22 Janvier 2025

9H-19H

En partenariat avec :

cms fl france whiteendrix logo blanc
adobestock 567767347

E-SALON
DE LA FRANCHISE

3

édition
S'inscrire

22 Janvier 2025

9H-19H

E-salonde la franchise

3

édition
S'inscrire

En partenariat :

cms fl france whiteendrix logo blanc
adobestock 567767347

Quiet quitting, la démission des salariés désenchantés

Quiet quitting

Le burn out ne passera pas par moi ! Désormais, les salariés se préservent. On en veut pour preuve l’apparition de la tendance au quiet quitting. Décryptage.


Encore un anglicisme nébuleux dont raffole la presse nous direz-vous, mais qui ne vous permettra pas de briller en soirée. « Quiet quoi ? » « Comment tu prononces ? ». Pourtant le quiet quitting ou démission silencieuse, met le doigt sur un mal-être propre à notre monde professionnel.

Le baromètre des tendances, on a nommé le réseau social TikTok évidemment, cumule près de 645 millions de vues autour du hashtag #quietquitting. Traduisible par démission silencieuse, il désigne le comportement d’un salarié choisissant de ne plus s’investir dans son travail… sans pour autant le quitter. Exit les heures sup’, les journées à rallonge ou encore, le dernier coup d’œil, le soir à la maison, sur la boîte mail pro. Bien décidé à ne pas risquer le burn out, les afficionados du quiet quitting se mettent sur la pédale douce. Le tout, discrètement : s’agirait de ne pas se faire repérer.

Comment expliquer le quiet quitting ?

D’où vient ce désenchantement professionnel ? Isabelle Pailleau, psychologue clinicienne du travail et auteure*, nous éclaire : « Le quiet quitting s’explique par un changement de notre relation au travail notamment, des plus jeunes. Après de nombreuses années à faire du travail et de la réussite professionnelle la priorité, la tendance s’est inversée, surtout après la crise sanitaire. »

C’est d’ailleurs l’expérience de Thibault qui évolue dans la communication. Avant de s’adonner sans complexe au quiet quitting, il a fait partie de ces salariés sur-investis : « Pause déj’ devant l’ordi, heures sup’ sans compter… au bout de plusieurs années, lorsque j’ai constaté que ces efforts n’étaient suivis d’aucune valorisation, j’ai fini par avoir un déclic et ne plus autant m’impliquer. » Si pour lui le constat s’est fait amèrement, Camille, technicienne dans le monde de l’ingénierie, n’a jamais laissé  « sa vie pro empiéter sur sa vie perso ». Toutefois, elle a ralenti petit à petit la cadence au point de se reconnaître parfaitement dans cette description de démission silencieuse. « Le manque de considération par ma hiérarchie est croissant d’année en année. J’ai énormément changé de chefs, j’ai dû en avoir une dizaine en treize ans !  Mon chef actuel est basé à Paris, je le vois deux fois par an pour les entretiens annuels, je l’ai peut-être trois fois au téléphone par an, tout au plus. Depuis cinq ans, j’ai alerté sur le fait que je souhaitais changer de poste en interne pour découvrir d’autres choses et m’épanouir à nouveau mais je fais chou blanc, personne ne m’aide. »

Même si leurs parcours diffèrent, Thibault et Camille partagent donc des désillusions communes ; et les mêmes craintes. Car derrière cette contre-performance, il y a la volonté pour tous les deux de se protéger. « Autour de moi, il y  a eu six burn out ces dernières années. J’ai peur d’être la suivante : je veux préserver ma santé mentale, alors j’essaie de ne pas me mettre la pression », relate Camille. « Nous savons que le travail peut nous aider à nous réaliser, mais aussi combien il peut nous détruire si l’engagement est trop fort pour un retour sur investissement trop faible », étaye Isabelle Pailleau. 

Pourquoi ne pas démissionner ?

« Pour retrouver les mêmes conditions de travail ailleurs ? », rétorque Thibault. « Dans une période économiquement incertaine, c’est une grosse prise de risque que beaucoup ne veulent pas tenter. Ils n’ont pas envie de lâcher un emploi stable, rémunérateur, surtout s’ils ont des prêts à rembourser », abonde Isabelle.

Et Camille d’assumer : « Je n’ai jamais eu envie de démissionner, je suis consciente que je travaille dans une grosse boite, j’aime mon salaire et tous les avantages (chèques vacances, chèques emploi service, prime, intéressement, CE…). Pour moi, c’est une planque ».

De quiet quitting au conscious quitting

… Y n’aurait-il qu’un pas ? Une nouvelle tendance de fond pointe en effet timidement le bout de son nez. Le conscious quitting, qui consiste à quitter son job parce que son entreprise ne respecte pas ses valeurs, notamment sociales et environnementales. Souvent alors, ces salariés déçus et déchus s’orientent vers l’entrepreneuriat.

« Oui le quiet quitting peut mener à l’entrepreneuriat si le collaborateur pense qu’il sera mieux dans une activité qui a du sens pour lui. Son temps de désengagement dans son entreprise actuelle peut lui servir à conserver suffisamment d’énergie pour monter un projet en parallèle ce qui diminue la prise de risques si son projet n’aboutissait pas. Dans le cas contraire, il pourra lâcher son job en toute sécurité. En quelque sorte, son quiet quitting finance son activité de demain, » conclut Isabelle. Et Camille d’illustrer ses propos : « J’aime rêver d’un avenir meilleur. J’ai une passion pour le bois que j’adorerais développer. »

* Je réenchante ma vie professionnelle, Isabelle Pailleau, Stéphanie Léonard, éditions Eyrolles

Découvrir nos enseignes