« Une très bonne année pour la franchise ! »

11 mars 2024
Categories : Véronique Discours Buhot, déléguée générale de la Fédération française de la franchise
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Avec près d’un million d’emplois, ce secteur s’affirme comme l’un des piliers majeurs de l’économie française. L’analyse de Véronique Discours Buhot, déléguée générale de la Fédération française de la franchise (FFF).


Chaque année, la Fédération française de la franchise (FFF) publie les statistiques clés du secteur et, chaque année ou presque, les bonnes nouvelles sont au rendez-vous. Le bilan 2023, présenté voilà quelques semaines ne déroge pas à la règle. Il confirme une fois de plus les performances solides et pérennes de ce modèle, pour lequel les entrepreneurs témoignent d’un engouement croissant. C’est bien simple : tous les indicateurs sont dans le vert, qu’il s’agisse du nombre d’enseignes (+ 3,2 % par rapport à 2022), du nombre de points de vente (+ 9 %), du chiffre d’affaires global (+ 15,6 %) ou des emplois directs et indirects (+ 13 %). Pour L’Express, Véronique Discours Buhot, déléguée générale de la FFF analyse ces grandes tendances.

Véronique Discours Buhot : On retrouve, bien sûr, des divergences entre les activités, mais globalement, il s’agit d’une très bonne année pour la franchise. Bien sûr, quand on parle de chiffre d’affaires, il faut comprendre qu’une part non négligeable de celui-ci est liée à l’inflation. Néanmoins, à périmètre comparable, la croissance de chiffre d’affaires des activités en franchise reste nettement supérieure à la moyenne de l’activité globale, avec une hausse de 15,6 % par rapport à 2022 (contre 7,7 % au total en France). Celle-ci dépasse largement l’inflation de 2023 (4,9 %). C’est là une excellente performance, qui se vérifie en outre pratiquement dans tous les secteurs.

On observe également une hausse du nombre d’enseignes franchisées, qui a atteint le niveau exceptionnel de 2035 en 2023. Beaucoup de réseaux se tournent vers ce modèle et l’année dernière a connu de nombreuses conversions de succursales – des établissements sans réelle autonomie vis-à-vis de leur maison-mère – en franchise. C’est un phénomène qui a commencé par le secteur de la distribution et qui se poursuit avec d’autres marques, et cela pour une raison simple : un franchisé génère souvent plus de rentabilité sur un point de vente qu’un directeur salarié de succursale.

V.D.B : Oui. Les organisations syndicales s’en sont émues, mais il faut comprendre qu’il y a aujourd’hui, en période de crise, des magasins intégrés qui ne sont plus assez rentables et dont la survie dépend de cette transformation. Au demeurant, c’est une étape qui s’avère plutôt salvatrice pour certaines entreprises. Je comprends que voir de grandes marques céder des magasins puisse inquiéter. Néanmoins, ce sont des emplois, des commerces et des actifs préservés. C’est aussi une occasion pour des entrepreneurs de reprendre des activités. Ce n’est pas un hasard, si, en 2023, la franchise a représenté 951 620 emplois directs et indirects, soit une hausse de 13 % par rapport à 2022. 

V.D.B : Non. Certes, elles récupèrent ainsi du capital, mais elles y trouvent aussi le moyen de se déployer beaucoup plus rapidement qu’avec leurs fonds propres. Ce qui est important pour une entreprise en croissance, c’est de mailler un territoire assez vite pour écraser les coûts fixes ; améliorer leur capacité de négocier avec leurs fournisseurs ; bénéficier de volumes de ventes plus importants, etc. C’est ce que permet la franchise en s’appuyant sur des co-investisseurs, les franchisés, qui vont faire grandir la marque. Ce qu’il faut comprendre, c’est que ce modèle s’appuie sur une collaboration entre deux types d’entrepreneurs indépendants au service d’une même marque. Et c’est ce qui le rend performant.

V.D.B : La réponse est oui et les chiffres le prouvent : quel que soit le secteur, une entité franchisée performe davantage qu’une succursale. Et c’est logique : quand un gérant est propriétaire de son magasin, il met tout en œuvre pour réussir, sans mesurer ses efforts ni son temps. C’est la nature humaine ! Quand on développe son affaire, on y met son cœur, son âme et ses tripes. On se transcende davantage quand on travaille pour soi et que l’on y trouve un intérêt direct.

Une autre explication peut être avancée. Un franchisé peut s’investir dans son magasin sur le long terme, alors qu’un directeur salarié est amené à changer plus régulièrement de poste. Tous ces éléments favorisent la rentabilité d’un point de vente franchisé. Et c’est pour cela que de nombreux réseaux intégrés choisissent ce modèle.

V.D.B : Oui, elle continue de générer un fort engouement auprès des primo-accédants à l’entrepreneuriat. En 2023, avec 92 132 unités, le nombre de points de vente franchisés a d’ailleurs augmenté de 9 % par rapport à 2022. Ce qui démontre non seulement la solidité́ de ce modèle, mais aussi ses impacts économique, social et sociétal. En période de crise, il séduit encore plus car il permet de s’appuyer sur un concept éprouvé, de ne pas partir à l’aventure seul, d’obtenir une formation et un suivi de la part de son réseau, de pouvoir comparer régulièrement ses résultats avec ceux d’autres points de vente de l’enseigne tout en bénéficiant de sa communication et de ses services. C’est énorme ! Tous ces aspects rassurent les candidats à la franchise, a fortiori en période d’instabilité économique et d’incertitude. Cela s’est vérifié en cette année 2023. L’augmentation très importante du nombre de points de vente prouve d’ailleurs que les entrepreneurs ont bien compris les atouts du modèle.

V.D.B : Bien sûr. Certains domaines retrouvent des couleurs et viennent doper cette augmentation globale. C’est notamment de cas du milieu du voyage qui a vécu un véritable marasme pendant la crise et qui redémarre très fort, avec un nombre de points de vente en hausse de 39,2 % par rapport à 2022. Le secteur passe ainsi de la onzième à la seconde place du classement en un an seulement ! On retrouve également les services à la personne qui continuent leur ascension et affichent la meilleure croissance en nombre de points de vente (+ 40,9 % par rapport à 2022). Ces activités progressent en franchise alors qu’ils ont plutôt tendance à régresser en succursales, témoignant encore une fois de la différence de performance entre ces deux organisations.

En revanche, on ne peut pas nier qu’aujourd’hui, d’autres univers, comme le textile, traversent de sérieuses difficultés. Pour eux, le marché se resserre de façon évidente. Néanmoins, même là, quelques enseignes s’en sortent très bien.

V.D.B : Je lui recommanderais d’abord de choisir un secteur dans lequel il a vraiment envie de travailler et de s’impliquer. Sa réussite en dépend. Il n’a pas nécessairement besoin de disposer des compétences dans ce métier, puisque c’est le franchiseur qui lui apportera ce savoir-faire. En revanche, il doit témoigner d’une réelle appétence pour son nouveau milieu.

Il doit ensuite bien choisir sa région. En s’installant dans un lieu qu’il fréquente régulièrement, l’entrepreneur bénéficie en effet d’un réel atout. Il tissera des liens avec la collectivité, comprendra les habitudes de vie des clients, maîtrisera les axes de circulation… Parce qu’il connaîtra mieux sa zone, il choisira mieux son implantation.

Ensuite, il ne doit pas se tromper dans la sélection de son franchiseur et, pour cela il n’y a rien de mieux que de le rencontrer.

V.D.B : A ce stade, il doit absolument faire relire le Document d’Information Précontractuelle (DIP) et le contrat par un avocat véritablement expert de son domaine. Il peut également demander la liste des franchisés en place et les interroger pour comprendre comment ils vivent leur quotidien, s’ils sont contents de leur tête de réseau, par exemple. Il peut même demander à participer à une immersion de plusieurs jours chez l’un d’eux, afin de s’assurer qu’il ne se trompe pas de métier. Entre ce que l’on imagine et la réalité, il y a parfois de grosses nuances… La meilleure solution consiste donc à jouer un Vis ma vie et à se rendre compte, très concrètement, du quotidien d’un dirigeant d’un cabinet immobilier, d’un restaurant ou d’une salle de sport.

Mes meilleurs conseils sont ceux-là, et une fois mis bout à bout, il n’y a aucune raison de ne pas réussir.

Écrit par Sibylle Pinochet

Rédactrice en chef

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