Franchise industrielle, le nouvel eldorado ?

Un cactus pour illustrer le nouvel eldorado de la franchise industrielle

Bien qu’encore peu développée dans l’hexagone, la franchise de production permet à un industriel de se développer en partageant les lourds investissements nécessaires, notamment dans une logique d’implantation à l’international.


Expert de l’univers de la franchise depuis de nombreuses années, Laurent Delafontaine, directeur cabinet d’Axe Réseaux en est persuadé : la franchise industrielle ou de production est une formule qui gagnerait à se développer dans l’hexagone. « Franchiser l’industrie semble un oxymore, puisque la vocation première des franchises est de rapprocher la production des zones de chalandise, pas de s’en charger » , affirme-t-il.

Qu’appelle-t-on une franchise de production ? 

« Dans ce cas de figure, le franchiseur met à la disposition d’un franchisé un savoir-faire de fabrication, une technologie, voire un système industriel. En contrepartie, la tête de réseau perçoit des droits d’acquisition et des royalties, tout en restant propriétaire de ses brevets et de sa marque » décrypte Laurent Delafontaine. 

Il cite, en exemple, le groupe Yoplait qui s’appuie sur un réseau de partenaires franchisés pour son développement international depuis les années 1970. Autres exemples, le géant Coca-Cola via son réseau d’embouteilleurs ou, encore, dans l’hexagone, les enseignes Théodore Lefevre (peintures industrielles) ou Yprema (bâtiment). 

Selon Julien Souffi, expert franchise chez Franchise Board, la franchise industrielle ne se distingue pas fondamentalement d’une franchise classique. » La seule différence réside dans le montant de l’investissement, dont l’essentiel est concentré sur l’outil de production et non sur la distribution, comme c’est classiquement le cas en franchise », explique l’expert qui a récemment accompagné le développement de l’enseigne Kanaliz, une franchise industrielle du groupe Suez.

Franchise industrielle : les avantages et les risques

« La franchise permet d’utiliser le financement d’une entreprise partenaire pour développer son concept. Lorsque les investissements industriels sont significatifs, il est pertinent de faire en sorte qu’ils soient portés par un franchisé, avec un partage équitable de la valeur à la clé » poursuit l’expert qui estime que cette stratégie permet par exemple de tirer parti rapidement d’une innovation industrielle, afin de la déployer avant la concurrence. Autre avantage du dispositif :  pouvoir amortir plus rapidement des frais de recherche et développement. 

Par ailleurs, dans le cas où la franchise industrielle est envisagée comme un outil d’expansion territoriale, le recours à un partenaire franchisé peut permettre de gérer les spécificités de l’environnement, comme par exemple les spécificités réglementaires d’un pays, en toute simplicité. « La franchise industrielle permet à l’industriel de se créer un nouveau centre de profit, en faisant faire plutôt qu’en faisant par lui-même, par exemple sur un territoire qu’il n’aurait de toute façon pas investi. C’est le cas de Kanaliz qui s’implante avec des unités qui ne seraient pas rentables à son échelle de groupe international, afin de mailler le territoire avec des indépendants sous enseigne » note Julien Souffi. 

Si, selon la Fédération Française de la Franchise (FFF), le nombre de franchises industrielles demeurent encore faibles en France (entre 1 à 2%), il semblerait que le frein à ce développement provienne d’un ticket d’entrée plus conséquent qu’une franchise de distribution ou de services. « Certains industriels hésitent à franchir le Rubicon car ils possèdent déjà des canaux de distribution et sont soucieux de ne pas diffuser leur savoir-faire, par crainte (légitime) de fuites voire de détournements… Ce risque leur paraît significatif en comparaison des bénéfices perçus futurs » analyse Laurent Delafontaine. 

Il insiste toutefois sur les vertus de ce dispositif dans le cadre d’une contribution à la réindustrialisation en France, soutenue par les pouvoirs publics et notamment à l’émergence et au développement d’ETI industrielles. « Pour les industriels, la franchise permet d’accélérer la diffusion de leurs produits à l’heure où la crise énergétique renchérit sévèrement les coûts de production. Le système de franchise permet de rassurer les marchés et de potentiels investisseurs et partenaires dans l’optique d’une levée de fond par exemple » vante Laurent Delafontaine. 

« Si la démarche de franchise de production peut sembler pertinente, attention toutefois aux risques bien réels de violation de la propriété industrielle car les savoir-faire et les éléments techniques dans ce secteur sont bien plus sophistiqués qu’en matière commerciale», prévient Anne-Marie Moins, directrice développement et animation de la Fédération Française de la Franchise. On n’est jamais trop prudent !

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