Ouvrir une franchise en milieu rural, c’est possible (et même souhaitable pour la revitalisation des territoires) mais évidemment, il faut redoubler de vigilance car la faible densité de population, la concurrence parfois déjà bien établie et les habitudes locales sont susceptibles de changer un brin la donne. Check-list des précautions à prendre pour ouvrir un point de vente à la campagne.
Étudier de très près la zone de chalandise et la concurrence
« En milieu rural, il y a forcément des besoins, mais encore plus qu’en zone urbaine, il faut étudier les attentes des consommateurs, la concurrence, mais aussi la zone de chalandise », prévient d’emblée Franck Berthouloux, directeur de TGS France Consultants. Si le village se situe à 10 minutes d’une grande ville, le potentiel de développement de votre point de vente sera supérieur à celui d’un village isolé.
En revanche, si vous faites le choix d’ouvrir une franchise à proximité d’un grand centre commercial comptant déjà de nombreuses enseignes, cela sera plus compliqué d’attirer des clients potentiels. « Scrutez également l’offre de commerce de proximité existante et interrogez-vous sur l’absence de telle ou telle activité. Existait-elle par le passé et le commerce n’a pas fonctionné, car il ne répondait peut-être pas aux besoins des habitants, par exemple ? », souligne-t-il.
Quel commerce fonctionne le mieux dans un village ?
« Pour installer une franchise en milieu rural, mieux vaut éviter les enseignes qui ne suscitent que des achats d’impulsion au profit d’achats plus récurrents comme les fleurs ou l’alimentation », insiste Laurent Delafontaine, associé fondateur du cabinet Axe Réseaux. Un coiffeur, une supérette, une agence de services à la personne (même si là, vous devez étudier la concurrence des associations locales), un restaurant ciblant les artisans et les ouvriers locaux ou encore un garage automobile peuvent venir compléter une offre déjà installée. « Si le franchisé souhaite s’installer dans un village à faible densité de population, avec une météo capricieuse et/ou un relief compliqué, il pourra par exemple veiller à mettre en place un service de livraison dans les hameaux voisins », détaille Franck Berthouloux.
Le pari du réseau de franchise Comptoir de campagne est d’ouvrir des boutiques multiservices dans des villages d’au moins 500 habitants sans commerce de proximité. Au programme : du pain et de l’épicerie sourcée auprès de producteurs et artisans locaux, des services annexes (presse, poste, colis, retrait d’argent, etc.), un espace bistrot et des salles à disposition d’ostéopathes, de coiffeurs… Une offre globale en somme. Dix-huit mois après son lancement, l’enseigne a déjà ouvert 15 comptoirs (dont 5 en franchise) en Auvergne-Rhône-Alpes. Sept nouvelles ouvertures sont prévues cette année dans cette région et en sud Bourgogne. Pour 2026, Comptoir de campagne étudie d’ores et déjà des projets d’ouverture en Ile-de-France et Occitanie. « La première année, le chiffre d’affaires moyen d’un Comptoir s’élève à 300 000 euros pour un investissement de l’ordre de 100 000 euros, donc rentable dès le départ », détaille Virginie Hils, dirigeante du réseau de franchise Comptoir de campagne.
Participer activement à la vie locale avec un commerce qui marche
« On est toujours l’étranger de quelqu’un. Sur certains territoires, le régionalisme est encore prononcé. Il peut parfois être difficile de s’installer dans un village si on n’est pas du cru », constate Laurent Delafontaine. Pour réussir, pas d’autres choix pour l’aspirant franchisé que de s’investir dans la vie locale. « Un franchisé en milieu rural doit jouer un rôle d’homme ou de femme politique sur un territoire. Il va y créer de la valeur, voire de l’emploi. Il doit donc rencontrer toutes les parties prenantes pour annoncer la nouvelle de lancement d’une activité. Les habitants, les associations mais aussi et surtout les élus. Ce sont d’ailleurs dans les petits villages que l’on retrouve le plus de commerçants.
Comptoir de campagne identifie d’abord un territoire avec un projet et ensuite seulement recherche un franchisé. « Les locaux appartiennent souvent à la mairie qui les loue ensuite aux franchisés moyennant des loyers modérés », explique Virginie Hils. Ce coup de pouce financier n’est pas systématique dans tous les villages. « Pour réussir en milieu rural, il faut connaître tout le monde. Les élus pour obtenir un droit de terrasse, par exemple. Mais aussi, pourquoi pas, sponsoriser un club de sport, proposer ses services pour les manifestations locales », recommande Laurent Delafontaine. Sans aller jusqu’à habiter au-dessus de son commerce, mieux vaut se loger à proximité ou dans un village voisin.
Se tenir prêt à être dans l’opérationnel jusqu’au cou
Dans une supérette de village, un restaurant ou un fleuriste, le franchisé (ou la franchisée) est l’homme ou la femme sur qui va reposer le succès de son point de vente. C’est lui qui va assurer les horaires d’ouverture à rallonge au quotidien, qui sera LE commerçant que tout le monde va scruter lors de son installation. Et qui, s’il réussit, va fédérer une communauté solidaire autour de son magasin.
« Parfois, les franchisés ont des rêves de campagne idéale mais omettent certaines contraintes. Par exemple qu’une voiture est nécessaire pour faire quoi que ce soit. Ils doivent aussi accepter que tout le monde sache ce qu’ils font. Pour s’assurer que le métier leur plaît mais aussi l’environnement, les candidats à une franchise Comptoir de campagne partent deux à trois semaines en immersion dans l’une de nos boutiques », insiste Virginie Hils. Pour l’heure, les greffes semblent avoir bien pris.
En somme, ouvrir un commerce dans des petits villages offre de belles opportunités de franchise pour un auto-entrepreneur. Cependant, cela nécessite une étude approfondie de la zone de chalandise, une adaptation du choix de l’enseigne en fonction des besoins locaux, une intégration active dans la vie locale, et une préparation à être pleinement opérationnel pour assurer le succès du point de vente.