«Nous croyons fermement au modèle entrepreneurial familial»

Johanny Grandclaude, co-gérante avec son mari Thibaud Grandclaude de l’agence Senior Compagnie à Metz.

Nombre de franchisés font le choix d’entreprendre en couple. Rencontre avec Johanny Grandclaude, cogérante avec son mari Thibaud Grandclaude de l’agence Senior Compagnie à Metz.


Je savais vers quel milieu je voulais m’orienter. Je travaillais depuis douze ans dans le service à la personne. J’ai souhaité me lancer avec un réseau de franchise car le milieu de la dépendance est très normé et réglementé. Se lancer seul est compliqué et dangereux : il faut un agrément pour ouvrir une agence et respecter le cahier des charges. La franchise représente une garantie car elle nous aide aux niveaux administratif et juridique.

Les fondateurs du réseau de services d’aide à domicile Senior Compagnie sont très humains et bienveillants et nous partageons la même vision. Lorsque l’on s’engage avec un réseau, il faut être sûr de soi, comme dans un couple pour un mariage. Avec Senior Compagnie, qui assiste et entoure les personnes âgées en perte d’autonomie ou les personnes en situation de handicap, ça a été un véritable coup de cœur.

D’abord, nous croyons fermement qu’un modèle entrepreneurial familial, où tout le monde se connaît, loin des plateformes, est important de nos jours. Nous avons toujours voulu avec mon mari créer une entreprise ensemble et travailler ensemble. Nous sommes très complémentaires dans la vie et professionnellement nous nous sommes dit que nous pouvions l’être aussi.

Nous nous sommes néanmoins posé mille et une questions pour ne pas que cela affecte notre couple. Thibaud, qui a travaillé pendant 15 ans chez SFR, a profité d’un plan de départ volontaire. Dans ce cadre, nous avons monté un dossier pour être accompagnés financièrement.

Pour réussir à préserver notre équilibre, nous avons dès le départ réparti les tâches et défini nos rôles respectifs selon nos compétences et nos envies. Nous avons chacun nos missions, même si nous restons interchangeables : c’est notre entreprise à tous les deux et nous sommes en permanence dans l’entraide. Il faut faire attention à plusieurs choses, notamment que son mari ne devienne pas son collègue et le dissocier de son rôle de cogérant en s’imposant des moments de couple hors de l’entreprise que l’on met au planning pour ne pas y déroger.

Enfin, s’entourer est rassurant et fait du bien. Depuis peu, je fais partie du réseau de femmes entrepreneures Bouge ta boîte. Avoir des gens autres que son conjoint qui vit finalement la même chose que vous pour nous écouter et nous épauler est important. Mieux vaut rester un individu à part entière pour l’équilibre du couple et avoir chacun son réseau et ses activités. Pour protéger notre patrimoine familial, nous nous sommes entourés de la CCI et d’un expert-comptable qui nous ont conseillés sur le choix de la structure juridique en fonction de notre statut marital.

En un an et demi — nous avons ouvert officiellement l’agence en mai 2022 –, nous n’avons pas encore tout à fait trouvé cet équilibre. Il nous reste du chemin à parcourir. La première année, qui demande le plus de travail et d’investissement personnel, gérer les deux paraissait impossible. Nous étions sous l’eau, travaillant 70 heures par semaine. Ensuite, nous avons dû faire face à une croissance très forte et très rapide avec beaucoup de demandes.

Au démarrage, scinder vie personnelle et professionnelle n’a pas été possible. Nos deux enfants de 3 et 9 ans venaient souvent avec nous à l’agence. Depuis six mois, nous avons défini une gestion au quotidien et mis en place une organisation pour tendre vers cet équilibre, notamment grâce au recrutement d’une coordinatrice à temps plein.

C’est un sujet difficile car je ressens pour ma part une culpabilité permanente. Je suis toujours sur un fil où je veux à la fois en faire assez pour l’entreprise et assez pour mes enfants. J’ai toujours admiré les working girls. En même temps j’ai toujours rêvé d’être maman. J’avais une peur bleue de ne pas être suffisamment présente : je ne voulais pas qu’ils aient des parents fantômes qui ne seraient là que pour le bisou du soir. La clé repose sur l’organisation. Il faut définir son rôle de maman, ses priorités, mettre en place des actions pour les atteindre et se faire aider. Mes enfants sont ma priorité et sont intégrés à notre projet.

Dès le départ, nous avons par exemple décidé de fermer l’agence le week-end. L’avantage d’être en couple est de pouvoir s’organiser dans notre emploi du temps pour que l’un de nous soit toujours présent pour nos enfants et puisse compenser l’absence de l’autre. Nous alternons un mercredi sur deux pour être avec nos enfants et un week-end par mois pour les astreintes. Si l’un de nos enfants est malade, l’autre assumera une double charge de travail.

Le plus important est de définir son objectif personnel, ce que l’on souhaite pour préserver sa qualité de vie et articuler sa vie professionnelle en fonction. La priorité que nous nous sommes fixée est de passer plus de temps, et du temps de qualité, avec nos enfants, que lorsque nous étions salariés. Ma plus grosse erreur a été de donner tout mon temps d’un côté à mon entreprise pour la faire grandir et de l’autre à nos enfants. Résultat, nous n’avions plus de temps pour nous en tant qu’individus.

Il faut s’accorder de vrais moments pour soi et ne pas attendre que l’occasion se présente, car l’opportunité ne se présentera pas toute seule. Depuis peu, mon mari refait du football et moi du sport ou des sorties avec des amis. Enfin, s’accorder des vacances, même quelques jours dans l’année, permet de revenir remontée, avec plein d’idées et de volonté.

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