Réalité virtuelle : le bon timing pour se lancer ?

un casque de VR pour illustrer les usages de la réalité virtuelle

La réalité virtuelle est une technologie qui n’est pas réservée au secteur du loisir et des jeux vidéo. Elle offre aux enseignes d’indéniables avantages : précision inégalée, projection dans l’achat, etc. Elle présente également d’indubitables inconvénients : process de vente plus long, bugs, etc. 


Explications au travers des différents usages de la réalité virtuelle (VR ou virtual reality) dans les réseaux de franchise.

Valoriser le savoir-faire de l’enseigne

Depuis juin dernier, près de 250 magasins du réseau Krys proposent de suivre et mesurer les capacités visuelles d’un client en étudiant son comportement à l’aide d’un casque de réalité virtuelle (VR), un applicatif co-conçu par l’enseigne et Eyesoft.

« Conscience de l’environnement périphérique ou central, sensibilité au flou ou encore mesure de la convergence dynamique sont ainsi testés.

En s’adaptant aux réactions physiques du client, captées précisément par eye tracker, on personnalise les verres au plus près de ses besoins. Cet outil permet de limiter les biais liés au praticien ou à la variabilité des conditions d’exécution du test dans les méthodes traditionnelles.

Les retours de nos clients sont positifs et la prise en main de l’outil par les adhérents Krys, grâce à la documentation et au e-learning, est aisée. Notre principal frein au déploiement réside dans le changement d’habitudes nécessaire pour permettre cette prise de mesure scientifique en immersion. Celle-ci ne prend certes que quelques minutes supplémentaires, mais peut perturber la gestion des moments de rush.

Cependant, le bien-être visuel du client étant amélioré, ce procédé limite les retours en magasin des verres spécifiquement fabriqués et donc le service après-vente », explique Sylvain Pierson, directeur Stratégie, Innovation et RSE chez Krys.

Projeter le consommateur dans son futur projet

Chez Mobalpa, la réalité augmentée s’inscrit dans la volonté de vouloir délivrer, « une expérience de type classe affaire » pour tous leurs clients.

« Au sein de notre concept Capteur, contraction de « capter le consommateur », nous avons placé l’outil de réalité virtuelle, initié en 2017, dans un espace dédié à une expérience immersive ou intégré dans le concept Appartement du magasin. Cette approche permet d’appréhender véritablement la surface du plan de travail, l’usage ou la hauteur des meubles du projet du client. 

Elle diffère, tout en étant complémentaire, de la vue 3D photoréaliste proposée dans toute la profession, étant certes mieux travaillée dans sa présentation, mais sans possibilité de se déplacer dans la cuisine ou de saisir des poignées au cours d’une visite virtuelle.

Utiliser la réalité virtuelle rend le projet du consommateur concret et inspirant. Elle est généralement utilisée lors du second rendez-vous, et parfois dès le premier échange, au titre de démonstration ou teasing sur le projet d’un autre client. Elle apparaît plutôt comme une source d’émerveillement ou de grande curiosité pour la majorité de notre clientèle, avec un usage plus banalisé de l’univers virtuel pour les jeunes générations », souligne Frédéric Bocquet, Responsable Marketing Opérationnel Mobalpa.

Si l’arrivée, promise fin 2024 en Europe, de l’ordinateur spatial d’Apple, pourrait démultiplier son potentiel, la réalité virtuelle possède des contraintes surtout matérielles.

« Le coût du casque VR est important et nécessite un renouvellement de matériel régulier, car la technologie ne cesse d’évoluer. Nous sommes en réflexion pour une solution durable et pouvant bénéficier d’un support technique professionnel – et non : simplement grand public – en Europe.

La manipulation de l’outil reste un peu anxiogène pour nos vendeurs qui connaissent parfois des bugs de connexion avec le casque. Le vendeur peut vouloir s’affranchir de cette étape afin de ne pas s’alourdir d’une contrainte supplémentaire lors de sa vente.

De plus, l’ensemble du dispositif VR représente un coût supplémentaire pour nos franchisés.

Un obstacle potentiel identifié, suite à la Covid est la problématique de l’hygiène, qui doit être maintenue en permanence pour l’usage du casque, et donc le rejet potentiel de certains clients qui ne souhaitent pas prendre de risques à ce niveau », reconnaît Frédéric Bocquet.

Innover dans le bon timing

Faut-il toujours basculer de la 3D à la réalité virtuelle ? C’est une question que se pose Thibaut Chavrier, co-fondateur de Mobilaug.

« Aujourd’hui, nous proposons un rendu réaliste en 3D, d’une qualité photographique Premium, pour permettre à nos clients de se projeter dans leur futur logement. Cette mise en situation est fondamentale dans notre processus de vente pour provoquer un effet « Waouh ». 

Avec la réalité virtuelle, et par rapport aux montants investis par le client et au fait de toucher à son intimité, le risque de déception est à appréhender. Exemple : si la technologie se montre insuffisamment précise entre images virtuelles toujours non contractuelles et réalité du lieu après le chantier. Elle peut générer des frustrations à travers des différences de teinte, comme on l’a déjà constaté en 3D pour du carrelage, ou s’avérer trompeuse par ses jeux de lumière.

S’il reste important d’innover, encore faut-il le faire dans le bon timing avec les nouvelles technologies ! », souligne Thibaut Chavrier.

Gain de temps en conception

Marketing, commerce, merchandising… La technologie immersive en 3D possède pourtant bien des applications pour les marques, les franchises et les distributeurs de produits.

« La réalité virtuelle a par exemple servi pour Intermarché à partager, à distance, un concept de magasins en test avec ses adhérents issus de toute la France. Elle a ainsi permis de simuler de nouveaux rayons et de concevoir un parcours client différent avec les décideurs du réseau, tout en leur permettant de tester des cas d’usage en temps réel.

Cette opération immersive a fait gagner du temps sur la prise de décision, et a permis à l’enseigne de réaliser diverses économies : conception de prototype, déplacements des adhérents, tonnes de CO2 économisées. Même s’il manque certes l’usage de sens, comme le toucher et l’odorat », conclut Erwan Krotoff, cofondateur Retail-VR.

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