettre cela en place, de recruter, former, cela a pris environ un à deux ans. En tant que gérante, je dois accompagner le changement, tout ne se fait pas juste parce qu’on le décide. Tout s’est construit peu à peu, juste avant la crise sanitaire de la COVID-19. Encore une épreuve, mais qui nous a permis finalement de tester notre nouvelle organisation ! J’étais au pilotage de l’entreprise certes, mais je n’étais plus la seule tête pensante et j’étais entourée d’équipes qui ont su prendre les sujets à bras le corps.
La force du groupe
Aujourd’hui, j’invite mon équipe à être autonome, à prendre des initiatives. Ils savent qu’ils ont droit à l’erreur. Je pratique ce qu’on appelle le management à livre ouvert (Open Book), c’est-à-dire que je suis très transparente sur les budgets, sur les résultats. Malgré tout, le comité de direction reste encore trop compartimenté à mon goût, car il a été pensé par service. Par exemple, les services marketing et artistique sont tous les deux amenés à faire des études de marché mais ne vont pas rassembler leurs résultats sur le même document pour les partager. J’essaye de faire évoluer cela pour qu’il y ait plus de travail en transverse. Je pense que je peux encore aller plus loin dans la délégation et dans le travail collectif, on peut toujours s’améliorer. Mais ce qui est sûr, c’est que je ne suis plus incontournable. En entreprise de nos jours, il faut faire preuve d’agilité constante, et on doit le faire en équipe. »
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet : l’importance de l’approche collective dans la gestion d’entreprise selon Stéphanie Tosi, PDG de Carré d’Artistes.
Pénurie de leadership et réorganisation : Après avoir fait face à des problèmes de santé et un départ à la retraite, Stéphanie Tosi, qui dirigait seule Carré d’Artistes, a réalisé que l’organisation silotée de l’entreprise était trop fragile, nécessitant une réorganisation pour éviter une dépendance unique à un individu.
Création d’un comité de direction : Pour renforcer la structure, elle a formé un comité de direction en recrutant des responsables pour les finances, le marketing, et les opérations artistiques, ce projet a permis de partager les responsabilités et d’assurer une meilleure gestion et un meilleur travail collectif.
Importance de l’autonomie des équipes : Stéphanie encourage son équipe à prendre des initiatives et à travailler de manière autonome sur des projets, permettant ainsi de créer un environnement où le droit à l’erreur est accepté. Cela contribue à un management plus ouvert et collaboratif.
Management à livre ouvert : Elle adopte une méthode de transparence concernant les budgets et les résultats, ce qui favorise la confiance et l’implication de chaque membre de l’équipe dans le succès de l’entreprise.
Adaptabilité et amélioration continue : La structure de Carré d’Artistes, mise en place juste avant la crise sanitaire de COVID-19, a permis de tester l’efficacité de la nouvelle organisation. Stéphanie reste convaincue qu’il est essentiel de continuer d’évoluer afin de favoriser le travail collectif et transversal entre services, pour améliorer la collaboration et l’innovation.