Référencer sa franchise

Comment s’extraire du besoin de reconnaissance ?

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Un ordinateur pour illsutrer comment s'extraire du besoin de reconnaissance

Qu’appelle-t-on vraiment le besoin de reconnaissance au travail ? Est-ce une émotion, un état d’esprit ? Dans le cadre professionnel, nous est-il bénéfique ou néfaste ? Réponses d’experte, avec Ariane Calvo, psychothérapeute, spécialisée en résilience et transitions de vie. 


Il est insidieux, tapi en nous. C’est lui qui nous pousse à rester tard le soir au bureau, pour peaufiner la feuille de route de la réunion de demain. Lui qui fait qu’on accepte sans ciller une remarque déplacée de notre belle-mère. La peur d’un manque de reconnaissance est-elle notre bête noire au quotidien ? Ou vise-t-il à explorer d’autres facettes de nous-mêmes ?

Réponses avec Ariane Calvo, psychothérapeute, dont le dernier ouvrage, L’autonomie émotionnelle, nous aide à identifier nos émotions et à les distinguer des attentes d’autrui*. 

Qu’est-ce que le besoin de reconnaissance au travail ? 

Ariane Calvo : Il est lié à ce que l’on nomme le sentiment de valeur personnelle, qui est plus ou moins solide d’une personne à l’autre. Ce n’est pas tout à fait de la confiance en soi ou de l’estime de soi. L’estime de soi est une perception de nos qualités et de nos compétences, alors que le sentiment de valeur personnelle est un peu plus existentiel, associé à la valeur qu’on a en soi, par soi-même.

Ce n’est pas de l’émotion, c’est un besoin psychologique. C’est une partie de nous qui cherche une validation extérieure ; la majorité du temps venant de personnes que l’on perçoit comme supérieurs à nous. Nos parents, notre patron… ou même une personne que l’on considère meilleure que nous, de façon totalement subjective. Cela nous replace dans la position de l’enfant qui pense qu’il doit dire ou faire certaines choses pour se sentir aimé. 

Est-ce que le besoin de reconnaissance est genré ? 

Ariane Calvo : S’il y a bien quelque chose d’extrêmement genré, c’est en effet le besoin de reconnaissance. Puisqu’il est lié au sentiment de valeur personnelle, qui est lui-même relié à la façon dont on nous a valorisé ou pas, sans attente particulière, dès notre plus jeune âge.

Or les petites filles, apprennent très vite, de façon transgénérationnelle, à faire et à être certaines choses pour mériter d’être aimées. L’une des consignes inconscientes intégrées par les femmes, c’est « fais plaisir pour être digne d’être aimée » ; avec même une notion sacrificielle.

En leur demandant de s’adapter aux besoins des autres, cela les positionne dans une posture d’oubli de soi, qui fait que leur sentiment de valeur personnelle est très souvent effondré car très dépendant de ce que les autres leur renvoient. Et elles n’arrivent pas alors à se donner de la validité par elles-mêmes. Résultats, elles sont en attente d’un signe de reconnaissance permanente, ont l’impression de donner beaucoup et de recevoir peu. Heureusement, on peut identifier facilement cet écueil et réajuster. 

Mais est-ce qu’il arrive que le besoin de reconnaissance galvanise, porte vers le haut?

Ariane Calvo : Oui, cela peut être très positif si cela nous permet de nous surpasser. Quand on a envie de se démontrer des choses à soi-même, c’est super ! C’est un bon levier de motivation. Mais cela reste rarissime. C’est pour cela qu’il faut rester attentif à pourquoi et pour qui nous faisons les choses.

Alors comment maîtriser ce besoin de reconnaissance pour ne plus le subir ?

Ariane Calvo : La première chose à faire est d’apprendre à se connaître. Beaucoup de personnes ignorent qui elles sont. Et elles ont encore moins conscience de leurs besoins, de ce qui leur fait du bien, leur fait plaisir et leur permet de reprendre des forces.

Il y beaucoup de croyances. On pense que ce qui nous convient, c’est ce qui fait plaisir à la majorité ou ce que l’on lit dans les magazines.

Le premier travail à faire est d’évaluer le rythme de travail qui nous correspond vraiment. Je parle en connaissance de cause, car j’ai mis moi-même énormément de temps à comprendre que j’avais besoin de semaines extrêmement pleines et de faire des vraies pauses d’au moins 15 jours, portable éteint. Cela demande vraiment d’aller voir en soi et d’explorer.

Je pense aussi que, lorsqu’on se réalise vraiment, le travail n’est pas un effort. Or, le principal problème vient du fait que, très souvent, on a peu d’idées de pourquoi on a choisi telle formation ou tel métier. 

Dans le monde du travail, il existe différentes formes de reconnaissance qui peuvent nous satisfaire : félicitations, équipe à manager, primes… 

Ariane Calvo : Oui, mais elles doivent avant tout être valables pour nous. Qu’il s’agisse de la finance, d’encadrement, d’avancement de carrière, il faut que les valeurs du système viennent rencontrer nos propres valeurs. 

Quels conseils donneriez-vous pour s’épanouir en tant qu’individu au sein d’un collectif comme c’est le cas avec les franchises ?

Ariane Calvo : On doit se demander avec quelles valeurs je veux être présent dans le collectif. Quelle part je veux apporter ? Et c’est cela qui doit nous permettre de nous positionner. Il y a d’ailleurs plein de personnes dont le bien-être et l’ épanouissement professionnels passent par le fait d’être à sa place dans un collectif.

Quand le besoin de reconnaissance est comblé, qu’est-ce que cela va nous apporter ? 

Ariane Calvo : Un sentiment de valeur personnelle sain. On a l’impression de mériter d’être aimé tel que l’on est. Cela nous épargne bien des fatigues psychiques qui proviennent du fait de s’hyper-adapter et qui nous obligent à tenir, tenir, pour satisfaire les autres.

Et puis cela apporte une forme de calme et de sérénité : de santé mentale. Parce que l’on décide que nous sommes seuls maîtres de nos comportements, de nos fonctionnements, et que l’on ne se laisse plus corriger, éduquer, infantiliser par d’autres personnes que soi-même.

Attention, cela ne veut pas dire ne jamais s’adapter à autrui. Mais cela inclut que pour que l’entente soit possible, c’est en premier lieu bon pour moi. Toute cette réflexion est essentielle à mener si, un jour, l’on veut se sentir heureux. Car au-delà du sentiment de valeur personnelle qui doit être équilibré, je pense que ce que l’on nomme le bonheur est en fait très concrètement le sentiment de se réaliser soi-même, pour soi-même. 

*L’autonomie émotionnelle, Ariane Calvo, Editions Robert Laffon

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