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Piétonnisation des centres-villes : un impact à mesurer

Une rue piétonne d'un centre-ville.

En centre-ville, une rue piétonne est-elle une rue qui « respire » ? Où les passants prennent leur temps et lorgnent sur les vitrines ? Ou est-elle synonyme de désastre pour les commerçants ? En somme, commerce et piétonnisation font-ils bon ménage ? D’avis d’experts, la réponse est mitigée.


Oubliées les nuisances d’une circulation effrénée en centre-ville. Pour le Cerema (centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement), la piétonnisation a des effets bénéfiques. « Elle répond à une attente forte des clients, d’un environnement urbain de qualité, agréable, loin du stress engendré par la circulation automobile et qui permet de lier l’acte d’achat à la demande de promenade urbaine et de convivialité », affirme l’organisme dans une note de synthèse.

Dans cette optique, l’aménagement d’aires piétonnes est un facteur d’attractivité qui entend valoriser durablement les centres-villes. Un effet que confirme Nicolas Louis-Amédée, directeur du développement de Territoires et marketing et membre du collège des experts de la FFF : « La piétonnisation d’un centre-ville s’inscrit dans une réflexion globale, souvent orientée autour des mobilités douces. La collectivité choisit de diminuer l’impact négatif des véhicules, pour rendre aux usagers à pied l’espace public. » La piétonnisation participe ainsi à rendre agréable l’expérience client, ce dernier pouvant apprécier de faire son shopping en toute sérénité. A condition toutefois qu’elle soit bien pensée.

L’une des principales questions que soulève la piétonnisation des rues, c’est comment se rendre en centre-ville ? Car si les clients ne peuvent plus y accéder, les commerces en souffriront forcément. Aussi, quelle est l’offre de transports en commun ? Si ces derniers ne sont pas suffisamment développés, le client prendra alors son véhicule pour accéder au centre-ville. Des parkings sont-ils prévus à proximité ?

Selon le Cerema, « contrairement à ce que pensent les commerçants, la part de la voiture dans les déplacements pour motif achats n’est pas majoritaire et est très largement surestimée. » Le centre d’études rappelle en revanche l’importance des clients qui se déplacent à vélo ou à pied. « Ce sont également les clients les plus dépensiers. Leur panier moyen d’achat par commerce est inférieur à celui d’un automobiliste mais leur fréquence de visite est plus importante, ce qui au global en fait des clients plus fidèles. Le poids ou le volume d’achat n’est pas un critère de choix modal ni un critère pénalisant l’usage du vélo et de la marche, la solution étant de revenir plus fréquemment », indique le Cerema. Retirer la circulation des voitures dans un centre-ville aurait donc un impact limité.

Pour Thibault Le Carpentier, directeur associé du cabinet Obsand, l’écueil réside dans les piétonnisations extrêmes, c’est-à-dire permanentes. « Une rue fermée à la circulation 24 heures sur 24 pose un problème de visibilité des commerces, la plupart des logements au-dessus des commerces étant souvent vacants. Pour découvrir l’offre de la ville, il faut y venir. Avec une piétonnisation partielle, la rue conserve une certaine accessibilité : en maintenant des flux, on laisse la possibilité de découvrir les offres des magasins. Le centre-ville reste vivant et ouvert. » Selon lui, pour que la piétonnisation ne soit pas pénalisante, elle doit être le fruit d’une discussion entre différents acteurs : commerçants donc, mais aussi habitants, élus locaux et opérateurs de transport. « Pour éviter que les commerces ne ‘subissent’ la piétonnisation du centre-ville, il faut les intégrer au travail d’une union commerciale, dans une logique de co-construction », insiste-t-il.

Ainsi, une piétonnisation de centre-ville doit se faire en intelligence. Dans ce cas, elle deviendra un avantage pour les commerces concernés, tous ne partant pas avec les mêmes chances. En effet, selon les secteurs, la transformation du centre-ville aura des répercussions plus ou moins nuancées. « La piétonnisation sera vraiment profitable à des commerces de proximité (comme le service, l’alimentaire ou le prêt-à-porter). Elle sera en revanche plus néfaste pour d’autres activités comme la location de véhicules, par exemple », estime Nicolas Louis-Amédée.

La complémentarité des enseignes et la pluralité de l’offre participent, bien sûr, à l’attractivité de la zone piétonne : une sorte de cercle vertueux, en somme, qui s’inscrit dans une volonté de créer un univers plus agréable pour les visiteurs… Univers qui ne se concrétisera qu’après avoir connu d’importants travaux. « Une rue piétonne ne se décrète pas du jour au lendemain. Elle va de pair avec une longue période de travaux, alerte Nicolas Louis-Amédée. Ces travaux n’auront pas le même impact pour un point de vente déjà installé, qui s’est constitué une clientèle fidèle, et pour un entrepreneur qui se lance. » Avant d’ouvrir, tout futur franchisé désireux de s’installer en centre-ville doit donc se renseigner sur les éventuels projets de modification de l’urbanisme.

(vérifié par notre rédaction)

Voici un résumé en cinq points clés de l’article sur la piétonnisation des centres-villes :

Impact positif global : La piétonnisation améliore la qualité de l’environnement urbain, favorisant un espace agréable et réduisant le stress lié à la circulation automobile. Elle répond aux attentes des clients en quête d’une expérience d’achat conviviale et d’une promenade urbaine agréable.

Facteur d’attractivité : Créer des zones piétonnes augmente l’attractivité des centres-villes, encourageant une réflexion autour des mobilités douces et une réduction de l’impact négatif des véhicules.

Défis d’accessibilité : L’accessibilité est cruciale. La réussite de la piétonnisation dépend de solutions de transport alternatif efficaces et de la possibilité pour les clients d’accéder facilement aux commerces.

Perceptions erronées : Contrairement aux craintes des commerçants, retirer la circulation automobile n’impacte pas majoritairement les déplacements pour achats. Les clients à pied ou à vélo sont souvent plus dépensiers et fidèles.

Nécessité d’une approche collaborative : Une piétonnisation réussie nécessite une co-construction impliquant commerçants, habitants, élus locaux, et opérateurs de transport, pour maintenir les centres-villes vivants et accessibles.

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