Très appréciée de ceux qui recherchent un meilleur équilibre des temps de travail et de vie personnelle, argument de fidélisation ou de recrutement pour d’autres, la semaine de 4 jours suppose une réflexion poussée de l’organisation du travail. Et tout le monde n’adhère pas à ce modèle.
Est-elle une réelle avancée sociale ou une usine à gaz ? La semaine de 4 jours n’en finit plus de faire parler d’elle ! Opposant sans cesse ses détracteurs à ses amateurs, elle continue cependant de faire son chemin. D’abord auprès des salariés : d’après l’étude People at work 2023 / Worforce view de l’éditeur de logiciel ADP, 37 % des collaborateurs préféreraient travailler 4 jours par semaine, en conservant le même salaire et en faisant des journées de travail plus longues. Parmi les salariés les plus demandeurs ? Les 24-35 ans (41 %) et ceux qui évoluent dans le secteur du commerce (44 %).
D’autre part, la semaine de 4 jours commence à séduire les entrepreneurs. Ils sont de plus en plus nombreux à mettre en place cette organisation dans leur structure, à l’instar de Lyndon Dauvergne, franchisé Easy Cash à Caen. En août 2023, il a en effet adopté la semaine de 4 jours, pour le grand bonheur de ses 10 collaborateurs. Ils travaillent désormais 33 heures par semaine, sans perte de salaire.
Le passage à la semaine de 4 jours n’a pas été si facile et elle s’est heurtée à un premier frein : que le patron lui-même soit ouvert à un tel système. « Il m’a fallu un temps de réflexion, se souvient-il. Il fallait que j’accepte intellectuellement de prendre en charge le coût de la mesure, à savoir deux heures de travail par semaine. A raison de 10 employés, cela représente 20 heures de travail en moins par semaine, soit un peu moins de 6 % de l’ensemble des heures sur le mois. Cela m’a paru absorbable. »
Dans le cas de cette franchise Easy Cash, la nouvelle organisation ne repose donc pas sur une plus grande amplitude horaire des journées travaillées. Or, proposer des journées plus longues est souvent la formule privilégiée quand il s’agit d’adopter la semaine de 4 jours. A chaque entreprise de trouver la solution qui convient à son activité et à ses équipes.
Un avantage : un boost de productivité
Fanny Dubus est à la tête des restaurants de burgers premium Made, avec deux adresses à Angers et de futurs franchisés à Rennes et Bordeaux. L’un de ses établissements est passé à la semaine de 4 jours, le second ayant préféré rester à celle de 5 jours pour éviter, justement, de répartir les 35 heures de travail hebdomadaires sur des journées de 9 ou 10 heures. « Nous nous adaptons en fonction des demandes et de ce qui arrange nos salariés, affirme Fanny Dubus. Pour nos futurs franchisés, ce sera pareil : ils pourront choisir d’appliquer la semaine de 4 jours, ou pas. »
L’entrepreneure a fait ce choix depuis le mois d’avril 2023. Un an plus tard, elle en voit les retombées positives. « Cela a permis de fidéliser nos équipes, 70 % de nos salariés étant parmi nous depuis plus de deux ans. Quant au recrutement, c’est aussi un atout supplémentaire. Dans la restauration, nous ne pouvons pas toujours augmenter les salaires. Aussi, proposer un autre confort de travail, c’est apprécié », développe Fanny Dubus. Grâce à la flexibilité qu’elle offre, la semaine de 4 jours est gage d’un meilleur équilibre des temps de travail et de vie personnelle. De quoi remotiver les employés !
D’ailleurs, pour Lyndon Dauvergne, elle permet aussi d’améliorer la productivité : « Les salariés sont plus reposés et reconnaissants pour ce geste envers leur qualité de vie. Mais aussi, puisqu’ils sont moins présents dans l’entreprise, cela les pousse à aller vers plus d’efficacité et donc à augmenter la productivité. Le travail d’équipe, également, est renforcé : nous ne travaillons plus en silo, chacun dans notre coin, car il faut parfois remplacer un collègue sur son poste. En somme, cela suppose un management de proximité différent, tourné sur l’accompagnement des collaborateurs. »
Mise en place de la semaine de quatre jours : des impératifs qui diffèrent d’un salarié à l’autre
La semaine de 4 jours nécessite en effet un ajustement pour les salariés. L’écueil ? Ne pas revoir les tâches et bâcler la nouvelle organisation. Le but n’est pas d’augmenter la charge de travail, ce qui serait alors source de stress. Le système ne doit pas être contre-productif. C’est pourquoi, toutes les sociétés ne peuvent pas mettre en place la semaine de 4 jours.
« Cela dépend de la taille des entreprises, confirme Laurence Pottier-Caudron, présidente fondatrice du réseau d’agences de travail intérimaire Temporis. Certains de nos franchisés sont ouverts au public cinq jours sur sept et comptent seulement trois salariés. Le système d’une semaine de 4 jours ne peut pas convenir à cette organisation. Ce n’est pas un manque de volonté de la part du dirigeant, mais une problématique d’accueil des clients. » Laurence Pottier-Caudron songe toutefois à proposer la semaine de 4 jours aux salariés du siège social, qui compte une cinquantaine d’employés.
Mais pas question de se précipiter : il faut bien réfléchir, en amont, à la mise en place possible. « Il faut garantir la continuité du service, donc nous allons raisonner par services. Les franchisés ne contactent pas l’expert-comptable tous les jours. En revanche, comment faire s’il y a un bug de logiciel et qu’aucun informaticien n’est présent ? » interroge-t-elle. De même, tous les collaborateurs n’ont pas les mêmes attentes. Les jeunes parents qui doivent aller chercher leurs enfants à l’école n’ont peut-être pas envie de finir à 19 h ! » Une seule et même réponse pour tous n’est, selon elle, pas adaptée. En revanche, et c’est ce que soulève aussi la question de la semaine de 4 jours, chaque entreprise doit être en mesure de répondre aux besoins des collaborateurs et de savoir faire preuve de flexibilité quand cela est nécessaire.
Notre résumé en 5 points clés par L’Express Connect IA
(vérifié par notre rédaction)
Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur le sujet “Semaine de 4 jours : pour ou contre ?”
Popularité et demande croissante : La semaine de 4 jours gagne en popularité, notamment auprès des salariés de 24 à 35 ans et dans le secteur du commerce, avec 37 % des collaborateurs favorables à cette organisation, permettant de conserver le même salaire pour des journées plus longues.
Adoption par les entrepreneurs : Des chefs d’entreprise, tels que Lyndon Dauvergne d’Easy Cash à Caen, ont adopté la semaine de 4 jours, offrant à leurs employés 33 heures de travail par semaine sans réduction de salaire, montrant que ce modèle peut également bénéficier aux petites structures.
Impact sur la productivité et le bien-être : La réduction du temps de travail hebdomadaire contribue à augmenter la productivité et à améliorer le bien-être des employés, en favorisant un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle, et en encourageant une approche managériale plus attentive et un travail d’équipe renforcé.
Flexibilité nécessaire : La mise en place de la semaine de 4 jours nécessite une flexibilité et une adaptation aux besoins spécifiques des salariés et de l’entreprise, soulignant l’importance de ne pas augmenter indûment la charge de travail ou de compromettre la qualité de vie des employés.
Défis d’implémentation : Bien que bénéfique pour de nombreuses personnes, la semaine de 4 jours présente des défis en termes d’organisation, surtout pour les petites entreprises et celles ayant des horaires d’ouverture étendus. Une planification minutieuse et une considération des besoins individuels sont essentielles pour assurer la réussite de cette transition.