Multi et pluri-franchise : des concepts attractifs mais complexes

Quelques dés pour illustrer le concept de multi ou de pluri franchise.

Laurent Delafontaine, associé-fondateur d’Axe Réseaux rappelle les règles à suivre à ceux qui sont tentés par ce type de structures.


Pour un franchisé, multiplier les points de vente est toujours tenant. Mais attention, met en garde Laurent Delafontaine, il faut pour y parvenir disposer de fortes capacités managériales.

Les concepts de pluri-franchise et de multi-franchise ont le vent en poupe. Comment l’expliquez-vous ?

Laurent Delafontaine : Pour que les choses soient claires, rappelons en premier lieu que la multi-franchise concerne un entrepreneur propriétaire de plusieurs unités d’une unique enseigne alors que la pluri-franchise fait référence à un franchisé se trouvant à la tête de plusieurs magasins liées à différents réseaux. Qu’il soit multi ou pluri-franchisé, ce type de partenaire est attractif pour les enseignes. Habitué des réseaux, il est perçu comme un professionnel de la franchise.

Quel est le principal avantage de se retrouver à la tête d’une pluri-franchise ?

Laurent Delafontaine : Cela permet de diversifier ses activités et donc de gagner en rentabilité et en valorisation, mais aussi d’optimiser certains coûts. Cela permet aussi de faire face aux imprévus d’une activité, de lisser les effets de mode, de s’adapter à la clientèle en proposant plusieurs offres… Ainsi, le pluri-franchisé en restauration est-il en mesure de constituer de petits empires grâce à l’exploitation de différents concepts, allant de la restauration rapide à l’américaine à la cuisine exotique en passant par la boulangerie à la française. Cette formule requiert toutefois des moyens humains et financiers importants et peut présenter des contraintes en termes de cohérence du portefeuille de marques.

Quels conseils donneriez-vous à une personne souhaitant devenir un multi-franchisé ?

Laurent Delafontaine : De rester prudent. En effet, un excellent franchisé peut s’avérer incapable de gérer plusieurs points de vente et ainsi placer l’ensemble de la structure en difficulté. Avant de se lancer dans l’aventure, il faut parfaitement maîtriser son premier magasin, posséder de solides relais managériaux dans les autres boutiques et disposer d’une organisation pérenne et stabilisée. Il est également vivement recommandé de ne pas résider à plus de 30 minutes de chacun des points de vente et de se limiter à quatre magasins, ce qui permet de les visiter chacun au moins une fois par semaine. Ce n’est pas tout. Avec sa banque, le multi-franchisé doit pouvoir, en amont, négocier un possible découvert lié aux investissements et aux charges auxquelles il aura à faire face, le temps que l’exploitation se stabilise. La négociation avec le franchiseur, par ailleurs, va se concentrer sur la zone géographique d’exclusivité qui se doit d’être la plus large possible pour le franchisé.

Que se passe-t-il quand un multi-franchisé devient un pluri-franchisé ?

Laurent Delafontaine : Dans ce cas de figure, il devra rassurer chaque enseigne quant à son implication et à son intégrité. Il devra aussi bien isoler juridiquement les entreprises et la gestion du personnel. Cela peut constituer une obligation imposée par le franchiseur, mais il y va aussi de son intérêt bien compris : en cas de difficulté, c’est pour lui l’assurance de limiter le risque de contagion d’une enseigne vers l’autre. 

Votre conclusion ? 

Laurent Delafontaine : La multi ou pluri-franchise sont des concepts attractifs, mais complexes à adopter. Ces démarches se construisent souvent dans le temps en fonction du profil et des résultats de l’entrepreneur.

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