À l’heure du réchauffement climatique, de la pollution de l’eau et de l’air, certaines enseignes se préoccupent de leur impact environnemental. Elles sont ainsi de plus en plus nombreuses à entamer des démarches RSE, notamment pour réduire leur empreinte carbone. Zoom sur deux enseignes qui ont placé l’environnement au cœur de leurs valeurs.
Chez le fabricant de meubles Made in France Gautier, « rien ne se perd, tout se transforme ». Le réseau (80 points de vente en France, dont 7 succursales, et 40 à l’international, pour un chiffre d’affaires de 120 millions d’euros en 2022) utilise le bois brûlé des forêts des Landes et du bois recyclé, issu d’encombrants broyés, pour fabriquer ses meubles dans ses trois usines vendéennes. « Aujourd’hui, 60 % de notre matière bois vient de meubles recyclés. Ce sera probablement 70 à 80 % dans les années qui viennent, gage David Soulard, son directeur général. Nous sommes toujours à la recherche d’optimisation par rapport à la fabrication ». En témoigne par exemple l’utilisation d’une colle biosourcée sur une base autre que carbonée et, dans les mois qui viennent, d’une colle végétale issue de l’agriculture française.
L’objectif de l’enseigne qui a été labellisée Lucie 26 000 pour son projet RSE ? Réduire de 35 % son impact carbone d’ici 2030. Pour l’heure, elle estime en produire 80 000 tonnes par an. « Ce qui n’est pas beaucoup comparé à d’autres industries avec un chiffre d’affaires qui avoisine les 100 millions d’euros, assure le directeur général. Nous avons fait de gros efforts ». En témoigne par exemple l’installation de chaudières à déchets de bois dans ses usines qui permettent à l’enseigne d’économiser près de 10 000 tonnes de CO2. Le réseau a également optimisé le transport depuis ses trois usines vendéennes vers ses 80 magasins avec « des camions sans palette qui peuvent transporter deux fois plus de marchandises et font des boucles chez les fournisseurs pour ne pas voyager à vide » explique le dirigeant.
La Mie Câline, réseau de produits de boulangerie, de viennoiseries et de restauration rapide créé en 1985, a lui aussi optimisé le transport de ses produits crus surgelés depuis son site de production de Saint-Jean-de-Monts en Vendée vers ses 240 magasins. Il peut ainsi s’enorgueillir d’avoir diminué de 23 % ses émissions de CO2 entre 2019 et 2021, étant passé de 105 000 tonnes à 81 000 tonnes.
Relocaliser les matières premières
Pour y parvenir, le réseau a, dans le cadre de son programme de responsabilité sociale des entreprises « À cœur d’agir », relocalisé ses achats de matières premières depuis le 1e janvier 2019. Résultat, 96 % de ses fournisseurs sont français. « Faire attention à la provenance de nos matières premières joue fortement sur notre bilan carbone : nous baissons notre impact environnemental en sourçant au plus près » explique Sylvia Touboulic Barreteau, directrice générale déléguée et responsable du pôle développement et de la stratégie RSE de l’enseigne. Le fait de produire à Saint-Jean-de-Monts et de redistribuer ses produits en magasin permet aux points de vente La Mie Câline de « produire 25 % de moins de CO2 que dans une boulangerie artisanale classique » assure Sylvia Touboulic Barreteau.
L’enseigne a également rendu son site de production éco-responsable, avec notamment l’installation de panneaux photovoltaïques qui lui permettent de produire 180 MW par an, « soit 1,5 à 2 % de notre consommation. C’est un premier pas. La RSE est une question d’amélioration continue. On ne peut pas être neutre d’un seul coup » justifie la responsable de la stratégie RSE. En plus de faire auditer ses fournisseurs par l’organisme EcoVadis, l’enseigne utilise Traace, un logiciel qui lui permet de mesurer et de piloter son empreinte carbone. « C’est un outil d’aide à la décision qui permet d’estimer l’impact carbone d’une action avant de la mettre en place », explique Sylvia Touboulic Barreteau. Autre cheval de bataille de ces enseignes vertueuses, l’éradication du plastique et l’utilisation d’emballages recyclables ou réutilisables. « Nous évitons d’aller chercher du carbone natif, explique David Soulard. Nous utilisons de plus en plus de cales recyclées, du carton ou du film transparent recyclé ».
Sensibiliser les franchisés
Pour que cela fonctionne, ces réseaux partagent leurs valeurs et leurs bonnes pratiques avec leurs franchisés. Gautier impose ainsi à ses 80 magasins d’être en phase avec sa politique environnementale. « Nous leur imposons de faire du tri, de baisser la température dans les magasins » cite par exemple son Directeur général.
De son côté, la Mie Câline, labellisée en 2018 « enseigne responsable », fait auditer ses 240 magasins tous les deux ans pour qu’ils rentrent dans un processus « d’amélioration continue dans leurs magasins et sur leur territoire », explique Sylvia Touboulic Barreteau. Notre logique est d’accompagner nos franchisés dans une démarche similaire à la nôtre. Nous ne pouvons pas nous engager à deux vitesses ». Pour l’heure, 56 % des magasins sont labellisés « commerçant responsable » basé sur la norme ISO 26 000 soutenue par le ministère de l’Économie. Son objectif, que 80 % le soient fin 2023. Cela passe par de l’information, de la sensibilisation et de la communication.
L’enseigne fait régulièrement des tours de France pour expliquer à ses franchisés les enjeux du réchauffement climatique et du développement durable et présenter les actions possibles à mettre en place dans les magasins. « Nous avons cherché à lever les doutes et les fausses croyances, les solutions les moins émettrices de CO2 n’étant pas toujours les plus évidentes » signale-t-elle. Le réseau a également créé une commission RSE pour échanger avec les franchisés sur la mise en place de nouvelles solutions pour améliorer sa performance RSE. Pour Gautier, c’est une stratégie gagnante, à la fois pour attirer les consommateurs comme les candidats à la franchise.